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9 arguments anti-vaccins soumis à des virologues

Autisme? Aluminium? Fragilité du système? Mercure? Des réponses aux questions souvent posées.
Doctor giving baby boy injection
Peter Dazeley via Getty Images
Doctor giving baby boy injection

La vaccination doit-elle être obligatoire ou au choix des parents? La question a été posée au Québec dans la foulée de l'éclosion de rougeole dans Lanaudière. Elle se pose maintenant en France.

Sur Internet, beaucoup d'éléments circulent sur les dangers des vaccins. Le Huffington Post France a présenté ces arguments circulant sur ces sites et blogues "anti-vaccins" à deux spécialistes: Bruno Lina et Manuel Rosa-Calatrava, respectivement directeur et directeur adjoint du laboratoire virologie et pathologie humaine (VirPath).

Vacciner son enfant contre la rougeole peut le rendre autiste: rien ne le prouve

En 1998, dans la revue médicale The Lancet, une étude fait le lien entre le vaccin contre la rougeole et l'autisme. L'étude porte sur 12 jeunes patients souffrant de maladies inflammatoires chroniques intestinales et d'autisme. L'hypothèse retenue par les chercheurs: le virus de la rougeole s'installerait dans les intestins de l'enfant lors de la vaccination, cela causerait une inflammation qui provoquerait des problèmes de développement neurologique.

En 2004, certains auteurs de l'article se désolidarisent de l'étude publiée. En 2010, la revue elle-même fait machine arrière et décide de supprimer l'article de ses archives. Tout dans cette étude sonne faux: de la sélection des patients aux résultats falsifiés pour mieux servir les conclusions en passant par les conflits d'intérêts autour du gastro-entérologue qui dirige l'étude. Ce spécialiste avait en effet été embauché par un avocat pour préparer un procès contre des fabricants du vaccin contre la rougeole. Pour mieux comprendre combien l'étude publiée dans The Lancet était biaisée, un article de Science et Avenir retrace cette effarante affaire.

Aujourd'hui, le mal est fait. Cet argument est l'un des plus souvent utilisé par les opposants aux vaccins. Depuis 2008, en France, aux États-Unis, en Grande-Bretagne, l'épidémie de rougeole a repris alors que le taux de vaccination était parmi les plus hauts du monde. Or, aucune étude scientifique ne prouve un lien entre la rougeole et l'autisme. Mais rien ne dit qu'il n'y a pas de lien entre les deux pourrait-on dire... "Comment démontrer qu'aller se promener en forêt ne représente pas un risque de développer de l'autisme? Ou le fait de toucher du papier? C'est impossible, explique Bruno Lina. Il y aura toujours quelqu'un qui sera allé se promener en forêt et qui aura développé de l'autisme après. C'est la même chose pour le vaccin contre la rougeole. Il faut admettre que cela arrive et que c'est une coïncidence."

Les vaccins épuisent le système immunitaire des enfants: faux

"Tout au long de notre vie et en particulier pendant l'enfance, nous sommes agressés par des organismes infectieux, répond Bruno Lina, Un système immunitaire aussi performant que peut être celui des enfants ou des jeunes adultes ne peut pas être épuisé par douze stimulations antigéniques alors qu'ils en subissent des millions chaque année."

Huit spécialistes américains en pédiatrie et en maladies infectieuses se sont penchés sur cette question en 2002. Leurs conclusions ont été publiées dans la revue Pediatrics. "Les vaccins peuvent causer de manière temporaire une hypersensibilité de la peau ou altérer certaines fonctions des lymphocytes (une variété de globules blancs) selon les tests menés en laboratoire", concèdent-ils. Cependant, "l'immunosuppression causée par certains vaccins n'a pas pour effet d'augmenter le risque d'infections à cause d'autres pathogènes après la vaccination". Les chercheurs américains s'appuient entre autres sur une étude allemande menée en 2000 sur 496 enfants vaccinés et non vaccinés. Les enfants qui avaient été immunisés contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, la méningite et la polio dans les 3 premiers mois de leur vie avaient déclaré moins d'infections en relation ou non avec les vaccins que les autres enfants non vaccinés.

Un nourrisson est trop faible pour recevoir des vaccins: faux

Le vaccin agit comme un leurre. Il fait croire au système immunitaire qu'il doit faire face à une infection. Des antigènes microbiens sont introduits dans notre organisme. Ils vont d'abord être repérés par le système immunitaire inné qui s'attaque à tout ce qui est étranger à l'organisme. Puis des cellules tueuses arrivent, ciblent et viennent à bout de chacun des intrus. Une petite quantité des antigènes microbiens ne vont pas être détruits, leur présence permet au système immunitaire de garder en mémoire cette infection. Cette mémoire est notre plus grand alliée pour faire face aux agressions.

Quand nous naissons, nous avons un stock d'anticorps transmis par notre mère via le cordon ombilical. "Pendant les premiers mois donc, l'immunité de la mère participe à la protection de l'enfant, explique Bruno Lina. C'est extrêmement important car très tôt dans l'enfance, le système immunitaire du nourrisson est totalement incompétent pour lutter contre des infections car il n'a pas appris à le faire. Mais l'immunité qui nous protège vraiment c'est celle qui a appris à lutter contre les maladies infectieuses de façon à ce qu'on ne fasse pas deux fois de suite la même maladie infectieuse". Ce n'est donc pas celle des anticorps transmis par notre mère.

