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Ces femmes qui aiment tirer (PHOTOS)

Ces femmes qui aiment tirer (PHOTOS)

Une nouvelle entreprise montréalaise a invité les femmes à tirer à la carabine à plombs gratuitement samedi. Dès l'ouverture, toutes les places ont été comblées pour la journée. Qui sont ces femmes qui aiment manier des armes?

Texte et photos de Marie-Ève Maheu

Sur la centaine de femmes présentes, la majorité n'avait jamais touché à une arme. « C'est sur ma liste de choses à faire avant de mourir, d'avoir la sensation de tenir un fusil entre mes mains », dit Helen Gitaz, début quarantaine.

Au centre Tir du soleil, situé dans l'arrondissement de Notre-Dame-de-Grâce, pas besoin de permis pour tirer, parce que les armes sont à air comprimé. Rien toutefois pour enlever le plaisir des femmes et des adolescentes qui les manient.

En contrôle

« Je me sens bad ass », lance Sereney Demir à ses deux amies, après avoir tiré quelques coups. « C'est puissant pour une femme comme moi, parce que ça ne me ressemble pas vraiment », explique-t-elle.

« On se sent en pouvoir quand on a ça dans nos mains », dit à son tour Vita Yablonsky, qui voulait essayer depuis un certain temps.

Karine-Sandra Peters a amené son adolescente, qui adore les jeux vidéo et qui songe à devenir policière. La mère s'est laissé prendre au jeu. « C'était vraiment le fun! Je suis hyper compétitive. Je voulais atteindre toutes les cibles. Pendant ce temps, on ne pense pas à la vaisselle, au travail. On est dans le moment. »

Pour Nikita Dikaya, 13 ans, ce n'était pas la première fois. Elle estime que le tir a changé sa vie. « Avant, j'étais toujours chez moi, toute fermée. Puis, j'ai vraiment senti le fusil dans mes mains en train de tirer la cible. Mon caractère a changé. J'étais timide, maintenant je ris fort. »

« J'aime ça les fusils, l'action. Quand tu tires, tu te sens comme dans une mission. »

— Nikita Dikaya, 13 ans

La popularité du samedi gratuit pour les dames a surpris le propriétaire, qui a dû refuser de nombreuses femmes. Elles pourront toutefois se reprendre le week-end prochain.

« La curiosité, c'est ça qui augmente la popularité, croit l'instructeur Mark Kaplan. Si on était dans un pays où les gens sont habitués de tirer, je pense que l'intérêt serait moins grand. »

Fusils et sexe

Les femmes représentent déjà 40 % de la clientèle du centre de tir.

« J'ai déjà eu une fille de 8 ans. J'ai même eu une madame de 70 ans », dit Mark Kaplan. Mais l'établissement veut en attirer davantage. « Le but, c'est qu'elles n'aient pas peur, ajoute l'instructeur. On veut leur dire que ça peut détendre, ça peut enlever le stress. »

Les femmes rencontrées sont unanimes : le tir n'a rien d'une activité réservée aux hommes. « Je ne vois pas en quoi le tir est plus genré que le basketball par exemple », dit Stéphanie Vallières. « Pour moi, c'est un jeu », ajoute la Montréalaise.

Tabou

Stéphanie Vallières a hésité à accepter de se faire prendre en photo, consciente d'un certain tabou qui existe au Québec. « On le voit avec le registre des armes à feu, il y a une résistance au Québec qu'on n'a pas ailleurs au Canada ou aux États-Unis. Mais je suis tout à fait pour cette résistance-là. Je crois même qu'on n'est pas assez sévère. »

Pour sa part, elle ne toucherait jamais à un vrai fusil.

Selon le propriétaire du centre de tir, Lev Chif, il y a beaucoup de préjugés par rapport au tir. Son entreprise n'a que six mois. « Quand j'ai ouvert, j'ai demandé à la Fédération québécoise de tir pourquoi il n'y avait pas de centres de tirs à armes à air au Québec? Ils m'ont dit que les Québécois ne sont pas... agressifs. Mais ça n'a rien à voir avec une agression. Tu viens ici pour enlever ton stress, tu as du plaisir. Mais il y a un stéréotype que tirer est une agression », déplore-t-il.

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