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Conduite dangereuse causant 2 morts: 6 mois de prison pour Valérie Barry

Conduite dangereuse causant 2 morts: 6 mois de prison
Radio-Canada.ca

« Dans la nuit du 7 février 2010, mon monde s'est arrêté... », a dit Valérie Barry au tribunal, en sanglotant. Cette nuit-là, elle était au volant de sa voiture, elle conduisait trop vite et elle a perdu la maîtrise de son véhicule avant de faire une embardée, percuter un remblai et finir sa course contre un arbre. Deux passagers sont morts, les deux autres ont été blessés.

Un texte de Isabelle Richer

Valérie Barry est arrivée au palais de justice de Longueuil sachant qu'elle prendrait le chemin de la prison. Son avocate, Me Marie-Kettlyne Ruben et la procureure de la couronne, Me Nancy Delorme, avaient une suggestion commune de 6 mois de prison à faire à la juge Anne-Marie Jacques qui l'a acceptée tout en soulignant que cette peine pouvait sembler déraisonnable, à première vue. Des circonstances particulières justifient cependant l'imposition de cette peine, selon la cour.

Dans la nuit du 7 février 2010, Valérie Barry revient avec des amis d'une soirée dans un bar de St-Jean-sur-Richelieu. À Carignan, elle emprunte une route de campagne qu'elle ne connaît pas. Dans l'auto, l'ambiance est à la fête, la musique résonne et tout le monde est heureux.

Mais la conductrice dépasse la limite permise qui est de 50 km à l'heure dans cette zone. Elle roule à 90 km à l'heure. Lorsqu'elle se retrouve dans la voie inverse, Valérie Barry fait une manoeuvre pour redresser l'auto, mais elle perd le contrôle et s'écrase contre un arbre.

Yanik Boisvert-Dansereau, 24 ans, est éjecté de l'auto et il meurt sur le coup. Sonia Webb-Benoit subit des blessures très graves et succombera quelques heures plus tard. Quant aux deux autres passagers, ils seront blessés, mais s'en tireront.

L'enquête dure plusieurs mois et ce n'est qu'en décembre 2010 que des accusations de conduite dangereuse sont déposées contre la jeune femme de 25 ans à l'époque.

L'affaire traîne devant les tribunaux, l'accusée est enceinte et donne naissance à une petite fille pendant les procédures, ce qui retarde le processus judiciaire.

Puis en mars 2015, à la veille de son procès, Valérie Barry choisit de régler son dossier et de plaider coupable aux accusations de conduite dangereuse causant la mort de deux personnes.

Remords

Ce matin, la jeune mère de famille, âgée maintenant de 30 ans, a longuement témoigné pour exprimer ses remords et exposer sa situation. Elle fait des crises d'anxiété, des cauchemars, elle a subi de l'intimidation, du harcèlement et même une agression physique.

L'événement de février 2010 la hante et la remplit de culpabilité. Effondrée, Valérie Barry s'est adressée aux parents et aux proches des victimes pour leur dire, entre deux sanglots, combien elle était désolée.

« Je m'en veux beaucoup, j'ai énormément de misère à vivre avec ça. C'est moi qui aurais dû mourir. Ce qui me tient en vie, a-t-elle dit au tribunal, c'est ma fille de 4 ans. »

Valérie Barry

Son père a ensuite pris la parole pour dire que sa fille n'était plus la même depuis l'accident. « Valérie est devenue insécure. Elle a perdu sa joie de vivre » a dit Richard Barry, la voix brisée. Il a offert ses condoléances sincères aux familles.

Puis la mère de Yanik Boisvert-Dansereau, Liette Boisvert, s'est elle aussi adressée au tribunal pour dire combien son fils, plein d'enthousiasme et de projets, lui manquait. « Un parent devrait être là pour épauler son enfant, le conseiller, l'accompagner. Un parent ne devrait jamais avoir à choisir un service funéraire pour son enfant », a dit Mme Boisvert, émue. Elle a ajouté qu'elle apprenait à reconstruire sa vie sans lui.

« Je ne tomberai pas dans la haine, ce n'est pas sain. Je ne souhaite qu'une chose, que tout le monde puisse faire son deuil. »

Liette Boisvert, mère de Yanik Boisvert-Dansereau

Suggestion commune

Les avocates de la défense et de la Couronne ont soumis au tribunal qu'une peine de 6 mois moins un jour serait suffisante surtout que cette peine est assortie de l'obligation d'effectuer 240 heures de travaux communautaires et d'une interdiction de conduire pendant 5 ans.

L'événement du 7 février 2010 est un crime qui dénote un manque de jugement, a fait valoir Me Delorme pour la poursuite.

Le seul élément de conduite dangereuse qu'on peut reprocher à Valérie Barry est la vitesse excessive. Elle n'a pas fait de course ni de dépassement, ni brûlé de feux de circulation. Il n'y avait pas de circulation, c'était la nuit et elle venait de quitter une zone de 70 km à l'heure. Il vaut mieux favoriser la réinsertion, a plaidé la procureure.

L'avocate de Valérie Barry a insisté sur le profil de la jeune femme, qui est mère d'une fillette de 4 ans et soutenue par sa famille et ses amis, et les conséquences de la tragédie de 2010 sur sa vie.

La juge s'est rangée à la suggestion des deux avocates en concluant qu'il s'agissait d'un événement extrêmement malheureux.

Vitesse et conduite dangereuse

Le dossier de Valérie Barry soulève toutefois des questions puisque de l'aveu même de la poursuite, seule la vitesse excessive était en cause dans l'événement. La jeune conductrice dépassait de 40 km la vitesse permise (90 km dans une zone de 50) au moment de l'accident.

Curieusement, dans le dossier de ce policier de la Sûreté du Québec qui effectuait une filature lorsqu'il a heurté une voiture en février 2014, à Longueuil causant la mort du petit Nicolas Thorne-Belance, le directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) avait jugé que la seule vitesse excessive n'était pas un motif suffisant pour porter des accusations de conduite dangereuse contre le policier. Selon l'enquête, le policier roulait à 122 km à l'heure dans une zone de 50 km.

Un comité indépendant révise d'ailleurs ce dossier et devrait déposer son rapport sous peu.

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