Une jeune femme de Québec, Mélina Beaudoin, qui vient tout juste de fêter ses 18 ans, est condamnée à 32 mois de prison pour son implication dans un réseau de prostitution.
Un texte de Yannick Bergeron
La jeune femme a plaidé coupable à des accusations de traite de personnes envers cinq adolescentes de 16 ans et 17 ans, en plus d'une accusation de production de pornographie juvénile.
Le printemps dernier, elle a recruté des fugueuses du centre de réadaptation L'Escale pour les amener à se prostituer en Alberta. Elle prenait des photos des adolescentes, plaçait des annonces pour recruter des clients et organisait les rendez-vous.
Même si elle avait 17 ans au moment des infractions, Mélina Beaudoin a reçu une peine pour adulte et ne bénéficie plus de la protection de son identité.
Le procureur de la Couronne, Me José Rhéaume, explique qu'une telle peine s'imposait après avoir pris en compte la gravité et les circonstances du délit, la personnalité de l'adolescente et la peine maximale prévue au Tribunal de la jeunesse.
« Il faut observer si la peine maximale qui peut être imposée au Tribunal de la jeunesse, c'est-à-dire trois ans, serait suffisante pour réadapter et réhabiliter l'adolescente. Si on en vient à la conclusion sur ces critères que la réponse est non, l'assujettissement à une peine pour adulte devrait être imposé. »
Peine clémente selon la juge
La procureure de la Couronne a obtenu un rapport d'évaluation qui recommandait un tel traitement pour la jeune femme qui affichait un air indifférent dans la salle d'audience ce matin.
À la lumière du rapport, l'avocate de la défense ne s'est pas opposée à la peine de 32 mois de prison suggérée par la poursuite. En comptant la détention préventive, il reste à la jeune femme un peu moins de 2 ans à purger, ce qui a laissé la juge Andrée Bergeron du Tribunal de la jeunesse songeuse.
« Elle [la peine] m'apparaît clémente dans les circonstances », a-t-elle déclaré au sujet de la suggestion des avocats.
Elle a rappelé que les victimes, placées par la Direction de la protection de la jeunesse au centre de réadaptation, étaient vulnérables et qu'en les amenant dans l'Ouest, « les jeunes filles étaient encore plus démunies ».
La juge Bergeron a cependant accepté la peine proposée, ne l'estimant pas déraisonnable.
Au tribunal de la jeunesse, les juges font souvent la morale aux jeunes contrevenants au moment de leur imposer leur peine. Toutefois, la juge Bergeron a préféré ne pas appliquer cette pratique.
« J'ai l'impression que mes paroles seraient stériles », a-t-elle laissé tomber.
Délinquante sexuelle
En plus d'être condamnée à la prison, Mélina Beaudoin est inscrite au registre des délinquants sexuels pour les 20 prochaines années.
Elle devra fournir un échantillon d'ADN. La Couronne a également demandé la confiscation des cellulaires et appareils électroniques saisis lors de son arrestation.
Les 1255 $ que la proxénète avait en sa possession sont également confisqués.
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