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« Hosanna » présentée en anglais pour la 1re fois à Montréal (ENTREVUE)

« Hosanna » présentée en anglais pour la 1re fois à Montréal (ENTREVUE)
Jaclyn Turner

« La première fois que j’ai mis le costume d’Hosanna, j’ai eu le motton en me voyant dans le miroir. Je me suis dit que tous les gars, gais ou hétéros, devraient passer par là une fois dans leur vie pour comprendre à quel point c’est difficile d’être aussi belle que ce qu’on attend des femmes », témoigne Éloi ArchamBaudoin, l’interprète d’Hosanna.

Montée au Tarragon Theatre de Toronto et sur Broadway en 1974, Hosanna avait été créée l’année précédente au Quat’Sous et interprétée par Jean Archambault, le cousin éloigné d’Éloi, décédé l’été dernier à 73 ans.

À l’époque, le public a été confronté à l’un des rares personnages de « travesti » (terme générique jadis utilisé pour désigner les questions d’identité de genre), ainsi qu’à une histoire symbolisant le peuple québécois, qui tentait de se convaincre de son existence sans jamais s’en donner les moyens, soit devenir un pays.

Quelque 40 ans plus tard, le metteur en scène Mike Payette et son équipe en font une lecture légèrement différente. « En 2015, les spectateurs ont probablement tous déjà vu une drag-queen, alors ce n’est pas un obstacle à franchir, souligne Éloi ArchamBaudoin. Je crois qu’ils vont se concentrer sur l’histoire d’amour entre Hosanna et Cuirette. Pas une relation entre deux hommes ou entre un monsieur habillé en cuir et une drag-queen, mais entre deux êtres humains. Ils partagent la même dynamique malsaine que les personnages de la pièce Qui a peur de Virginia Woolf, d’Edward Albee. »

Vieux couple

Ensemble depuis quatre ans, Hosanna et Cuirette ont pourtant l’air d’un couple marié depuis 50 ans. « Personne d’autre ne les connait mieux qu’eux-mêmes, ce qui est à la fois très beau et très dangereux. Quand l’un veut faire du mal à l’autre, il sait exactement sur quel bouton peser. Ils se disputent comme un couple italien cliché. On a un plaisir malsain à les voir se bitcher! »

La pièce débute sur les chapeaux de roues, alors qu’Hosanna rentre chez elle, après avoir été humiliée par ses collègues, lors d’une soirée d’Halloween. « Quand j’arrive sur scène, le barrage saute et ce sont les chutes Niagara. Comme acteur, il y a une tentation de jouer cet état à l’avance, mais je ne peux pas me faire brailler en coulisses avant de monter sur scène. Hosanna fait tout pour garder la face. Mais rendue dans son appartement, c’est le déluge. »

Présentée au Théâtre MainLine, en plein cœur du boulevard Saint-Laurent, et campée au début des années 70, la pièce rend hommage aux drag-queens montréalaises de l’époque. « Quand on regarde Mado, qui se décrit comme une drag-clown, ou André Montmorency qui jouait Sandra dans le film Il était une fois dans l’est, il y a quelque chose d’un peu suranné dans leurs personnages. Ma vision d’Hosanna n’a rien à avoir avec les drags-queen modernes, qui ressemblent à Beyonce ou Rihanna. Hosanna est plus une matante qui roule ses “r”. »

Un personnage multifacettes qui peut s’avérer périlleux à interpréter. « Je suis un acteur qui joue Claude Lemieux, qui joue Hosanna, qui s’est déguisée en Elizabeth Taylor, une actrice originaire d’Angleterre qui joue Cléopâtre dans un film américain! Je dois faire écho à la fille roturière qui n’a pas beaucoup d’éducation et à la reine qu’elle aspire devenir. »

Aux dires d’Éloi ArchamBaudoin, la version anglaise d’Hosanna laisse entendre la saveur des mots de Tremblay. « Les traducteurs ont fait un énorme travail pour rendre les expressions aussi colorées qu’elles l’étaient en français. Je retournais souvent au texte original de Tremblay et je trouvais les mots aussi savoureux. On a également choisi de la faire sacrer en français, de prononcer le nom des personnages en québécois et de garder les références géographiques, comme la Main et la Plaza St-Hubert. »

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