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«Les 5 prochains» : Fred Dubé, le rebelle

«Les 5 prochains» : Fred Dubé, le rebelle
Courtoisie ARTV

«Mettre en danger l’ordre du monde», «défoncer l’hymen du statu quo», «écrire avec une brique dans les veines» : le verbe de Fred Dubé déroute, surprend et rafraîchit à la fois. La langue de bois, le gag propret, très peu pour le jeune trentenaire, qui s’imposera probablement comme le rebelle de la cuvée des 5 prochains, à ARTV. Quand culture, engagement, authenticité, vérité, indignation et ironie se côtoient : faites connaissance avec Fred Dubé.

Fred, quel âge as-tu?

«31 ans»

Décris-nous ton parcours en humour.

«J’ai quitté Rimouski en 2003, j’ai étudié deux ans à l’École nationale de l’humour, d’où j’ai été diplômé en 2005. Je suis ensuite retourné à Rimouski trois ans, j’ai voyagé six mois à travers le monde, et je suis de retour à Montréal depuis 2009, où je fais de l’humour à temps plein : tournée des bars, petites salles de spectacles, Comédie Club du Grand Rire, Mercredis Juste pour rire, Un gars le soir et Brassard en direct d’aujourd’hui à la télé. Je suis présentement en train d’écrire ma quatrième heure de spectacle en quatre ans, qui va s’appeler Radical Pouding, entre autres pour le Zoofest.» (NDLR : Ses précédents spectacles s’intitulaient L’ignorance fait plus de victimes que le cancer, Terroriste blanc d’Amérique et Un long poème qui pue des pieds).

Comment définis-tu ton style?

«J’essaie d’avoir un humour radical. J’ai toujours été un petit baveux. Je suis baveux envers ceux qui ont le pouvoir. J’essaie de faire la promotion d’idées progressistes. Dans mes textes, j’espère donner une voix à ceux qui n’en ont pas, à ceux qui n’ont pas accès à un micro. Tout ça dans le but de dépasser les limites. Chaque fois que j’écris un texte, je veux aller là où les autres n’ont pas été, je veux choquer, surprendre et, par ma parole, mettre en danger l’ordre du monde.»

D’où te vient ce côté très engagé?

«Je l’ai toujours eu en moi. Les flammes ne déclarent jamais forfait. À un moment donné, tu t’informes, tu lis… Ç’a vraiment pris naissance, je crois, en 2012, avec le printemps étudiant. Cette jeunesse m’a grandement inspiré et m’a montré à quel point c’était artistiquement intéressant de défoncer l’hymen du statu quo.»

Qui sont tes principales influences?

«Michel Chartrand a été une grande influence pour moi. Aux États-Unis, George Carlin et Bill Hicks. Aussi, dans le côté ironique, Richard Martineau, Radio X… Eux pensent exactement l’opposé de ce que je pense, tout le temps. Ils sont comme Yvon Deschamps, mais sans l’ironie. En fait, c’est de la double ironie. Ils disent le contraire de ce qu’ils ne pensent pas! Ils sont en avance sur leur temps (rires).»

Dans Les 5 prochains, tu exprimes des réserves face à Juste pour rire. Est-ce que tu boycottes l’organisation, le festival?

«Je ne dis pas que je ne veux pas le faire. Ce n’est pas comme faire de la publicité ; faire une pub de McDonalds ou de Coke, ça, je ne le ferais pas. Juste pour rire, je pourrais le faire, mais je ne veux pas me mettre ça en tête, que ça devienne aliénant et que toutes mes décisions artistiques soient prises dans le but d’y participer. Moi, je crée, et si une rencontre a lieu, ça me fera plaisir d’y aller, mais je ne veux pas faire tous les compromis du monde pour passer à Juste pour rire.»

Tu n’es donc pas prêt à tout pour te faire connaître et rallier un large public…

«Je suis prêt à faire des compromis, mais pas n’importe quoi. Évidemment, je vis en société ; donc, comme tout bon citoyen, je dois mettre de l’eau dans mon vin, et je n’ai pas de problème avec ça. Sauf qu’à un moment donné, on met tellement d’eau qu’il n’y a plus d’alcool, et on boit du Ménage à Trois. Ça, on ne veut pas ça. Il y a de l’arsenic dedans! (rires)»

Es-tu plus à l’aise dans l’écriture, sur scène ou devant la caméra? Quel est le créneau où tu te sens le plus à l’aise?

«À la base, c’est l’écriture et la scène. La télé, c’est très agréable, mais c’est une autre vision. Il y a plus de censure, c’est plus éphémère, et c’est plus payant. La scène, tu as plus de liberté, c’est plus difficile d’attirer les gens, mais on n’y fait aucun compromis. Moi, je n’en fais aucun.»

Que représente Les 5 prochains pour toi?

«Ça représente un beau moment pour intellectualiser notre démarche artistique et notre vision de l’humour. Pour une fois, on a beaucoup de temps pour témoigner de notre vision de cet art, de notre approche. Tous les cinq, on n’est pas si différents, mais complémentaires. Toutes les démarches se valent, mais aujourd’hui, en humour, certaines branches sont plus représentées que d’autres. Dans la série, on a un bel éventail de nos choix de carrière, de nos styles d’écriture, de nos raisons d’écrire et de monter sur scène.»

Qu’allons-nous découvrir de toi dans la série?

«Mon côté très cabotin, et mon côté très indigné. Pour moi, c’est complémentaire ; juste un ou l’autre, selon ma démarche à moi, ça ne serait pas assez. Il y a toujours cet amalgame, ce côté où j’écris avec une brique dans les veines, mais avec une diva cup sur la tête.»

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