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Le fils d'une consule canadienne à Miami assassiné, son frère est arrêté

Le fils d'une diplomate canadienne tué à Miami, son frère est arrêté
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La diplomatie canadienne est plongée dans la tourmente après que les deux garçons de la consule du Canada à Miami, Roxanne Dubé, eurent été impliqués dans une fusillade résultant d'une transaction de drogue qui a mal tourné. Jean Wabafiyebazu, 17 ans, est mort, tandis que son frère de 15 ans, Marc, a été arrêté et pourrait être accusé de meurtre.

Selon le Miami Herald et NBC 6, la police de Miami croit que les frères Wabafiyebazu ont utilisé une voiture avec une plaque d'immatriculation diplomatique pour se rendre dans une maison du secteur de Coral Way dans le but de voler des trafiquants de drogue qui s'y trouvaient. Tous deux étaient armés, selon les sources du Miami Herald, qui soutient que la transaction portait sur deux livres de marijuana d'une valeur d'environ 5000 $.

À l'intérieur de la résidence, la situation s'est envenimée et une fusillade a éclaté. Jean Wabafiyebazu a été atteint par balle et a succombé à ses blessures plus tard dans la journée. Un des trafiquants, un adolescent de 17 ans nommé Joshua Wright, a aussi perdu la vie dans la fusillade, et un autre, Anthony Rodriguez, 19 ans, a été blessé. Ce dernier a quitté les lieux, mais a été arrêté peu après. Une deuxième personne a aussi été blessée.

Selon la police, Marc Wabafiyebazu se trouvait dans la voiture au moment de la fusillade. Il a été arrêté plus tard par la police de Miami et est actuellement détenu dans un centre de détention pour délinquants juvéniles. Il pourrait être accusé de meurtre parce que la loi floridienne prévoit cette disposition pour une personne impliquée dans un crime violent.

Le ministère des Affaires étrangères du Canada n'a fait aucun commentaire sur cette affaire, sinon pour dire qu'il a pris connaissance d'un incident impliquant une famille canadienne à Miami.

Roxanne Dubé a été nommée consule générale du Canada à Miami le 28 novembre dernier, mais selon M. Wabafiyebazu, elle n'était installée à Miami que depuis deux mois. De 2005 à 2008, elle a été ambassadrice au Zimbabwe, avec accréditation simultanée auprès de l'Angola et du Botswana.

La version d'un père bouleversé

Dans une entrevue accordée à Radio-Canada, le père des deux adolescents impliqués dans l'affaire, Germano Wabafiyebazu, confirme que son fils cadet est actuellement détenu par la police de Miami. Il doute qu'il puisse bénéficier d'une quelconque immunité diplomatique. « Je ne vois même pas comment c'est possible », a-t-il laissé tomber.

Il dit qu'il était au courant que Jean consommait de la drogue. Il s'en était lui-même rendu compte, dit-il, et une précédente école où il était inscrit l'avait prévenu qu'il fréquentait des gens « pas recommandables ». Il ne croit cependant pas que Marc prenait de la drogue.

Ayant été informé de la version policière par l'entremise de sa femme, il dit croire que c'est Jean qui a demandé d'emprunter la voiture de sa mère vers 15 h lundi pour aller « faire un tour », alors qu'en fait, il se rendait à un rendez-vous avec un intermédiaire, qui devait lui présenter un fournisseur de drogues.

Germano Wabafiyebazu admet qu'il ne sait pas exactement ce qui s'est produit après que Jean soit entré dans la maison de l'intermédiaire, mais il ne croit pas que son fils a voulu voler le trafiquant. « Il faut être vraiment idiot pour aller voler de la drogue à un criminel en sa présence », a-t-il laissé tomber.

Le père de la victime croît plutôt que le trafiquant n'est pas parvenu à s'entendre avec lui et qu'il a soupçonné qu'il avait affaire à un agent double.

Selon lui, Marc Wabafiyebazu n'a fait qu'accompagner son frère à ce rendez-vous et qu'il est sorti de la voiture « quand il a entendu les coups de feu pour aller voir ce qui se [passait] ». Il croit que son fils a alors tiré en l'air avec une arme - sans savoir comment il a pu se la procurer -, que la police est arrivée sur les lieux et l'a arrêté.

Germano Wabafiyebazu, qui habite dans la région d'Ottawa, dit être « bouleversé » par la mort de son fils. Sa femme, dont il est séparé depuis quelques années, vit le drame « très difficilement ».

Selon lui, le corps de l'aîné sera rapatrié au Canada.

Selon l'avocat criminaliste Walid Hijazi, le sort de Marc Wabafiyebazu dépendra du niveau d'immunité diplomatique dont il bénéficie, et des négociations qui devraient s'ensuivre entre Washington et Ottawa. Si les ambassadeurs et les membres de leur famille immédiate disposent toujours d'une immunité diplomatique totale en vertu de la Convention de Vienne sur les conventions diplomatiques, il en va autrement des consuls, dont les tâches sont essentiellement de nature économique.

Selon Me Hijazi, les consuls bénéficient souvent d'une immunité qui ne s'applique qu'aux crimes commis dans le cadre de leur fonction, à moins qu'une entente spécifique n'ait été conclue entre les deux pays en cause. « À défaut d'une entente, la famille n'est pas protégée », ajoute-t-il.

Si Marc Wabafiyebazu bénéficiait d'une immunité, les États-Unis ne seraient pas sans recours pour autant, précise l'avocat. « Il peut demander au pays qui a envoyé le diplomate de lever l'immunité. Alors le chef d'État et le ministre des Affaires étrangères [du Canada] peuvent lever l'immunité », explique-t-il.

« Dans ce cas, la personne devient sujette à arrestation, à une poursuite pénale, etc. Si le pays [d'origine] refuse, le pays hôte est libre d'expulser le ressortissant étranger, qui deviendra alors une persona non grata dans le pays hôte. »

Selon Me Hijazi, il est cependant hautement improbable que le fils de la consule puisse être jugé au Canada. « On n'a pas de juridiction sur le crime qui a été commis. Il n'a pas été commis au Canada. Si, théoriquement parlant, c'était une possibilité - ce qui n'est pas - il y aurait des complications pratiques. Tous les témoins, toute la preuve est à l'étranger, alors faire venir ces gens-là ici pour un procès, ça deviendrait très difficile. »

S'il devait être jugé aux États-Unis, Marc Wabafiyebazu serait soumis à la loi de la Floride sur les déliquants juvéniles.

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