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Charlie Hebdo: ceux qui font l'hebdomadaire après la mort de ses principales signatures

Charlie Hebdo: ceux qui font l'hebdomadaire après la mort de ses principales signatures
New York City Mayor Bill de Blasio, left, Paris mayor Anne Hidalgo, center, and Patrick Pelloux, right a staff member of Charlie Hebdo newspaper, arrive to lay a wreath outside Charlie Hebdo offices, in Paris, Tuesday Jan. 20, 2015. Brothers, Said and Cherif Kouachi and acquaintance Amedy Coulibaly, killed 17 people at the satirical newspaper Charlie Hebdo, and a kosher grocery earlier this month. ( (AP Photo/Francois Mori)
ASSOCIATED PRESS
New York City Mayor Bill de Blasio, left, Paris mayor Anne Hidalgo, center, and Patrick Pelloux, right a staff member of Charlie Hebdo newspaper, arrive to lay a wreath outside Charlie Hebdo offices, in Paris, Tuesday Jan. 20, 2015. Brothers, Said and Cherif Kouachi and acquaintance Amedy Coulibaly, killed 17 people at the satirical newspaper Charlie Hebdo, and a kosher grocery earlier this month. ( (AP Photo/Francois Mori)

"Rien ne sera plus comme avant". La formule vient immédiatement à l'esprit quand on pense à Charlie Hebdo, dont le nouveau numéro sortira mercredi 25 février. Tiré à quelque 8 millions d'exemplaires, celui du 14 janvier avait été baptisé "numéro des survivants" et était exceptionnel à plus d'un titre.

Désormais dirigé par Riss, Charlie Hebdo doit revenir à une certaine "normalité" avec ce n°1179, tiré à 2,5 millions d'exemplaires, et qui marque le retour du journal à un rythme de publication hebdomadaire. "C'est reparti!" proclame sobrement la nouvelle une. Mais après la mort de son directeur Charb et de plusieurs de ses grandes figures (Cabu, Wolinski, Tignous, Honoré...), à quoi va ressembler Charlie ?

"Aujourd'hui, on se dit que la meilleure réponse est de continuer à faire ce journal. On fera ce qu'on sait faire. On ne va pas inventer autre chose. On est un journal satirique et humoristique, on continuera", lançait Riss, blessé dans l'attaque du 7 janvier, quelques heures après sa sortie de l'hôpital le 20. Sans surprise, l'hebdomadaire ne va pas effectivement pas révolutionner sa ligne.

Mais le plus dur est à venir, reconnaît le médecin Patrick Pelloux, collaborateur de longue date de Charlie. "Ce numéro-là, on recommence. Il y a eu les enterrements, il faut qu'on fasse avec l'absence des autres et c'est là que c'est difficile. Ça fait un petit moment qu'on s'aperçoit qu'ils ne sont pas partis en vacances", confiait-il dans un entretien diffusé sur France 5 fin février.

Qui, alors, pour reprendre le flambeau? Bien que la fameuse couverture ait été réalisée par Luz, ce sont surtout des dessinateurs morts durant l'attentat qui étaient à l'honneur dans le numéro du 14 janvier. Mais Riss, Willem et Luz sont désormais plus que jamais les piliers d'une rédaction déjà rajeunie sous l'impulsion de Charb et amputée de ses grandes plumes après le décès de Cavanna en 2014, puis l'attaque du 7 janvier. Mais Babouse, Catherine, Coco et d'autres les accompagnent...

Riss

Riss, alias Laurent Sourisseau, blessé à l'épaule droite dans l'attaque qui a fait 12 morts, était directeur de la rédaction depuis 2009 et codirigeait le journal avec Charb. Pour le numéro du 14 janvier, il a dessiné deux croquis de la main gauche, dont celui ci-dessous.

Connu pour son attachement à la laïcité et son goût pour la provoc', Riss est décrit par Le Monde comme "moins rond que Charb" et ayant des "manières d'ours". Il a participé à la création du nouveau Charlie, avec Philippe Val, en 1992.