Pendant les 4 à 6 premiers mois de la vie, les anticorps maternels sont progressivement éliminés. En dessous d'un certain seuil d'anticorps, l'enfant n'est plus protégé et c'est à ce moment là qu'on commence les campagnes de vaccination. "Mais, précise Bruno Lina, cela ne vaut que pour certaines infections. Ainsi, certains vaccins doivent être administrés dès la naissance car on veut protéger le plus tôt possible. On essaie alors de mettre en place une protection non pas portée par des anticorps mais par des cellules, les lymphocytes qui eux ne sont pas transmis de la mère à l'enfant".

On trouve de l'aluminium dans les vaccins: vrai

"L'aluminium en tant qu'adjuvant est là pour booster ou amplifier la réponse de l'organisme à la vaccination", explique Manuel Rosa-Calatrava. Les sels d'aluminium sont utilisés depuis 1920 dans les vaccins. Quels sont les risques pour la santé? Les conclusions des études menées sur le sujet ne font pas consensus dans la communauté scientifique.

Depuis 2013, une équipe française de l'Inserm étudie l'impact des sels d'aluminium sur les souris et les hommes. Ses résultats seront connus en 2016. Selon ces chercheurs dirigés par Romain Gherardi, cet adjuvant pourrait être responsable du développement de la MFM ou myofasciite macrophage. Derrière ce nom barbare se cache une lésion au niveau de l'épaule au niveau du muscle où se font les injections. Cette lésion pourrait être à l'origine "d'une maladie rare entraînant une maladie chronique, des douleurs chroniques, musculaires et des troubles cognitifs", peut-on lire dans Science & Santé, la revue éditée par l'Inserm.

"De nombreuses recherches pour éliminer les sels d'aluminium dans les vaccins ont lieu, ajoute Manuel Rosa-Calatrava. Une piste très prometteuse concerne en particulier des protéines non métalliques dont les propriétés d'adjuvants seraient bien plus intéressantes que les sels d'aluminium."

On trouve du mercure dans les vaccins : oui, mais

Dans les vaccins, on trouve du thiomersal, une forme de mercure appelée étyl-mercure. Il ne s'agit pas du même mercure que le métyl-mercure très toxique pour l'homme. "Le thiomersal ne s'accumule pas dans l'organisme", affirme sur son site l'OMS. Le thiomersal n'est pas un adjuvant mais un stabilisateur. Il est utilisé pour prévenir toute prolifération bactérienne et fongique dans certains vaccins comme le ROR et le BCG.

En Europe, aux États-Unis et au Canada, le thiomersal n'est plus utilisé pour les vaccins réalisés sur les enfants. Deux études ont été réalisées aux États-Unis pour rechercher un lien de cause à effet entre les doses de ce conservateur et les problèmes neurologiques et rénaux qui pourraient se déclarer ensuite. Les conclusions de ces études n'ont pu prouver que le thiomersal avait un tel effet, précise le site de l'ANSM.

Les maladies infantiles renforcent le système immunitaire des enfants: oui, si on y survit

"On meurt des maladies infantiles, on ne meurt pas de la vaccination, résume Bruno Lina. Le vaccin est là pour empêcher la mortalité. Empêcher que les gens meurent ou soit invalidés à cause d'une infection." Mais, "c'est vrai, en étant infecté par la rougeole, les survivants sont immunisés à vie. Quant aux autres, ils sont morts. Pour un certain nombre de cas, 10 ans après avoir survécu à la rougeole, il se développe une encéphalite infectieuse qui rend les enfants totalement grabataires. C'est une épée de Damoclès qui pèse sur les épaules des parents."

Certains parents se disent aussi qu'après tout si leur enfant n'est pas vacciné, il ne risque rien puisque les autres enfants le sont. "C'est une comportement terriblement égoïste, dénonce Bruno Lina. Si tout le monde pense la même chose, les maladies infantiles vont réapparaître et comme pour la rougeole, on aura des morts. "Les vaccins tels qu'il existent ne sont pas parfaits. Ils ne protègent pas complètement contre les infections mais la balance risques bénéfices penchent vraiment en leur faveur", conclut Manuel Rosa Calatrava.

Il est inutile de vacciner contre une maladie qui n'existe plus : oui, si elle a complètement disparu

"Pour arrêter de vacciner, il faut que le virus soit éradiqué à l'échelle de la planète, affirme Manuel Rosa-Calatrava. Si on décide qu'il faut arrêter de vacciner contre la polio par exemple, il faudra fermer les frontières et empêcher toute la population de sortir du territoire car la polio existe ailleurs dans le monde. Avec Ebola, la grippe aviaire et le coronavirus, on a pu voir à la vitesse à laquelle les virus pouvaient se propager. Quand la variole a disparu, on a arrêté de vacciner contre cette infection."

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