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«L'Affaire Myosotis»: le roman sans parti pris du journaliste Luc Chartrand (ENTREVUE)

«L'Affaire Myosotis»: le roman sans parti pris du journaliste Luc Chartrand (ENTREVUE)

À la suite d’un meurtre d’un haut fonctionnaire de l’Agence canadienne pour la démocratie, tué dans la bande de Gaza alors qu’il voulait entrer en contact avec l’ex-journaliste Paul Carpentier, celui-ci est pourchassé dans les territoires d’Israël et de la Palestine. Déjà aux prises avec des problèmes familiaux, il tentera d’élucider cette histoire impliquant le groupe Myosotis, une ONG accusée d’antisémitisme, parce qu’elle gère un projet d’assistance psychologique aux enfants victimes de la guerre à Gaza. L’Affaire Myosotis (Québec Amérique) est le deuxième roman du journaliste de Radio-Canada, Luc Chartrand.

L’auteur se rappelle très bien de sa première expérience en Israël, alors qu’il écrivait pour l’Actualité. « Puisque j’ai reçu mon éducation dans une l’école catholique, j’ai ressenti quelque chose de très fort en visitant des villes comme Jéricho et Bethléem. Même si je ne suis pas touché par la religion comme telle, j’ai vécu des moments saisissants en marchant dans les traces de la culture biblique. »

Nommé correspondant pour Radio-Canada à Paris en 2006, il a couvert le Moyen-Orient en parallèle pendant des années, avant de suggérer à ses patrons de créer un poste de correspondant itinérant pour le secteur, en 2011.

La prémisse de son nouveau roman est apparue en 2009, après que Chartrand ait visité les ruines d’une maison de Gaza bombardée par l’aviation israélienne. Maison dans laquelle on avait entassé tous les membres d’une famille palestinienne auparavant. « J’ai eu l’intuition qu’un roman pouvait naître de cette situation. Je ne savais pas comment à l’époque, mais l’idée est restée sur le brûleur arrière de mon imagination un bon bout de temps. »

Lors d’un autre séjour en Israël, il a décidé que le héros de son premier roman Code Bezhentzi (Libre Expression, 1998), Paul Carpentier, allait reprendre du service. « Comme il était tombé en amour avec une jeune juive hassidique de Montréal à l’époque, j’ai imaginé qu’il était désormais établi en Israël et qu’il pourrait être aux commandes de ma nouvelle histoire. »

Jadis journaliste, Carpentier travaille désormais comme agent « discret » pour une fondation financée par une riche Israélienne. Son mariage est en morceaux. Sa relation avec son fils est orageuse. Mais il plonge dans l’enquête à corps perdu.

« Il est happé par l’envie de savoir et stimulé par les obstacles. On pourrait dire aussi qu’il essaie de fuir la résolution de ses problèmes familiaux et la désintégration de son couple. Au début, il est dans une période de déni de la réalité. Mais l’enquête le ranime et l’oblige à faire face à sa famille… »

Plus Paul Carpentier avance dans ses recherches, plus il découvre les ramifications d’une opération impliquant les gouvernements canadien et israélien. Une affaire qui semble se rapprocher d’une certaine réalité. « Au cours des dernières années, nous avons assisté à un nettoyage idéologique de la part du gouvernement conservateur, qui a coupé les vivres de plusieurs organismes, sur la base de simples allégations de proximité avec la cause palestinienne. Et ça continue. Tout ce qui n’est pas fait en ligne avec la vision israélienne des choses est visé. »

Les rapprochements entre les dirigeants des deux pays ne sont pas uniquement basés sur des considérations financières. La religion se trouve au cœur de la situation. « Le parti conservateur est influencé par la droite religieuse évangéliste. Et une bonne frange du mouvement pense que le retour des Juifs dans leur pays d’origine est une prophétie biblique qui se réalise sous nos yeux et qui annonce la venue du messie. Le soutien de certains Canadiens à la cause israélienne s’explique pour cette raison. »

Haletante, fluide, finement écrite et reposant sur une connaissance méticuleuse de la culture moyen-orientale, L’Affaire Myosotislaisse une large place aux nuances et aux remises en question. « Paul Carpentier n’est pas un idéologue, mais un homme nuancé. Il parle aux gens des deux côtés, sans s’embarquer dans une logique militante, qui l’agace profondément. C’est la grandeur du journalisme de comprendre tous les points de vue, d’essayer de les faire connaître et donner accès à de multiples voix. »

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