Les organismes du gouvernement québécois qui, comme l'Agence métropolitaine de transport, se risquent à faire des déficits seront lourdement sanctionnés. Des mesures des crédits budgétaires de Martin Coiteux, déposés aujourd'hui à l'Assemblée nationale, voudront rappeler à l'ordre les dirigeants de ces sociétés à la gouvernance laxiste.

Avec son budget, Québec voudra resserrer les contrôles sur les budgets d'exploitation des sociétés d'État ainsi que des organismes non budgétaires. «Ceux qui se risqueront à faire des déficits vont souffrir», résume-t-on dans les officines.

Pour bien marquer que le Québec est toujours dans une période d'austérité économique, le ministre des Finances Carlos Leitao a renoncé à l'achat de nouvelles chaussures pour son discours du budget, une tradition parlementaire. Il s'est contenté de nouveaux lacets. «Au cours des 40 dernières années, il y a eu 34 budgets déficitaires. Il faut mettre fin à cette série rouge. Notre gouvernement s'engage à ne plus faire de déficit. Non seulement nous allons retrouver l'équilibre budgétaire, et ce ne sera pas une histoire d'un soir», a soutenu le ministre dans son point de presse de la veille du budget.

Des organismes déficitaires

Dans les documents budgétaires de juin 2014, on constate par exemple que l'Agence métropolitaine de transport (AMT) prévoyait déjà un déficit de 11 millions pour 2015, soit 480 millions de recettes pour 491 millions de dépenses. Or, en vertu de sa loi, l'AMT n'a pas le droit de soumettre un budget déficitaire.

La Commission des services juridiques prévoyait un déficit de 16 millions pour 2015. Bibliothèque et Archives nationales prévoyaient 2 millions de déficit, tout comme le Conservatoire de musique et d'art dramatique du Québec, pour qui les déficits accumulés atteignent les 12 millions. La Société des traversiers vogue pour 2015 vers 6 millions d'encre rouge, et l'Institut de la statistique du Québec perdra 4 millions en 2015. La Société d'habitation du Québec prévoyait un déficit de 4 millions pour 2015 dans le premier budget Leitao. L'École nationale de police est déficitaire de 1 million sur un budget de 35 millions.

Les budgets des réseaux de la santé et de l'éducation subiront des compressions - ils augmenteront en chiffres absolus, mais moins rapidement que l'augmentation des coûts. Les conséquences précises de ces compressions ne seront pas précisées aujourd'hui. Québec se contentera de donner des chiffres globaux, qui seront précisés par la suite dans les réseaux.

Stimulants économiques

Le budget d'aujourd'hui comporte beaucoup de mesures susceptibles de stimuler l'économie dans les années à venir, promet le ministre, convaincu que «les Québécois seront dans l'ensemble heureux».

Le premier ministre Couillard avait insisté, après le «point» sur l'économie du début du mois de décembre: «on s'était engagé à ne pas augmenter les taxes et les tarifs dans ce budget-ci».

Quelques mesures du rapport Godbout seront retenues, mais les propositions plus ambitieuses, comme la baisse d'impôt contre une hausse des taxes à la consommation, devront obtenir au préalable un appui plus large de la population, a précisé le ministre Leitao.

- Avec la collaboration de Tommy Chouinard