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Radio-Canada blâmée pour un reportage sur le mari de Pauline Marois

Radio-Canada blâmée pour un reportage sur le mari de Pauline Marois
PC

Le Conseil de presse du Québec, le tribunal d'honneur des journalistes, a blâmé Radio-Canada pour la diffusion d'un reportage diffusé en pleine campagne électorale qui associait le mari de Pauline Marois à une campagne de financement à l'aide de prête-noms.

Le reportage du journaliste Alain Gravel, intitulé «Claude Blanchet aurait sollicité des firmes de génie-conseil», affirmait que Claude Blanchet a sollicité des firmes de génie-conseil pour financer la campagne à la chefferie de sa conjointe en 2007, de même que pour son élection en 2008. Ces mêmes firmes, poursuivait le reportage, ont eu recours à des prête-noms.

Si le CPQ reconnaît ces deux affirmations, le tribunal d'honneur reproche au journaliste d'avoir laissé entendre que le conjoint de Pauline Marois savait que le financement provenait de prête-noms. Ce lien était établi par une seule source anonyme.

«Considérant qu’une seule source, anonyme de surcroît, affirmait que M. Blanchet ait pu commettre des gestes allant à l’encontre des règles entourant le financement électoral, que cette information n’est validée par aucune autre source indépendante et finalement que le contexte électoral commandait la plus grande rigueur journalistique, le Conseil juge que Radio-Canada et son journaliste Alain Gravel ont fait preuve d’imprudence en publiant l’accusation voulant que M. Blanchet savait clairement que la loi électorale serait contournée par l’usage de prête-noms et donc qu’il se serait rendu complice d’une entorse à la loi sur le financement électoral», écrit le CPQ dans un communiqué.

Le simple fait d'avoir offert un droit de réplique à Claude Blanchet n'est pas suffisant, estime le tribunal d'honneur. «Car il semble évident pour le Conseil que l’auditeur moyen aura essentiellement retenu de ce reportage que M. Blanchet avait quelque chose à se reprocher, alors même que les preuves allant en ce sens sont extrêmement ténues, voire inexistantes», poursuit le communiqué.

«Le Conseil juge donc que Radio-Canada et son journaliste, Alain Gravel, ne devaient pas rapporter les accusations de leur source anonyme voulant que M. Blanchet s’était fait complice d’un stratagème de financement par prête-noms, sachant que celles-ci n’avaient pas été corroborées, et considérant les conséquences potentiellement dévastatrices que de telles accusations pouvaient avoir sur M. Blanchet, Mme Marois et le Parti québécois.»

Le CPQ rappelle que Radio-Canada a l'obligation morale de diffuser sa décision dans un délai de moins de 30 jours.

Au cours d'un bref point de presse, le chef intérimaire du PQ, Stéphane Bédard, a demandé que les responsables de la diffusion du reportage expliquent publiquement leur décision. Stéphane Bédard souhaitent également que la société d'État s'excuse publiquement auprès de son parti et de Pauline Marois.

Pour sa part, Radio-Canada a immédiatement annoncé son intention de faire appel du jugement. Dans un communiqué, la société d'État écrit:

La direction de l'Information de Radio-Canada tient dès lors à affirmer ce qui suit :

  • Contrairement à ce qu'affirme le jugement du Conseil de presse, notre reportage n'était pas fondé sur une source anonyme mais confidentielle. Un affidavit en prouve l'identité et l'indéniable crédibilité.
  • Contrairement à ce que soutient le Conseil, notre reportage s'appuyait aussi sur les révélations d'une autre source toute aussi inattaquable au cœur même du financement occulte et qui confirme en tout point les révélations de notre première source.
  • Troisièmement, une de ces deux sources a témoigné sous serment à la Commission Charbonneau et a confirmé devant les enquêteurs et procureurs tout ce que notre reportage a révélé.
  • Enfin, la direction de l'Information de Radio-Canada tient à rappeler que le droit à l'utilisation des sources confidentielles a été reconnu par la Cour suprême du Canada et que sans celles-ci, ENQUÊTE n'aurait jamais pu révéler l'ampleur du scandale dans l'industrie de la construction au Québec et de la collusion régnant dans ce milieu.

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