Regardez quelques-unes de ses "unes" marquantes :

Dessin de Riss

Quelques couves de Charlies dessinées par Riss

Luz

Auteur de la couverture du numéro du 25 février et de celui des "survivants", qui montre Mahomet, larme à l’œil, brandissant une pancarte sur laquelle on peut lire "Tout est pardonné", Luz a déjà réalisé des caricatures du prophète. En novembre 2011, il a dessiné la "une" du numéro spécial Charia Hebdo, dont la diffusion a été suivie de l’incendie criminel des locaux de Charlie. Il avait ensuite dessiné une autre "une" devenue célèbre: "L'amour plus fort que la haine".

Willem

Il reste le dernier survivant de l'époque Hara Kiri, l'ancêtre de Charlie. Le dessinateur néerlandais n'était pas là le 7 janvier car il n'assiste pas aux conférences de rédaction. À la suite de l'attaque, il avait notamment réalisé un dessin montrant un dessinateur s'exclamant "Charlie Akbar!" pour Libération, journal avec lequel il collabore également.

Comme à son habitude très critique face à l'extrême-droite, Willem s'en était aussi pris au FN, affirmant "vomir sur ceux qui, subitement, disent être nos amis" à l'image de Marine Le Pen, le pape François, Vladimir Poutine ou encore la reine d'Angleterre.

Foolz, Babouse, Catherine, Coco...

Moins connus que les précédents, le journal bénéficie aussi de la collaboration régulière de Walter Foolz alias Foolz, Camille Besse (Besse) ou encore Babouse, qui collabore à Charlie Hebdo depuis 11 ans. Ce dernier a souvent été comparé à Charb, dont il était très proche, pour son style de dessin et a lui aussi caricaturé Mahomet dans le passé.

Parmi la "jeune garde" du journal, on retrouve en outre Catherine (Catherine Meurisse) et Corinne Rey alias Coco. Le 7 janvier, cette dernière s'était retrouvée face aux frères Kouachi en arrivant devant les locaux de Charlie Hebdo. Sous leur menace, elle a dû composer le code qui a permis aux tireurs d'entrer, puis de mener leur attaque dans la salle où se tenait la conférence de rédaction.

Dans le Charlie du 14 janvier, Catherine a notamment tourné en dérision la récupération commerciale née après la mobilisation, notamment avec le mouvement "Je suis Charlie". Auteure d'une double page revenant sur la marche républicaine, Coco est comme Catherine illustratrice et dessinatrice de BD. Elle fait aussi partie de l'équipe qui avait réalisé des caricatures de Mahomet en 2012.

La relève ne sera en tout cas pas facile à assurer et le journal pourrait avoir du mal à trouver de nouveaux dessinateurs de talent prêts à rejoindre l'équipe. "Le vivier des dessinateurs de presse est réduit", explique M le magazine du Monde dans un article consacré au "casse-tête de la reconstruction" à Charlie Hebdo, citant comme explications la crise économique mais aussi, évidemment, l'attaque du 7 janvier.

"Les quelques dessinateurs contactés pour rejoindre la rédaction ont décliné l’offre, explique le supplément hebdomadaire du Monde, citant Riss: "Ils demandent 'Est-ce que je serai obligé d’assister à la conférence de rédaction ?', 'Faut-il que je signe de mon vrai nom ?', et donnent rendez-vous pour dans six mois".

D'autres plumes extérieures ?

Après la mort de la psychanalyste Elsa Cayat et de l'économiste Bernard Maris, qui faisaient aussi partie des "meubles", la question se pose aussi dans une moindre mesure pour les journalistes et chroniqueurs. Fabrice Nicolino, spécialiste écologie, est pour sa part toujours hospitalisé.

Mais Charlie Hebdo pourra compter sur ses journalistes Gérard Biard (le rédacteur en chef), Laurent Léger et Antonio Fischetti, le médecin Patrick Pelloux et d'autres chroniqueurs fidèles comme le comédien Mathieu Madénian, le critique de cinéma Jean-Baptiste Thoret, la chroniqueuse religions Zineb El Rhazoui, Ségolène Vinson, chroniqueuse judiciaire depuis 2012, ou encore Luce Lapin, qui écrit sur la cause animale.

Reste à savoir si Charlie continuer à s'ouvrir aux collaborations extérieures, voire le fera davantage. Dans le numéro du 14 janvier, on retrouvait notamment le dessinateur Jul, un ancien de la maison, ainsi que Riad Sattouf, lauréat du Fauve d'or du meilleur album pour "L'Arabe du futur" lors du dernier festival d'Angoulême, ou encore le politologue Jean-Yves Camus.

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