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«Sur scène, je peux incarner mes fantasmes» - Chilly Gonzales

«Sur scène, je peux incarner mes fantasmes» - Chilly Gonzales
Alexandre Isard

Le toujours étonnant Chilly Gonzales aime jouer avec les genres et les codes. Et ça fonctionne bien. Pour preuve, ses deux albums Solo Piano ont réussi à convaincre une mer de mélomanes quant à la possibilité d’incarner et de partager autrement la musique classique. En mars, « Gonzo » poursuivait l’expérimentation en offrant un autre beau disque intitulé Chambers, enregistré avec le Kaiser Quartett d’Hambourg. Rencontre avec le passionné pianiste canadien qui offrira trois concerts au Théâtre Outremont, les 25-26 et 28 avril.

Gonzales accorde une importance significative à l’époque romantique quand il se penche sur le processus créatif de Chambers. Le XIXe siècle a été en effet un terreau fertile pour le musicien. Au début de l’entretien, il évoque notamment cette montée de la musique instrumentale (par rapport à la musique vocale), qui s’est défaite, à l’époque, de certaines conventions. C’est particulièrement vrai pour le piano. Durant cette période fondamentale pour les arts, la musique de chambre, aussi, s’est développée.

«C’est même le début de la célébrité musicale, indique Gonzales. Les premiers virtuoses ont compris qu’ils pouvaient faire des concerts dans lesquels ils pouvaient jouer seuls. Ils ont construit leurs personnages. C’est le cas de [Niccolo] Paganini, au violon, et [Franz] Liszt, au piano. Ils ont inventé le concert construit autour d’un artiste. C’est tout le contraire avec Mozart, qui lui, était très loin de nous dans ce cas-ci. Avant les romantiques, le concept n’existait pas vraiment. Le XIXe siècle, c’est aussi le début de la mythologie du génie maudit, possédé par le diable !... »

Du romantisme à la pop

« Et aujourd’hui, on est toujours là-dedans, ajoute Gonzales. On magnifie, on crée des icônes avec certains artistes qui nous apparaissent comme de petits génies, qui sont un peu en avant, montrant le chemin. Je peux être en train de parler de Kanye West ou de Franz Liszt. C’est l’idée derrière mon morceau Myth Me, sur le dernier album. Je me demande ce qui pourrait advenir de moi si je n’avais plus besoin d’être engagé avec mon public. »

« J’ai trouvé plein de trucs intéressants dans le romantisme du XIXe siècle. Cette époque est celle où est née notre culture actuelle. Pour moi, la culture pop provient de cette idée que l’individu peut s’exprimer à travers la musique et dans un rapport intime avec un public […] Je ne suis pas un expert, précise-t-il. Je prends ce que je veux dans la musique. Je l’adapte ensuite à mon travail et mon "personnage".»

De toute évidence, Gonzales adore flirter avec les codes qui appartiennent à différents courants musicaux. Même le rap, style qui a marqué le début de sa carrière, est présent, quelque part (il cite les morceaux Switchcraft, Sample This et Freudian Slippers) sur son plus récent album. D’après lui, on y retrouve les mêmes tempos et les mêmes genres d’accords, excepté le gros beat.

La scène

« Certains disent que je fais de la musique classique. Et pourtant, pas vraiment. Je n’essaie pas de le faire en tout cas. C’est autre chose. On peut sentir la pop dans ma musique, je pense. J’essaie juste de rapprocher les gens différemment, dans un univers de genres qui finissent par se mélanger. J’aime croire que l’on peut transférer l’approche d’un style de musique à un autre. Et c’est sur scène que j’y arrive le mieux. C’est pour ça que je suis à Montréal, souligne l’homme qui vit maintenant à Cologne, en Allemagne. La scène est la raison fondamentale pour laquelle je fais de la musique…»

Depuis une quinzaine d’années, Chilly Gonzales offre de 70 à 100 concerts par année, dans plusieurs villes du monde. Selon ses dires, il propose rarement deux spectacles consécutivement dans la même cité. Or, il en donnera trois dans la métropole québécoise : « C’est différent. Je suis né ici. J’ai beaucoup d’amis. Je connais pas mal de monde. J’ai un rapport émotionnel très spécial avec la ville. Je profite aussi de mon passage (dix jours) pour faire de la musique avec d’autres artistes qui font partie de ma grande famille comme Tiga (DJ, compositeur et producteur) et mon ami Socalled (le musicien rappeur qui porte plusieurs chapeaux) ».

« Sur scène, je serai avec le quatuor Kaiser. Je vais présenter quelques morceaux de Chambers et plein d’autres pièces de mon répertoire. J’ai tout arrangé pour qu’elles puissent fonctionner avec les violons. Il y aura un peu de tout, même certains de mes vieux morceaux rap. Je fais des albums. C’est bien. Mais le show, pour moi, sera toujours plus important. C’est le vrai fil rouge de ma carrière. La scène me permet de créer une réelle intimité avec les gens. C’est là que j’arrive le mieux à partager ma vision de la musique. Disons que c’est en concert que je peux vraiment incarner mes fantasmes ! »

Sous étiquette Gentle Threat, Chambers est disponible depuis la fin mars.

Chilly Gonzales sera en spectacle avec le Kaiser Quartett au Théâtre Outremont de Montréal les 25-26 et 28 avril.

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