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Intégrisme religieux: Philippe Couillard rejette les propositions de François Legault

Intégrisme: Couillard rejette les propositions de Legault
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Devant l'insistance de la Coalition avenir Québec, Philippe Couillard demeure imperturbable : le premier ministre estime que ce n'est pas en instaurant de nouvelles balises ni en modifiant la Charte des droits et libertés de la personne que les autorités de la province lutteront plus efficacement contre l'intégrisme religieux.

M. Couillard a opposé une fin de non-recevoir, mardi, aux demandes de la CAQ, qui réclame des mesures concrètes, notamment pour mieux outiller les maires des municipalités de la province en la matière.

Pour le chef de la CAQ, François Legault, les maires des municipalités québécoises sont placés dans « des situations intenables » parce qu'ils ne disposent pas de balises pour lutter efficacement contre l'intégrisme religieux. Pour remédier à la situation, François Legault proposera demain à l'Assemblée nationale une motion pour l'établissement de mesures concrètes afin d'assurer le respect des valeurs québécoises.

M. Legault, accompagné de la députée de Montarville et porte-parole en matière de laïcité, Nathalie Roy, a expliqué ses intentions lors d'une conférence de presse mardi.

« C'est important de baliser ce qui devrait être fait ou ne pas être fait. Qui peut blâmer un maire d'avoir refusé une mosquée? Les maires sont laissés à eux-mêmes. Où trace-t-on la ligne? Justement, si on veut protéger la communauté musulmane [...]. Ça fait quand même sept ans que le rapport Taylor-Bouchard a été déposé. Rien n'a été fait. [...] Les Québécois sont inquiets. »

— Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault

Le chef de la CAQ cite de récents événements qui ont suscité l'inquiétude des Québécois : par exemple, le cas de Hamza Chaoui, cet imam qui souhaitait ouvrir dans Mercier-Hochelaga-Maisonneuve un centre communautaire islamique destiné aux jeunes. Ou encore le cas de la mairie de Shawinigan, qui a refusé de modifier le zonage d'un terrain dans le parc industriel pour permettre l'implantation d'une mosquée.

« Les groupes qui prêchent le déni des valeurs québécoises devraient perdre leurs exemptions fiscales », propose François Legault en guise de mesures pour outiller les municipalités qui font face à des demandes de la part de groupes jugés intégristes. Comme autre mesure, M. Legault pense qu'il faudrait mettre à jour la Charte des droits et libertés de la personne, qui date de 1975.

« Je lui souhaite bonne chance » - Philippe Couillard

Il y a fort à parier que la motion de la CAQ ne recevra pas l'appui des troupes libérales. Car le premier ministre, lors d'un impromptu de presse mardi, a affirmé qu'« à vouloir trop baliser, on fait des erreurs ». Quant à l'idée d'amender la Charte des droits et libertés pour baliser la liberté d'expression. M. Couillard a ironiquement souhaité « bonne chance » à M. Legault.

Pour Philippe Couillard, il faut envisager la lutte contre l'intégrisme religieux dans une optique de sécurité d'abord et avant tout. « C'est la sécurité qui est le problème », dit-il, et c'est sur cette base que les maires de Montréal et de l'arrondissement d'Outremont ont agi récemment, d'après lui.

« Ce qui est important, c'est que les élus municipaux aient accès à la Sûreté du Québec, parce que c'est la sécurité qui doit nous préoccuper avant tout pour s'assurer, par exemple, que des groupes qui demandent l'utilisation d'un local fassent l'objet de vérification, afin qu'ils ne présentent pas des risques pour la radicalisation. »

— Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard

De l'importance du dialogue

Dans le cas de Shawinigan, Philippe Couillard se dit convaincu que le dialogue instauré entre les parties portera ses fruits. « C'est compréhensible que les gens ressentent de la crainte, a affirmé M. Couillard. Le maire va dialoguer avec la communauté et le député, et on va sûrement trouver un terrain d'entente. »

Le premier ministre du Québec rappelle qu'il faut faire une démarcation très nette entre la liberté de pratiquer sa religion, qui est tout à fait légitime, quelle que soit la religion, et les dérives du radicalisme religieux qui fait l'apologie du terrorisme. Il ne faut pas faire l'amalgame entre les deux, insiste M. Couillard.

Et, dans la lutte contre l'islamisme radical, Philippe Couillard affirme qu'on « a besoin d'une communauté musulmane organisée, en contact avec le gouvernement et les autorités civiles pour justement être en lien avec la grande majorité des musulmans modérés, des gens pacifiques comme nous qui veulent participer à la prospérité et faire grandir leur famille ».

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