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Émouvantes retrouvailles chez Héma-Québec

Émouvantes retrouvailles chez Héma-Québec
Kim Chabot

Québec – C’est le genre de rencontre qu’on fait une seule fois. Invités à visiter les laboratoires d’Héma-Québec vendredi dernier, deux greffés ont fait la connaissance de ceux à qui ils doivent la vie ou la vue.

«Ici, il y a quelqu’un qui a prélevé trois cœurs qui ont servi à Danick et quelqu’un qui a prélevé une cornée pour Patrick». S’adressant à la quinzaine de collègues réunis pour l’occasion, Hugo Fournier souligne qu’il s’agit d’une première pour le secteur des tissus humains chez Héma-Québec.

«C’est la première fois qu’on fait ce genre de retrouvailles entre l’équipe et des receveurs. Ça donne un vrai sens à leur travail», atteste le directeur de l’exploitation des tissus humains. Habitués de «travailler avec le drame», les employés du laboratoire ont rarement «la chance de voir que ce drame devient une nouvelle vie, un héritage, un espoir», continue-t-il.

«C’est touchant pour nous autant que pour vous, parce que vous êtes le résultat du travail de toute l’équipe», lance l’un des employés du laboratoire.

Les tissus humains dont on fait la greffe sont la cornée, les valves cardiaques, les tissus musculo-squelettiques (tendons, os) et la peau.

Pour Patrick Beaupré, 19 ans, c’était d’autant plus touchant de «voir qu’il y a des gens qui prennent la vie des gens à cœur et qui mettent tout le talent et leur potentiel pour faire quelque chose de beau». Cinq ans plus tôt, Patrick a perdu la vue d’un œil après y avoir reçu de la poudre de ciment. «Le temps que je me rende à l’hôpital, le ciment avait figé», se souvient-il.

La rencontre a revêtu une dimension toute particulière pour le jeune homme au chapeau de cowboy. «Mon oncle Gilles travaille ici. Après ma greffe, il m’a dit que c’est lui qui avait prélevé ma cornée», témoigne-t-il.

Une semaine pour parler de don

La rencontre orchestrée par Héma-Québec s’inscrit dans le cadre de la Semaine nationale du don d’organes et de tissus humains, qui se termine dimanche. L’initiative, à laquelle participe également Transplant Québec, vise à sensibiliser la population à la cause.

«Plus il y a une grande diversité de dons et plus de personnes vont pouvoir être soignées. C’est pour ça que c’est très important de sensibiliser les gens à signer leur carte», insiste Danick Drolet, 18 ans. Né avec une malformation cardiaque, le jeune homme a dû se faire opérer trois fois, chaque valve greffée devant être remplacée au fil de sa croissance.

Au-delà du consentement toutefois, c’est la famille endeuillée qui a le dernier mot. Faire part de ses intentions auprès de ses proches est donc un enjeu majeur, rappelle Laurent-Paul Ménard, directeur des relations publiques chez Héma-Québec. «Les équipes de prélèvement constatent que la décision est beaucoup plus difficile à prendre pour les proches s’ils n’ont pas été avisés par le défunt.» Dans ce cas, «le taux de refus est beaucoup plus important», conclut-il. Lorsqu’ils ont été informés de la volonté du disparu, 90 % des proches sont en accord avec le don, soutient Hugo Fournier.

Quelques statistiques

» L’an dernier, 458 personnes ont reçu une greffe au Québec.

» En date du 31 décembre 2014, 1073 Québécois étaient en attente d’une greffe.

» Depuis 2011, le nombre de patients en attente d’une greffe de cornée a chuté de 61 % et le délai d’attente est passé de 5 ans à moins de 6 mois.

» Un donneur peut sauver jusqu’à 8 vies et améliorer la santé d’une vingtaine de personnes.

» Pour l’année 2014-2015, Héma-Québec a fourni 4 000 tissus à des hôpitaux, dont 20 % sont situés dans les autres provinces canadiennes. Cela fait de l’institution le plus grand fournisseur de tissus humains au pays.

Chiffres : Héma-Québec et Transplant Québec

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