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Pénurie de chocolat : fêterons-nous bientôt Pâques sans œufs en chocolat?

Fêterons-nous bientôt Pâques sans chocolat ?
Chocolate Bars Close up
Larisa Bozhikova via Getty Images
Chocolate Bars Close up

ALIMENTATION - Imaginer une fête de Pâques sans chocolat, quelle horreur. Pourtant, chaque année, la menace d'une pénurie de chocolat refait surface. Fragilité des exploitations de cacao, succès fulgurant du chocolat en Asie, prix de plus en plus élevés, va-t-on réellement manquer un jour de chocolat?

En 2010, The Independent lançait déjà l'alerte: "dans 20 ans, le chocolat sera comme le caviar. Il sera si rare et si cher que le citoyen lambda ne pourra tout simplement plus en acheter", déclarait alors John Mason, fondateur du Nature Conservation Research Council au Ghana. Janvier 2012, rebelote, Barry Callebaut, géant du chocolat, prévient que dans dix ans, "il [en] faudra 1 million de tonnes de plus qu'aujourd'hui pour couvrir les besoins de la planète. C'est à peu près ce que fournit la Côte d'Ivoire, le plus gros producteur mondial, ce qui signifie qu'il faudrait trouver une autre Côte d'Ivoire". Plus récemment, l'an dernier, c'était le Wall Street Journal qui apportait sa pierre au triste édifice: les prix du chocolat ne cesseront, selon lui, d'augmenter: "La demande pour cette friandise explose, surtout dans les marchés émergents où les consommateurs s'enrichissent. Et les fermiers du monde entier ont du mal à produire assez de cacao pour que le chocolat continue de couler à flots", pouvait-on lire.

L'Asie de plus en plus demandeuse de chocolat

Quels sont les différents arguments avancés? Il faut savoir, tout d'abord, que la demande asiatique se fait de plus en plus importante. Comme le rapportait le site Vox en février, l'Indonésie et l'Inde deviennent des marchés de plus en plus importants en raison de leur rapide croissance économique. En Chine, la consommation de chocolat aurait, quant à elle, augmenté de 30% entre 2010 et 2013. Mais là où cette demande se fait encore plus incroyable, c'est en Corée du Sud avec une hausse de 44% dans le même laps de temps.

Problème, les exploitations de cacao sont capricieuses. Comme l'expliquait à l'Express l'économiste spécialiste des marchés des matières premières Philippe Chalmin, une exploitation est "une culture de petits planteurs qui suivent leurs arbres de près. Des pays comme la Malaisie et l'Indonésie se sont par exemple essayés à la culture de masse et n'ont pas eu les résultats escomptés." Le professeur d'économie Alexandre Delalgue expliquait quant à lui dans un blog sur le site de Francetvinfo à quel point il est difficile pour les productions de cacao de suivre la demande qui explose. "Le cacaoyer est un arbre difficile, il faut attendre au moins 5 ans après l'avoir planté pour obtenir les premières productions; il ne pousse que dans des climats bien définis, autour de l'Equateur, ce qui fait que très peu de pays parviennent à en produire", souligne-t-il.

Tout n'est pas perdu, loin de là

Conséquence de ce hiatus entre l'offre et la demande, le prix du cacao augmente. Il serait passé de 1600 livres par tonne à plus de 2000 livres entre 2013 et 2014. Selon l'Organisation Internationale du Cacao, citée par le Wall Street Journal, "“la demande dépassera la production au cours des cinq prochaines années". Pour le Washington Post, les prix ont grimpé de 60% depuis 2012.

Alors, faut-il vraiment s'inquiéter? Vivons-nous nos dernières fêtes de Pâques avec des œufs en chocolat? En fait, pas vraiment. Comme l'indique Alexandre Delalgue, "les prix sont des signaux enveloppés dans des incitations; un prix élevé est le signal d'une pénurie; il va aussi inciter les consommateurs à changer de comportement." Dans les pays asiatiques, pour lesquels le produit est nouveau, la demande est sensible au prix. Autre effet des hausses de prix, celui du comportement des investisseurs qui pourraient, selon Philippe Calmin, décider de se servir de leurs bénéfices pour développer les exploitations de cacao. Un constat partagé et expliqué sur le site des Echos.

Soyez donc rassurés, la pénurie n'est pas encore inévitable.

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