Martelé depuis des mois, le discours d'austérité du gouvernement Couillard a fini par atteindre les électeurs québécois sensibles aux compressions envisagées par le gouvernement, observe la maison CROP dans son plus récent sondage.

Réalisé du 11 au 15 mars auprès de 1000 internautes, le sondage constate un recul important dans les intentions de vote au Parti libéral. Le parti de Philippe Couillard, qui bénéficiait d'un appui stable de 37% des électeurs en février - il n'avait pas baissé en deçà de 35% depuis les élections -, se retrouve subitement à 29%, une glissade de huit points.

«Depuis un bout de temps, on constate que la population est d'accord sur les objectifs du gouvernement. Sur les moyens, toutefois, c'est une autre histoire», explique Youri Rivest, vice-président de CROP.

Sur les choix faits par le gouvernement, «la population sent que ce n'est pas tout le monde qui [contribue au redressement]. Avec la controverse récente du CHUM, on sent l'improvisation», observe le spécialiste. Le test des intentions de vote «illustre la capacité du gouvernement à tisser un lien avec l'électorat. Trois ans avant les prochaines élections, une telle glissade n'est pas une catastrophe, cela se rattrape, mais si cela se prolonge, cela devient dangereux», poursuit M. Rivest.

CAQ et QS

Toujours après répartition des indécis, on constate que la Coalition avenir Québec et Québec solidaire se partagent les électeurs qui ont quitté le PLQ. La CAQ monte de quatre points, passant de 22 à 26%. Québec solidaire passe de 11 à 16%, son score le plus élevé depuis les élections d'avril 2014, et probablement un sommet depuis sa création. Sans chef, le Parti québécois grimpe d'un point, à 27%.

Pour M. Rivest, le score du PQ reste étonnant. Même sans chef, le parti jouit d'une visibilité accrue à la faveur d'une course à la direction, «et on s'attendrait à ce qu'ils en profitent. Québec solidaire a rarement atteint un tel sommet, signe que des gens progressistes optent pour le parti de Françoise David au lieu d'aller au PQ», résume le spécialiste.

Signe encourageant pour Québec, la satisfaction à l'endroit du gouvernement ne bouge guère: 37% des gens sont satisfaits ou plutôt satisfaits, tandis que 59% sont mécontents, un point de plus qu'en février. Même les électeurs caquistes sont plutôt satisfaits du gouvernement, 43% l'appuyant.

La cote personnelle du premier ministre Philippe Couillard est par ailleurs en baisse, pour la première fois depuis l'automne dernier. Aujourd'hui, 20% des répondants estiment qu'il est le meilleur des chefs pour occuper le poste de premier ministre. Lui qui dominait ses adversaires après les élections est désormais au coude à coude avec François Legault.

«C'est sa marque à lui, Philippe Couillard, qui est affectée, pas celle de son gouvernement. Il a fait preuve d'indécision», observe M. Rivest, soulignant que pour la première fois depuis son retour en politique, M. Couillard ne devance pas François Legault.

Cette question défavorise le PQ, qui n'aura pas de chef permanent avant la mi-mai. La cote de François Legault marque le pas, à 21% comme en février, mais pour la première fois, le chef de la CAQ dépasse Philippe Couillard sur cette question. Par ailleurs, 11% des gens pensent que Françoise David ferait la meilleure première ministre.

CAQ, PQ et francophones

La Coalition avenir Québec et le Parti québécois sont au coude à coude auprès de l'électorat francophone, une clientèle où ils devancent clairement le Parti libéral du Québec. Le PQ récolte 32% des francophones contre 30% à la CAQ. Les libéraux récoltent 18% d'appui chez les francophones, mais font le plein des non-francophones avec 74%.

Québec et la couronne

La Coalition avenir Québec continue de dominer dans la région de Québec, avec 34% d'intentions de vote, devant le PLQ avec 29% et le PQ avec 25%. Mais elle progresse aussi dans la couronne de Montréal, où avec son score de 34%, elle dépasse les 29% du PLQ et le 22% des péquistes. Dans l'île de Montréal, le PLQ domine avec 39%, loin devant le PQ (28%) et la CAQ (15%).

Mauvaise humeur

CROP pose une question très générale sur l'humeur des Québécois en leur demandant si le Québec va dans la bonne ou la mauvaise direction. Depuis février, l'humeur des Québécois s'est aigrie, 40% estimant qu'on est sur la bonne voie, un recul de deux points en un mois. Inversement, 60% pensent qu'on fait fausse route, un retour aux sommets de l'automne dernier.

Souveraineté

Si un référendum avait eu lieu cette semaine, le Non l'aurait emporté avec 65% d'appuis, un point de plus qu'en février. Ce déplacement est trop réduit pour être significatif. D'octobre à décembre dernier, le Non oscillait autour de 67%.

Méthodologie: La collecte de données en ligne s'est déroulée du 11 au 15 mars 2015 par le truchement d'un panel web. Au total, 1000 questionnaires ont été remplis. Les résultats ont été pondérés afin de refléter la distribution de la population adulte du Québec selon le sexe, l'âge, la région de résidence, la langue maternelle et le niveau de scolarité des répondants.