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Nouvelle politique fédérale en santé mentale : l'accès aux soins des détenus compromis

Nouvelle politique fédérale en santé mentale : l'accès aux soins des détenus compromis
Radio-Canada.ca

La nouvelle politique fédérale en santé mentale compromet l'accès aux soins des détenus. C'est ce que soutient un psychiatre de Moncton, le Dr Louis Thériault. Le gouvernement fédéral a annoncé la fermeture irrévocable du Centre de rétablissement Shepody, au pénitencier de Dorchester, au Nouveau-Brunswick, à compter du 1er avril 2015.

« Ce sera le seul centre de traitement au Canada à passer sous le couperet du gouvernement Harper. On réduira le nombre de lits dans d'autres institutions, mais aucun autre centre de traitement ne sera fermé », raconte le Dr Thériault.

« Le gouvernement fédéral actuel entame une transformation radicale des milieux carcéraux fédéraux. Dès 1935, la recherche démontrait que les sentences indéterminées ou encore les punitions cruelles n'avaient aucun impact sur le taux de récidive criminelle », soutient-il.

Le Dr Thériault raconte qu'en 1960 on a mis en place des programmes éducatifs. On a commencé à ériger des centres de traitement pour les détenus souffrant de problèmes de santé mentale. En 1990, on a reconnu l'importance de traiter les prisonniers souffrant de maladie mentale et on a jugé qu'ils avaient autant de droits que les détenus souffrant de maux physiques. En 1994, le Nouveau-Brunswick s'est doté d'une loi avant-gardiste sur la santé mentale, loi qui donne accès à un traitement pour le patient affligé d'une maladie mentale dont les conséquences sur soi ou autrui pourraient être tragiques.

Dans la foulée de ces réformes, on a créé, au pénitencier de Dorchester, le Centre de rétablissement Shepody, reconnu comme un centre de traitement pour les problèmes de santé mentale.

« C'est un jour de tristesse, car on constate l'élimination en quelques semaines des progrès accomplis sur plusieurs années. On régresse vers un système correctionnel davantage punitif que thérapeutique. Les droits des malades mentaux risquent d'être ignorés. »

— Dr Louis Thériault

« Il s'agissait de l'unique centre de traitement de la région de l'Atlantique ayant le mandat d'évaluer et de traiter les détenus souffrant de divers problèmes de santé mentale, dont les cas les plus graves de schizophrénie, de maladie bipolaire, de troubles de la personnalité ou de troubles de l'humeur. Ce centre permettait également l'évaluation des personnes jugées dangereuses qui posent un risque pour la société », souligne le Dr Thériault.

Profitant de son statut, le centre pouvait prodiguer aux patients des traitements de routine jugés critiques. Les patients souffrants, inaptes à consentir, pouvaient être traités en toute légalité, ce qui leur permettait de retrouver une certaine stabilité.

Perte du statut de reconnaissance officielle

« Comme le centre perd son statut de reconnaissance officielle, les patients ne pourront plus être traités aux termes de la Loi sur la santé mentale. On parle d'aménager une unité de 53 lits et de réduire les services psychiatriques de près de 80 %. En soirée et durant la nuit, il n'y aura plus d'infirmières. Il n'y aura plus de psychiatres de garde. On tentera de convaincre les patients de suivre des traitements mais, s'ils sont jugés trop instables ou à risque, ils seront enfermés et attachés contre leur gré », se désole le médecin.

La directrice exécutive par intérim du Centre, Julie Bédard a indiqué par courriel que malgré l'annonce, le Centre ne pourra offrir le nouveau modèle de service avant le 13 avril prochain. Le budget sera ajusté en conséquence et le transfert des cas aigus se fera sous peu.

Selon le psychiatre, les droits des gens souffrant de maladies mentales ne seront plus respectés. Si nécessaire, on les transférera vers le Québec ou vers l'Ouest.

« Encore une fois, on retire une ressource de l'Atlantique pour enrichir le Canada central ou l'ouest du pays. Les détenus seront encore plus coupés de leur famille ou de leur soutien régional, affirme-t-il. Travaillant comme médecin-psychiatre depuis plus de 20 ans et oeuvrant au Centre de rétablissement Shepody depuis plus de 15 ans, je ne peux que souhaiter qu'on reconsidère l'odieux de cette nouvelle politique et qu'on redonne la priorité à l'accès aux services de santé mentale pour les multiples détenus qui en souffrent. »

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