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Cardinal Turcotte: «un grand Montréalais qui transcendait la religion» - Denis Coderre (VIDÉO/PHOTOS)

«Un grand Montréalais qui transcendait la religion»

Les drapeaux de la Ville de Montréal seront placés en berne pour honorer la mémoire du cardinal Jean-Claude Turcotte, a indiqué le maire de Montréal, Denis Coderre, depuis la Corée du Sud où il se trouve en déplacement.

Le maire Coderre a confié, en entrevue à ICI RDI, que le cardinal Jean-Claude Turcotte lui avait suggéré de briguer la mairie de Montréal. « Je ne suis pas supposé te dire ça, mais « vas-y donc » », lui aurait dit le cardinal Turcotte au moment où le député du Parti libéral du Canada réfléchissait à la possibilité de faire le saut en politique municipale. M. Turcotte croyait que M. Coderre avait la personnalité et la proximité avec les gens pour occuper la fonction.

Jean-Claude Turcotte

Le maire Coderre soutient qu'au-delà de l'homme d'Église, le cardinal était un homme de bon conseil. « Ce n'est pas une affaire de religion nécessairement parce que Jean-Claude transcendait la religion », poursuit M. Coderre. « On pouvait parler de politique, on parlait souvent de développement social. »

« Jean-Claude, c'était un grand Montréalais, c'était quelqu'un qui transcendait la religion et c'était quelqu'un qui a vraiment fait beaucoup pour aider les gens à s'en sortir. »

Denis Coderre

« On a eu une longue discussion quand il y a eu la déconfessionnalisation des écoles », a notamment confié M. Coderre. « C'était quelqu'un d'extrêmement lucide, de très pragmatique, ce n'était pas un dogmatique. »

« C'était quelqu'un d'une très grande proximité même s'il était imposant et qu'il en imposait, a poursuivi le maire de Montréal. « C'était quelqu'un qui était extrêmement facile d'approche et les gens, naturellement, allaient vers lui. »

« C'était quelqu'un qui se souciait avant tout de l'autre et des plus démunis. Il avait toujours du temps à te consacrer. »

Denis Coderre

Le chef du Parti libéral du Canada, Justin Trudeau, s'est dit sous le choc bien qu'il le savait malade. La mort du cardinal Turcotte, qui avait présidé la cérémonie d'adieu de son père l'ancien premier ministre Pierre Elliot Trudeau, a visiblement ému le politicien.

Un souvenir de 1984

« C'était un homme d'exception, c'était un homme d'une grande simplicité malgré la tâche qu'il occupait et j'ai eu le plaisir de le côtoyer pendant plus de 20 ans », a déclaré l'ancien éditeur du journal La Presse Roger D. Landry qui était également un ami du cardinal Turcotte.

Qualifiant le cardinal Turcotte d'« homme d'action », M. Landry a organisé la visite du pape Jean-Paul II à Montréal, en 1984, en sa compagnie. Les deux hommes ont joint leurs efforts pour faire de la visite du pape un événement marquant. « Il y avait plus de 60 000 jeunes qui étaient au Stade [olympique], il y avait eu cette danse, cette démonstration faite par plus de 5000 jeunes, qui participaient à tout ça avec la chanson de Céline [Dion], qui est devenue fameuse », se rappelle M. Landry.

« J'ai beaucoup de peine parce que je vois plusieurs de mes amis qui quittent », poursuit M. Landry. « Vous savez quand on arrive à 81 ans, c'est normal de voir les gens qui nous quittent autour de nous, mais lorsque ce sont des gens d'exception, comme le cardinal Turcotte, ça fait toujours quelque chose. »

« C'était un homme du peuple », rappelle M. Landry en établissant une comparaison avec son prédécesseur, le cardinal Paul-Émile Léger.

Le Vatican salue « un pasteur zélé »

Le pape François a également réagi à la mort du cardinal Turcotte. Dans un télégramme, le pape a décrit le cardinal québécois comme un « pasteur zélé et attentif aux défis de l'Église », qui a « servi l'Église avec dévouement, non seulement dans son diocèse, mais aussi au niveau national comme président de la Conférence épiscopale du Canada, tout en étant un membre écouté de divers Dicastères Romains ».

Le pape a aussi relevé sa participation active au synode des évêques de 1994 sur « La vie consacrée et sa mission dans l'Église et dans le monde » et au synode de 1997 sur l'Amérique dont il a été « l'un des acteurs-clefs ».

L'archevêque de Montréal, Christian Lépine, témoigne du courage dont il a fait preuve à travers la maladie. « J'allais pour le réconforter et c'est lui qui me réconfortait », souligne Mgr Lépine au sujet de ses visites à l'hôpital. M. Lépine, comme tous ceux qui l'ont côtoyé, a souligné la simplicité et l'authenticité de l'homme d'Église.

Son leg pour l'Église catholique est à l'image de sa personnalité, selon M. Lépine, qui rappelle que le cardinal rappelait dans les moments difficiles qu'il fallait aller à l'essentiel. « La bonté, le partage et le pardon », constituaient l'essentiel pour le cardinal, selon Mgr Lépine. « C'est un flambeau à reprendre parce qu'on ne peut jamais cesser de parler de la bonté de Jésus, mais en même temps on ne peut cesser d'aimer les pauvres et d'être sensible à leur situation et de chercher des chemins de solidarité. »

« Ça souligne pour moi le passage du temps - 15 ans depuis que mon père est décédé - j'avais été tellement touché de l'appui de tout le monde à ce moment-là », a-t-il poursuivi.

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