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Six Québécois, dont trois cégépiens, auraient rejoint les djihadistes (VIDÉO)

Six Québécois, dont trois cégépiens, auraient rallié les djihadistes en Syrie (VIDÉO)

Six jeunes Québécois originaires de Laval et de Montréal ont quitté le pays et pourraient avoir rejoint des djihadistes en Syrie, croient nos sources. Deux de ces jeunes sont des filles originaires de Laval.

Le 15 janvier dernier, plusieurs de ces jeunes ont pris l'avion de Montréal pour se rendre à Istanbul, en Turquie. Deux jours plus tard, le 17 janvier, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a été averti de la disparition de certains d'entre eux, selon nos sources.

Leurs dossiers de disparition auraient été rapidement transférés à la Gendarmerie royale du Canada (GRC).

Le SPVM ne veut rien confirmer pour l'instant, comme la GRC et le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) d'ailleurs.

Des étudiants du Collège de Maisonneuve

Trois de ces jeunes ont fréquenté le Collège de Maisonneuve, dans l'est de Montréal.

Brigitte Desjardins, directrice des affaires corporatives et des communications, affirme avoir obtenu des noms des jeunes tard en soirée mercredi et que d'autres noms lui ont été fournis tôt ce matin.

Ces jeunes étaient inscrits au Collège de Maisonneuve l'automne dernier. Il appert qu'une fois l'hiver venu, ces jeunes n'étaient plus au collège.

La direction du Collège de Maisonneuve avait consenti à louer quatre salles de classe et deux plateaux sportifs à l'École des compagnons, dirigée par Adil Charkaoui. Or le Collège de Maisonneuve a mis fin abruptement jeudi en matinée à cette entente contractuelle.

Mme Desjardins affirme que l'École des compagnons a fait circuler « une vidéo qui, pour nous, fait la promotin de valeurs qui sont différentes des nôtres ». Elle n'a pas voulu élaborer, sinon pour ajouter que le Collège allait faire des vérifications plus pointues afin de mieux comprendre quels sont les messages véhiculés par cette École des compagnons, affiliée au Centre communautaire islamique de l'Est de Montréal.

« Les activités locatives [du Collège de Maisonneuve] sont totalement imperméables aux activités d'enseignement. » — Brigitte Desjardins, directrice des affaires corporatives et des communications

Des inquiétudes sérieuses

« Ma première réaction est d'informer la communauté pour lui dire que nous avions des inquiétudes sérieuses et d'être hyper-attentifs, a expliqué Mme Desjardins. Ensuite, on a alerté les autorités policières. C'est beaucoup plus grand que nous, que le Collège, il faut absolument se référer à des gens qui connaissent cette situation et qui pourront nous aider. »

Brigitte Desjardins affirme que le Collège de Maisonneuve maintient le dialogue avec sa communauté étudiante afin de faire en sorte que les jeunes ne subissent plus ces mauvaises influences. Grâce à leur expertise, les enseignants contribuent également à expliquer aux jeunes d'où peut venir cette influence-là et à leur permettre d'exercer leur esprit critique. « C'est plus facile pour nous, en tant que maison d'éducation, de les sensibiliser afin d'empêcher que d'autres partent », ajoute Mme Desjardins.

Mais la police a expliqué aux autorités du collège que les jeunes de l'institution ne sont pas, en tant que tels, en danger.

« Dans le fond, les étudiants partent avec un idéal, en s'imaginant qu'ils vont aller sauver le monde et ils s'en vont ailleurs pour faire ça. Alors, ça ne se passe pas ici. Cet endoctrinement fait en sorte que ces jeunes quittent pour aller faire autre chose, ailleurs. » — Brigitte Desjardins, directrice des affaires corporatives et des communications du Collège de Maisonneuve

De la nécessité d'être vigilant

Brigitte Desjardins soutient qu'aucun indice n'a permis à la direction du cégep de voir venir cette menace. « On ne les connaît pas ces jeunes-là, personne ne nous a alertés, on a été aussi surpris que l'ensemble des gens », dit-elle. Elle explique que les cégépiens étant de jeunes adultes, ils peuvent s'absenter pour toutes sortes de raisons : maladie, décrochage, etc.

Au Collège Ahuntsic, la directrice des communications, Anne Milot, affirme ne détenir aucune preuve que des étudiants de cet établissement soient allés grossir les rangs du djihad. La communauté étudiante d'Ahuntsic est multi-ethnique et il s'exerce déjà, sur le terrain, une forme de surveillance. « Nous avons un travailleur social et un responsable de la sécurité qui est spécialisé en criminologie », explique Mme Milot. La direction du Collège Ahuntsic dit se sentir « interpellée » par ce qui se vit au Collège de Maisonneuve.

La nouvelle que de jeunes Québécois s'étaient radicalisés au point de partir pour l'étranger a suscité des réactions tant aux niveaux municipal que provincial.

À l'Assemblée nationale, la ministre de la Sécurité publique, Lise Thériault, a indiqué qu'il était important de détecter les comportements suivants : « Une personne qui est sociable et qui devient soudainement renfermée, qui change de centres d'intérêt, quelqu'un qui coupe les liens avec sa famille et ses amis de longue date, une personne qui tient des propos désobligeants à l'encontre de certaines communautés ou encore une personne qui encourage ou qui justifie des groupes qui prônent la violence ».

La ministre Thériault a rappelé que la Centrale de l'information des activités criminelles de la Sûreté du Québec dispose d'une ligne téléphonique, le 1 (800) 659-4264, pour rapporter confidentiellement des activités suspectes.

Le maire de Montréal, Denis Coderre, affirme pour sa part qu'il faut faire preuve de vigilance. « On a besoin des parents, de l'entourage, si vous voyez de la radicalisation, faites-le nous savoir car notre but c'est d'empêcher les gens de se rendre en Syrie ».

De son côté, la Fédération nationale des enseignants du Québec, par l'entremise de sa présidente, Caroline Senneville, appelle aussi à la vigilance : « On ne s'en rendait pas compte, c'était quelque chose qui n'était pas concret et maintenant il faudra être alerte et faire en sorte qu'on puisse intervenir, si on est capable de voir quelque chose ».

Une jeune femme de 23 ans

Par ailleurs, CBC a enquêté sur le cas d'une Canadienne de 23 ans qui a tout laissé tomber pour se joindre au groupe armé État islamique en Syrie. La jeune femme est en Syrie depuis l'été dernier. Sa famille ne comprend pas pourquoi personne n'est intervenu.

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