L’image du Canada a changé sur la scène internationale, et ce n’est pas pour le mieux, croit l’ancien premier ministre Jean Chrétien.
En conférence à l’Université Concordia, Chrétien a déploré le climat de peur alimenté par le gouvernement conservateur, qui veut faire adopter son projet de loi antiterroriste dans les plus brefs délais.
Il a co-signé une lettre ouverte avec d’autres ex-premiers ministres canadiens et anciens juges de la Cour suprême pour dénoncer C-51, qui pourrait porter atteinte à la protection du public et aux droits de la personne à leur avis.
« C’est une pente dangereuse. Et c’est facile de se servir des émotions et de la crainte des gens pour supprimer certaines libertés qui sont parfois difficiles à reconquérir », a-t-il commenté en point de presse.
« Quand je voyage, on me demande toujours : "Mais qu’est-il arrivé au Canada ?" Nous avons perdu notre image. Nous étions un exemple pour le monde », se désole l’ancien premier ministre.
Chrétien a rappelé qu’il avait refusé d’engager le Canada dans la guerre en Irak en 2003 et ce, alors que la peur d’une attaque terroriste après le 11 septembre était bel et bien réelle.
Mais le pays est déjà en guerre contre l’État islamique, avait-il affirmé en entrevue sur les ondes de CBC.
« Nous étions les gardiens de la paix, maintenant nous sommes la cible ! » a-t-il ajouté mercredi.
« Nous avions développé une image du Canada. Nous sommes devenus un membre du G7. Quand nous voulions un siège au Conseil de sécurité [de l’ONU], il n’y avait pas de problème. »
En 2010, le Canada a dû concéder la victoire au Portugal pour l’obtention d’un siège au Conseil de sécurité, ce qui avait constitué un dur revers pour le pays sur la scène internationale.
Mais Chrétien n’a pas voulu se prononcer sur l’attitude belliqueuse du premier ministre actuel Stephen Harper, qui a dit au président russe Vladimir Poutine de « sortir de l’Ukraine ».
« Je ne suis plus en politique. Ce n’est pas mon rôle de commenter les dossiers d’actualité », a-t-il laissé entendre.
Chrétien a toutefois vanté à plusieurs reprises la capacité du pays d’offrir l’égalité pour tous, puisque le Canada est un « exemple de diversité et d’unité ».
« L’immigration a beaucoup changé. Nous avions beaucoup d’immigrants de l’Europe, surtout, et à un moment, nous avons eu des gens de l’Asie, d’Amérique du Sud… Voici ce que le Canada était et ce qu’il est aujourd’hui. »
Il faut éviter de céder à la peur, dit-il, puisque la population a plus de chances d’être frappé par la foudre que de mourir dans une attaque terroriste.
« La seule chose dont nous devons avoir peur est la peur elle-même. Il y a 1,3 milliard de musulmans sur la planète. Ils ne sont pas tous des terroristes ! »
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