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L'immigration anglophone pas perçue «à sa juste valeur» au Québec, selon Graham Fraser

L'immigration anglophone pas perçue «à sa juste valeur» au Québec

Le Québec reconnaît-il pleinement l'apport de ses immigrants anglophones, et, plus largement, des Québécois anglophones? Le commissaire aux langues officielles souhaite ouvrir le débat.

Dans son rapport annuel déposé jeudi à Ottawa, Graham Fraser soutient que "la contribution des Québécois d'expression anglaise et des immigrants anglophones n'est pas toujours perçue à sa juste valeur" au sein de la société québécoise.

"Souvent, la contribution des anglophones au Québec est moins valorisée par la majorité. (...) On continue d'avoir des souvenirs d'une époque révolue qui domine le discours public", a-t-il plaidé en conférence de presse.

"Moi, je crois que la communauté anglophone ne représente pas une menace pour la majorité française au Québec, et je pense qu'elle représente un appui important pour le Québec. Et ce rôle d'appui devrait être reconnu", a poursuivi le commissaire.

Son rapport précise que "le Québec compte 2,2 fois plus d'entrepreneurs anglophones que francophones" et que "cinq des dix principales découvertes scientifiques québécoises en 2013 sont attribuables à des chercheurs qui ont l'anglais comme première langue officielle parlée".

Malgré cela, l'État québécois ne fournit pas les ressources nécessaires aux organismes capables d'offrir un soutien de qualité aux immigrants qui s'expriment dans la langue de Shakespeare, estime le commissaire.

Il recommande ainsi au ministère fédéral de la Citoyenneté et de l'Immigration d'établir clairement des mesures qu'il entend prendre pour "favoriser la vitalité des communautés anglophones du Québec par l'entremise de l'immigration".

Car "trop d'anglophones quittent chaque année le Québec pour s'établir ailleurs au Canada ou à l'étranger", est-il écrit dans le rapport.

Le commissaire Fraser, qui a vécu une dizaine d'années au Québec, espère que son rapport suscitera un débat informé dans les chaumières.

"Je pense que la discussion est utile. Si je lance ce sujet pour des discussions basées sur des faits et non pas sur des impressions, c'est une contribution au discours public au Québec", a-t-il fait valoir.

Il se défend toutefois de vouloir empiéter sur le champ de compétence du Québec en matière d'immigration.

"Ce n'est pas au fédéral de fixer des cibles d'immigration au Québec. Le Québec a l'autonomie complète vis-à-vis des cibles d'immigration", a-t-il affirmé.

Et puisque "le rôle du fédéral est un rôle assez indirect, je pense que les recommandations respectent pleinement l'autonomie du Québec en matière d'immigration", a poursuivi M. Fraser, qui signait jeudi un neuvième et avant-dernier rapport.

Le chef du Bloc québécois, Mario Beaulieu, est en désaccord total avec cette section du document.

"Je pense qu'au contraire, la minorité anglophone au Québec est très bien perçue et bénéficie de privilèges", a-t-il affirmé en mêlée de presse à Ottawa, peu après la présentation du commissaire.

"Je trouve (ce) rapport déplorable. Il propose de renforcer l'immigration anglophone alors que c'est le français qui est menacé au Québec", a lâché le chef bloquiste.

Selon M. Beaulieu, le commissaire tente d'influencer les décisions qu'a le pouvoir de prendre le gouvernement provincial en matière d'immigration.

Immigration francophone

De manière générale, le portrait brossé en ce qui a trait à l'immigration francophone minoritaire est le même dans le rapport, qui a été déposé quelques mois plus tôt que prévu en raison des élections prévues en octobre prochain.

M. Fraser note que les organismes d'aide aux immigrants mis en place dans les provinces ou territoires n'informent pas toujours les immigrants parlant le français qu'ils pourraient s'intégrer à une communauté francophone et recevoir des services dans leur langue.

Il y a un mois, la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) avait lancé un cri d'alarme pour dénoncer le manque de mesures gouvernementales visant à appuyer cette catégorie de nouveaux arrivants.

"La balle est clairement dans le camp du gouvernement fédéral. On ne peut pas continuer à accueillir moins de deux pour cent d'immigrants francophones par année à l'extérieur du Québec", a déclaré la présidente de la FCFA, Marie-France Kenny.

Car "si on poursuit sur cette voie, on se dirige vers un désastre démographique pour la francophonie ", a-t-elle prévenu.

Air Canada toujours délinquant

On trouve également dans le rapport une analyse et un suivi des plaintes adressées au Commissariat aux langues officielles.

Encore une fois, Air Canada fait mauvaise figure au chapitre du respect de ses obligations linguistiques en vertu de la loi.

Car en plus de n'avoir mis en oeuvre de façon satisfaisante qu'une seule des 12 recommandations formulées par le commissaire en 2010, le transporteur aérien en a carrément ignoré cinq, est-il écrit dans le document.

"Résultat: les problèmes qui ont été cernés en 2010 persistent encore aujourd'hui", résume-t-on dans le rapport.

Le commissaire Fraser n'a pas voulu en rajouter une couche lors de sa conférence de presse, se contentant de souligner qu'il existait toujours "des désaccords importants" entre Air Canada et le chien de garde du bilinguisme au pays.

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