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Ikea ferme un site internet en Russie par peur de la loi contre la «propagande homosexuelle»

Ikea ferme un site internet en Russie par peur de violer une loi homophobe

Le numéro un mondial de l'ameublement Ikea a annoncé vendredi qu'il allait fermer un site internet en Russie qui pourrait bien contrevenir aux lois homophobes du pays, promulguées par le président Vladimir Poutine en 2013.

C'est plus exactement son site appelé "Ikea Family Live", qui propose la version numérique de son magazine mensuel sur la vie de famille, qui va disparaître. La société préfère en effet prendre les devants car "un certain nombre d'articles de ce magazine pourraient être assimilés à de la propagande homosexuelle".

Une page du magazine en décembre 2013 avec un couple de femmes et leur fils

Cette loi qui réprime "la propagande d'orientations sexuelles non traditionnelles auprès des mineurs", largement critiquée à l'international, a notamment été utilisée pour interdire des manifestations de militants de la cause gai mais aussi pour poursuivre le fondateur d'un site internet qui offrait des conseils aux jeunes homosexuels.

Ikea déjà sous le feu des critiques en 2013

"Ikea Family Live" est publié dans 25 pays, en version en ligne ou imprimée, et affiche de manière générale des photos et interviews de familles "quel que soit leur genre ou leur orientation sexuelle", assure le fabriquant de meubles.

Malgré cela, "nous nous plions aux lois des pays dans lesquels nous faisons des affaires et pour empêcher toute violation de la loi, nous avons décidé d'arrêter la publication du magazine web en Russie", précise Ikea dans un communiqué.

Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que l'entreprise cède face aux lois discriminatoires de Moscou. En décembre 2013, Ikea avait déjà provoqué un tollé en retirant de la version papier destinée aux Russes un sujet consacré à deux femmes britanniques et leur fils pour le remplacer avec un article sur un designer célibataire chinois.

Après la mobilisation d'internautes et d'associations, notamment avec une pétition sur Change.org, Ikea avait répondu en publiant l'article controversé dans la version en ligne dans tous les pays, y compris en Russie, accompagné d'une lettre certifiant que l'entreprise voulait "que vous puissiez être vous-même en travaillant chez Ikea, en y faisant vos courses ou tout simplement chez vous".

15 000 euros (20 129 en dollars canadiens) ou suspension des activités pendant 90 jours

"Nous faisons de notre mieux pour défendre l’égalité pour tous et les droits de l'Homme", assurait alors la société. Une déclaration qui semble aujourd'hui plier sous le poids des risques financiers que prend Ikea avec une telle position.

En théorie, le fabricant de meubles pourrait en effet être condamné à payer une amende de plus de 15 000 euros (20 120 en dollars canadiens) ou à suspendre ses activités dans le pays pour une période de 90 jours s'il enfreignait la loi russe.

Si l'amende ne serait pas dure à supporter pour la marque, une suspension des activités serait bien plus problématique: implantée en Russie depuis 2000, la chaîne suédoise y réalise une partie importante son chiffre d'affaire. Le pays de Vladimir Poutine se hisse à la quatrième place sur le marché mondial derrière l'Allemagne, les États-Unis et la France, et devant la Suède.

La marque a donc préféré prendre les devants et éviter toute sanction. Interrogé par l'AFP, le service de presse d'Ikea en Russie a ainsi précisé "n'avoir pas reçu d'avertissement officiel" lié à la loi contre la "propagande homosexuelle" pour le moment.

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