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Joe Beef, premier restaurant au Québec à percer le Top 100 San Pellegrino (ENTREVUE)

Joe Beef parmi les 100 meilleurs restaurants au monde (ENTREVUE)
PC

La liste «The World's 50 Best», communément appelée "la liste San Pellegrino", a dévoilé les postions 50 à 100 des meilleurs restaurants du monde pour l'année 2015. Et pour la première fois de l'histoire de ce palmarès respecté, un restaurant québécois en fait partie.

Joe Beef, le célèbre bistro de la Petite Bourgogne, se retrouve à la position 81.

«Ouais, c'est correct!, s'exclame David McMillan. C'est sûr que c'est un honneur.» Frederic Morin abonde dans le même sens: «C'est flatteur, ça récompense le bon travail.» Ensemble, messieurs McMillan et Morin sont copropriétaires et co-chefs du restaurant.

C'est une bonne tape dans le dos, et la vie continue. Pour illustrer ce point, M. McMillan fait une comparaison : «Si un ébéniste, qui fait son travail depuis des années, devient un très bon ébéniste, et reçoit une mention de la société des ébénistes pour son bon travail, cet ébéniste n'a qu'une seule certitude : il va couper du bois demain. C'est la même chose pour nous : on a des clients à recevoir, ce soir.»

«La preuve est dans le pouding» - M. Morin

Le restaurant fait un peu office de mouton noir dans ce palmarès de haute cuisine très exhaussée et très classique.

«Dans la liste, on est probablement le restaurant le plus "bistro". Les autres membres du palmarès font de la cuisine de très haute gamme, très soignée», souligne M. McMillan. C'est donc un peu une surprise de voir ce restaurant montréalais dans la liste.

Mais c'est peut-être aussi un bon signe de voir les juges de ce prestigieux classement varier leurs choix, selon M. McMillan. «La nappe, le verre, le lieu... c'est souvent cosmétique. C'est parfois du maquillage. Si je fais un flétan aux morilles et aux asperges, c'est le même flétan qui se retrouve dans l'assiette du restaurant plus soigné. Si je fais bien mes achats, je vais avoir les meilleures morilles, asperges, flétan du Québec.»

Même son de cloche du côté de M. Morin : «La preuve est dans le pouding! Les meilleurs restaurants à Montréal ont tous les mêmes fournisseurs. Les produits sont identiques. La cuisine, ça se mange par la bouche.»

«Ils ont peut-être vu que la nappe blanche et tout le maquillage, ça ne fait pas vraiment partie de nos valeurs, à nous, ici», renchérit M. McMillan. «Ce qui compte, c'est ce qu'il y a dans l'assiette et dans le verre.»

Seuls à Montréal

Joe Beef est le premier restaurant au Québec tant qu'à Montréal à faire partie d'une telle liste, et cet honneur n'échappe pas aux deux comparses. «C'est drôle à dire, mais Joe Beef est plus connu à l'extérieur du Québec qu'il l'est à l'intérieur, de dire M. McMillan. Peut-être entre autres à cause du succès du livre (de recettes, The Art of Living According to Joe Beef) et des émissions tournées avec Anthony Bourdain (Parts Unknown à CNN), le restaurant est connu dans le monde. On a plusieurs Américains, Européens, Asiatiques.»

«Il y a beaucoup de gens à Montréal, au Québec, au Canada, qui mériteraient d'être sur cette liste-là», selon M. Morin.

M. McMillan rigole et affirme se sentir seul au sommet. «J'aimerais que mes amis viennent me rejoindre! Il y a d'excellents cuisiniers, à Montréal. Le Pied de Cochon, l'Hôtel Hermann, le Saint-Urbain, la Maison Publique, Toqué!, on se sent tout seul! Je préfère être avec ma gang! Leméac, l'Express, Pullman, Rouge Gorge!», énumère-t-il.

«La Cabane à sucre du Pied de cochon, c'est un truc qui existe nulle part au monde, qui mérite d'être dans la liste», d'ajouter M. Morin.

De l'aide de Tourisme Québec, de la Ville

Les touristes, souvent, ne semblent pas au courant que Montréal est une Mecque de gastronomie, et MM. Morin et McMillan s'en étonnent.

«Montréal, c'est la seule place en Amérique du Nord où on mange aussi bien, qu'on boit aussi bien», explique, convaincu, M. McMillan. «Certains restaurant qui performent moins en anglais, ou dans le monde anglophone, se retrouvent un peu à l'écart. J'aimerais que les gens qui visitent Montréal réalisent qu'on a une cuisine exceptionnelle.»

«En ce moment, les États-Unis, c'est un marché incroyable pour la restauration pour tout le monde au Québec, en fonction du dollar et de la proximité», souligne M. Morin. «Cette nomination nous permet d'aller rejoindre des gens partout aux États-Unis et en Europe. Cette nomination donne un bon coup de main, c'est certain.»

Et puisque le tourisme est en déficit et en déclin au Québec, devoir attendre une telle nomination pour enfin avoir un coup de main en publicité étonne. «Si je souhaite une chose, c'est que les gouvernements municipaux et provinciaux réalisent que la restauration est devenue un attrait touristique. Plutôt de mettre des bâtons dans les roues des restaurateurs... ils devraient nous aider», propose, solennel, M. Morin.

Rarement au Canada

Le Canada fait un retour dans le palmarès San Pellegrino, mentionnant un restaurant dans le Top 100 pour la première fois depuis 2010. Cette année-là on retrouvait à la position 77 le Langdon Hall, un resto de Cambridge en Ontario, et le Rouge de Calgary à l'échelon 60.

Avant de retrouver d'autres restos canadiens au palmarès, il faut reculer jusqu'à 2002 pour y trouver Eigensinn Farm (#9) et Susur (#49), tous deux de Toronto. Susur a fermé ses portes en 2008.

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