Bienvenue dans l'univers de Dans la République du bonheur, qui a pris possession de la Cinquième Salle de la Place des Arts jusqu'au 28 février 2015.
On peut d'abord avoir l'impression qu'on va assister à une énième pièce sur les conflits familiaux qui éclatent au grand jour entre une bouchée de dinde et une gorgée de vin. Eh bien non, c'est plutôt un décor décousu de plage - qui rappelle étrangement le décor du restaurant Jardin Tiki, pour ceux qui ont la chance d'y être allé - qui nous fait deviner que non, ce n'est pas ce soir qu'on aura droit à du convenu.
En plein repas de Noël, une famille reçoit la visite inattendue de l'oncle Bob (David Giguère, méconnaissable) et de Madeleine (toujours aussi talentueuse Eve Landry). Et hop, ça éclate. Les sentiments de haine, l'absurdité de l'existence, l'hypocrisie des convenances... Ça donne lieu à un ballet étourdissant, fou, éclaté, d'individus qui assument enfin toute leur folie, leur mal de vivre aussi.
Entre exclamations, chansons, pas de danse, colères, amour, gestes incongrus, phrases hachurées qui passent du coq à l'âne (c'est le cas de le dire), on est emporté, littéralement subjugué par le texte de Martin Crimp, qui a été adapté et mis en scène par Christian Lapointe.
À force d'être interdit, surpris de tout bord tout côté, constamment, on en vient tout de même à se demander si l'absurdité, le manque d'unité de la pièce, ne sont pas tombés dans l'hermétisme. Un hermétisme totalement entraînant, s'entend. Mais un peu frustrant, puiqu'on peut avoir l'impression de ne pas être totalement dans le trip, qui semble libérateur à souhait pour les excellents comédiens.
Quà cela ne tienne: on regarde, on essaie d'embarquer dans le bateau, en laissant la grisaille de février loin derrière. À voir!
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