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Canada Alpin a dissuadé une famille de porter plainte contre Bertrand Charest (VIDÉO)

Canada Alpin à la défense de Bertrand Charest

Une famille voulait porter plainte à la police contre l'entraîneur Bertrand Charest en 1998, mais ne l'a pas fait, à la demande de Canada Alpin.

Dans une entrevue exclusive accordée à la radio de Radio Canada, la mère d'une skieuse affirme avoir prévenu un haut dirigeant de la fédération nationale de ski Canada Alpin en 1998 de son intention d'alerter la police et de déposer une plainte criminelle contre Bertrand Charest.

« Il était évident, après le championnat de Megève en France, que Bertrand Charest devait être poursuivi pour agressions sexuelles », affirme la mère, qui ne veut pas être identifiée, mais dont la fille n'est pas une des plaignantes dans les procédures actuelles.

L'entraîneur venait de quitter son poste au sein de l'équipe nationale féminine junior pour avoir eu des relations inappropriées avec plusieurs skieuses.

C'était la consternation chez les familles. Inquiète et insatisfaite, la mère de la skieuse a contacté la haute direction de Canada Alpin, pour lui faire part de ses inquiétudes et de ses intentions :

« J'ai téléphoné chez Alpine Canada pour obtenir des clarifications, pour savoir quelles démarche les athlètes pouvaient entreprendre, et on m'a répondu qu'il fallait laisser Alpin Canada s'en occuper, et de laisser la carrière de notre fille se poursuivre''

La mère dit avoir clairement expliqué au membre du Conseil d'administration de Canada Alpin son désir de déposer une plainte officielle auprès des autorités policières.

Extrait d'entrevue :

Mère : « On m'a encore répondu qu'il fallait penser à la carrière de notre fille et laisser Alpine Canada s'en occuper ».

Tamara Alteresco : « Est-ce que vous aviez l'impression qu'on vous demandait de vous taire? »

Mère : « J'avais l'impression qu'on me demandait de les laisser gérer le reste, mais je n'étais pas convaincue. Je devais penser aux commanditaires, c'est ce qu'on m'a répondu ».

Apres des jours de réflexion et de discussion en famille, la jeune skieuse a décidé de ne pas déposer de plainte officielles.

« La décision a été dechirante, mais nous voulions protéger notre fille », explique-t-on. Cette dernière, qui avait 16 ans à l'époque, a tout même rencontré des policiers pour leur faire une déclaration au sujet de Bertrand Charest.

« C'était une façon pour elle d'alerter la police et attester ce dont dont elle avait été temoin. »

Radio Canada a contacté celui qui était directeur de la fédération à l'époque, Joze Sporovec. Il refuse de commenter.

« Je ne dirais rien tant et aussi longtemps que l'affaire sera devant les tribunaux. »

Dans un communiqué publié la semaine dernière, Canada Alpin affirme avoir collaboré avec la GRC a l'époque, mais ajoute ne pas savoir quelle suite a été donnée à l'enquête. « Canada Alpin traite l'affaire avec le plus grand des sérieux. »

De son côté, la mère de la skieuse se dit extrêmement déçue de la réaction de la féderation sportive

Elle croit aujourd'hui que« leur communiqué montre leur indifférence à l'égard des athlètes ».

La mère ajoute: « À la lumière de ce qui s'est passé, les parents ont choisi de ne pas en parler à l'époque, et aucune accusation n'a été portée. Nos filles étaient jeunes et vulnérables, elles avaient peur. Il aurait fallu beaucoup de courage à cet âge-là ».

Bertrand Charest a été arrêté la semaine dernière et fait face à 56 chefs d'acussations pour contacts sexuels et agression sexuelles contre 11 skieuses. Les faits qui lui sont reprochés se seraient produits dans les année 1990.

Radio Canada a tenté de joindre Canada Alpin, mais n'a pas encore recu de retour d'appel.

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