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Le virus d'une guêpe transforme en zombie une coccinelle

Une guêpe a transformé cette coccinelle en zombie

Pas besoin de se faire mordre par un zombie pour en devenir un. La coccinelle maculée peut en témoigner. Une simple piqûre de guêpe et elle n'est plus que l'ombre d'elle-même pendant plusieurs jours. Le responsable? Un virus injecté par la guêpe qui va totalement prendre contrôle de la coccinelle.

Des chercheurs avaient déjà montré que la guêpe en question pouvait faire d'une coccinelle le "garde du corps" de son œuf. Mais on ne savait pas encore comment cela était possible. Une nouvelle étude réalisée par une équipe de chercheurs français et canadiens, publiée dans la revue Proceedings of the Royal Society B, permet de mieux comprendre cet incroyable phénomène.

Larve de guêpe dans l'abdomen de la coccinelle

La guêpe parasitoïde a une vie tout fait normale... jusqu'à ce qu'elle doive pondre ses œufs. Là, sa méthode est un peu radicale. Elle choisit sa cible, une coccinelle maculée, et la pique dans le dos, lui injectant par là-même ses œufs dans l'abdomen. Pendant 20 jours, la larve se développe à l'intérieur de la coccinelle, en se nourrissant de ses réserves. A aucun moment, la coccinelle n'essaye de lutter contre cette intrusion.

A ce stade, on se dit que ça ne pourrait pas être bien pire, mais on a tort. "Après 20 jours, la larve s'extrait de la coccinelle en passant entre deux segments de son dos. La cicatrisation se fait très rapidement", nous explique Nolwenn Dheilly, post-doctorante au laboratoire Interactions hôtes-pathogènes-environnements, co-auteur de l'étude. La larve tisse ensuite un cocon entre les pattes de la coccinelle.

Enfin libérée, au lieu de s'enfuir, la coccinelle adopte alors un comportement étrange. Elle va jouer, pendant environ 15 jours, un rôle de "garde du corps" du cocon, le protégeant des éventuels prédateurs. "Elle est paralysée, mais tressaute et s'agite suffisamment pour dissuader les prédateurs de l'approcher", poursuit la chercheuse.

Pourquoi? Comment se fait-il que pendant deux semaines, la coccinelle reste immobile sur ce cocon, comme si sa propre vie en dépendait? C'est à cette interrogation, entre autres, que l'étude a souhaité répondre.

Le virus qui rend zombie

Les chercheurs ont découvert que cette manipulation ne pouvait se faire sans un troisième acteur, un virus à ARN qu'ils ont nommé Dinocampus coccinellae Paralysis Virus (DcPV).

L'acide ribonucléique (ARN) est une molécule biologique présente dans la plupart des êtres vivants mais aussi dans certains virus, comme c'est le cas ici. Quelques virus, en effet, ne sont pas constitués d'ADN mais seulement d'ARN. C'est le cas, par exemple des virus de la grippe, du sida, d'Ebola... Grâce à de nouvelles techniques, on peut aujourd'hui "séquencer" l'ARN, c'est-à-dire l'analyser en détails.

C'est ainsi que les chercheurs ont pu découvrir le virus. "Nous l'avons repéré, qualitativement et quantitativement, dans la paroi de l'oviducte (conduit entre les ovocytes de l'ovaire et l'utérus, NDLR) de la guêpe, dans ses larves, et dans la coccinelle au cours du développement de la larve", détaille Nolwenn Dheilly. Avant l'intrusion du parasite, ce virus n'était pas présent dans la coccinelle.

C'est donc bien lui, en quelque sorte, le coupable de la zombification provisoire de la coccinelle. Celui-ci, pendant le développement de la larve de la guêpe, entraîne une neurodégénérescence chez la coccinelle. C'est ce qui expliquerait sa paralysie et ses tremblements.

Pour l'instant, les chercheurs ne sont pas certains de la façon dont ce mécanisme se produit, et ils se penchent déjà sur la suite. "C'est comme si le virus avait supprimé les défenses immunitaires de la coccinelle, et que celles-ci se réactivaient, éliminant alors le virus à la fin du processus", souligne Nolwenn Dheilly.

Car une fois le cocon est devenu adulte, bon nombre de coccinelles retrouvent un comportement normal, "entre 30 et 70%", selon elle. Un phénomène extrêmement rare: les cas de parasitismes finissent en effet normalement par la mort de l'animal possédé. Alors qu'ici, le zombie peut revenir à la vie.

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