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Philippe Beau: le maître de l'illusion s'amène à Montréal (ENTREVUE/VIDÉO)

Philippe Beau: le maître de l'illusion s'amène à Montréal

Hommage aux maîtres du cinéma, ballet de mains minutieusement chorégraphié, terrain de jeu ombragé où les personnages et les animaux se succèdent à une vitesse folle, le spectacle de Philippe Beau sort de l’Europe pour la première fois. Proche collaborateur du metteur en scène Robert Lepage, du chorégraphe Philippe Decouflé et du réalisateur Frederick Wiseman, le créateur français est un phénomène.

Rares sont ceux qui maîtrisent les ombres chinoises et l’ombromanie, l’art de créer des ombres avec les mains. On compte à peine 20 spécialistes de cet art ancestral, qui a fait son apparition à la fin du 19e siècle, près d’un siècle avant la naissance du cinéma. Il est donc tout à fait légitime de questionner Philippe Beau sur les raisons qui l’ont poussé vers cet art minoritaire.

«J’ai d’abord débuté avec une formation extrascolaire en magie, quand j’étais enfant. J’ai eu un coup de foudre immédiat. Puis, j’ai développé un intérêt pour les mains et la manipulation, car j’aimais l’idée de toucher le public uniquement avec mes mains, sans artifice, ni boite, ni trucage de lumière. Ensuite, j’ai été mis en contact avec un maître de magie qui faisait un peu d’ombres.»

Pratiquement tous les enfants de la planète ont un jour essayé de créer des formes et de fabriquer des ombres avec leurs corps, mais pas de là à en faire un métier, comme le Français l’a fait. «Il y a très peu de maîtres et de livres sur le sujet. Mais j’aime le côté solitaire qui vient avec la recherche d’ombres et de mises en scène, afin de transformer les images et dépasser le spectacle basique pour enfants. J’aborde cette discipline à la manière d’une chorégraphie, en utilisant mes mains comme un danseur utilise ses jambes.»

L’illusion du cinéma

Dans Magie d’ombres… et autres tours, Beau évoque les cinéastes qui ont donné naissance au Septième Art et qui l’ont fait évoluer, tels Robert Bresson, Orson Welles, Georges Méliès et Charlie Chaplin.

«Tous les réalisateurs ont conscience que le cinéma est une illusion, soit une succession d’images fixes qui donnent l’illusion du mouvement. Leur but est d’amener le public dans un état d’esprit particulier avec des subterfuges comme le cadrage, le montage ou la trame sonore. Mais au-delà de cela, plusieurs d’entre eux se sont intéressés de près à la magie.»

«Méliès était propriétaire d’un théâtre de magie à Paris. Welles présentait des spectacles confidentiels à Las Vegas et construisait ses films de manière un peu magique, avec des flashbacks et un désir constant de surprendre les spectateurs avec ses cadrages. Chaplin avait une grande sensibilité et faisait du cinéma de manière très calculée, comme un magicien qui donne l’impression que tout est spontané, alors qu’il se prépare énormément.»

Structuré, consciencieux et méticuleux, Beau a choisi les extraits de films en fonction des séquences d’ombres qu’il voulait présenter sur scène. «Je réponds aux extraits avec mes performances. Les films sélectionnés ne sont pas tellement connus, mais contiennent de très belles images. Comme l’extrait du film Le Cirque, ou Chaplin est pourchassé par la police, avant de se retrouver en plein numéro de magie dans un cirque. Comme je m’intéresse au rapport entre la magie et le cinéma depuis 20 ans, je savais très bien quels films utiliser.»

Plus on discute avec cet artisan de l’ombre, plus on réalise que sa discipline occupe une place fondamentale dans l’histoire humaine. «Avant le cinéma, la photo et la peinture, on retrouvait déjà des jeux d’ombres avec une bougie. Même les hommes préhistoriques jouaient avec la lumière du feu, de la lune et du soleil sur les parois des cavernes. C’était une façon pour eux de se raconter des histoires. Quand je fais ce spectacle, j’ai le sentiment de toucher quelque chose de très profond en nous.»

Magie d’ombres… et autres tours sera présenté à la TOHU du 2 au 6 avril 2015. Cliquez ici pour plus de détails.

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