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Uber à Montréal: la tension monte chez les chauffeurs

Uber à Montréal: la tension monte

La grogne prend de l'ampleur dans le monde du taxi. Les chauffeurs montréalais sont de plus en plus mécontents et s'organisent face à l'arrivée d'Uber dans leurs rangs, allant jusqu'à créer une escouade « anti-Uber ».

Un texte de Jean-Sébastien Cloutier

Jeudi après-midi dans le Vieux-Montréal, une escouade de chauffeurs de taxi est à la chasse. En utilisant l'application Uber, ils traquent leurs collègues qui, pour faire plus d'argent, travaillent aussi pour Uber de temps en temps. Selon eux, environ 200 taxis sur 4500 transportent des passagers pour Uber à Montréal.

On veut raisonner les chauffeurs. « Vous êtes en train de scier sur la branche où vous vous assoyez, vous leur apportez de la clientèle! », explique un des membres de l'escouade à Redha Hassani, qui vient d'être intercepté coin Saint-Laurent et Notre-Dame.

Le chauffeur répond que ce n'est pas de gaité de coeur qu'il arrondit ses fins de mois avec Uber.

« Je n'ai pas le choix, je dois faire survivre ma famille. Je viens d'acheter une maison pour le confort de mes enfants. Mais là, je nage! »

Redha Hassani, chauffeur de taxi et chauffeur pour Uber

Paradoxalement, Uber y est pour beaucoup dans cette période difficile que traversent les taxis montréalais. Comme tout le monde peut maintenant être chauffeur de taxi à ses heures, les taxis ont de moins en moins de clients.

« Plus ça va, pire c'est. On a perdu près de 30 % depuis que Uber a commencé et on veut que les chauffeurs de taxi arrêtent de travailler pour Uber Taxi [...] On a consacré ce mois-ci pour faire des escouades. »

Wilson Jean-Paul, représentant des propriétaires de taxis de Montréal

« J'ai beaucoup d'appuis des chauffeurs de taxi qui sont vraiment saturés. Ils sont rendus à un point explosif », explique le fondateur de l'Escouade de Taxi, Hassan Kattoua.

Devant l'ampleur de la crise, il a même décidé d'afficher sur sa voiture le visage du directeur général d'Uber à Montréal, recherché, écrit-il, pour activité illégale. Et il distribue l'affiche aux collègues.

ean-Nicolas Guillemette a fait le saut quand il s'est vu identifié comme un criminel. « Je vous mentirais si je vous disais que ça ne m'affecte pas. [...] C'est des menaces, c'est de l'intimidation. L'objectif, c'est de nous faire peur, ça ne fonctionnera pas », dit-il.

Selon lui, Uber connaît une croissance exceptionnelle à Montréal avec des dizaines de milliers de transports tous les mois. Les citoyens qui deviennent chauffeurs avec le service UberX sont, eux aussi, de plus en plus nombreux.

« Ce qu'on constate maintenant à Montréal, c'est que si on cumule toutes les heures qui sont faites sur la plateforme et qu'on les divise par 35 heures pour faire une semaine de travail normale, on est à plus de 500 chauffeurs partenaires d'UberX. Donc 500 emplois qui ont été créés à Montréal. »

Jean-Nicolas Guillemette, directeur général pour le Québec pour Uber

Face à une chute de ses clients, Redha Hassani a donc décidé, mercredi, de mettre son permis de taxi en vente. Un permis qu'il avait acheté plus de 200 000 $ en 2007, sans la voiture.

« Hier, je suis allé sur Kijiji. Il y a du monde qui le vend 178 000 avec voiture. Déjà, j'ai perdu plus de 30 000, sans compter les intérêts payés. »

Redha Hassani

Conscients des difficultés de l'industrie du taxi qui fait travailler plus de 11 000 personnes à Montréal, le maire Denis Coderre et le ministre des Transports Robert Poëti continuent de répéter qu'UberX est illégal et invitent le Bureau du taxi à saisir les véhicules des chauffeurs. Une opération qui n'est pas simple, d'autant plus que la police doit intervenir pour l'amende et la saisie.

À ce jour, une trentaine de véhicules Uber ont été remorqués depuis septembre à Montréal. L'amende, le remorquage et les frais s'élèvent à presque 1000 $, mais jusqu'ici, Uber dit avoir payé toutes les factures de ses chauffeurs.

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