«La réalité est là, mais nous ne nous voyons pas en elle. Nous ne voulons pas la voir.» Ce sont en ces termes que s'exprime le photojournaliste Czuko Williams, à propos de la société qui, souvent, essaie d’éluder les problèmes sociaux, tels que l’immigration, les expulsions, l’itinérance ou les droits des enfants.
Czuko Williams est l'un des quatre finalistes de la XVIII édition du Prix International de photographie humanitaire Luis Valtueña, organisée par Médecins du Monde qui cette année a mis l'accent sur ces quatre enjeux.
Cette édition, organisée par l'ONG en souvenir de quatre membres de l’organisation assassinés en Bosnie et au Rwanda en 1995 et 1997, a reçu plus de 1700 images prises par 180 professionnels de 25 pays. Une sélection de 39 de ces clichés sont exposés jusqu'au 1er février au CentroCentro Cibeles de Cultura y Ciudadanía de Madrid.
L’exposition inaugurée mardi dernier a réuni les quatre finalistes, et parmi eux le gagnant José Palazón, qui en octobre a réalisé un instantané – devenu viral – intitulé Paysage désolé dans lequel on voit un groupe d’immigrants grimper sur une clôture de Melilla et de l’autre côté, deux joueurs de golf pratiquant leur sport, apparemment impassible.
Andres Kudacki, photographe de l'agence de presse AP et premier finaliste, a participé à cette édition avec une sélection de son travail sur le thème des expulsions intitulé Espagne. Crise du logement national. Expulsions.
Andres Kudacki, qui prend ce type de photos depuis plus de deux ans, avait pris une photo de l'expulsion de Carmen il y a deux mois.
Le troisième finaliste du prix Czuko Williams a quant à lui choisi de traiter le problème de l'itinérance avec une série de clichés réalisée entre Madrid et Barcelone, intitulé Hôtel des étoiles.
Le deuxième finaliste, David Rengel, a participé avec des photos qu’il a prises d’un pays beaucoup plus lointain. Le photographe a découvert au Cambodge un «tourisme sale» comme il a appelé sa série et relate l’absence de droits des enfants. «J’étais dans une décharge et j’ai vu un groupe de touristes arriver et commencer à prendre des photos d’enfants qui travaillaient là, sans aucun respect pour eux», a-t-il dit à propos du moment où il a décidé de prendre les clichés.
«Leur guide m’a dit qu’ils étaient étudiants en médecine et devaient connaître cela. Ils n’avaient pas à les aider», se lamenta-t-il.
Ce article initialement publié sur le Huffington Post Espagne a été traduit de l’espagnol.