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Avant la libération d'Auschwitz en 1945, la «marche de la mort» (VIDÉOS)

Les témoins racontent la «marche de la mort», juste avant la libération d'Auschwitz
Wikipédia

Le 27 janvier 1945, les troupes soviétiques libéraient le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau en Pologne. Alors que survivants et chefs d'Etat commémorent cette date 70 ans plus tard, avec des cérémonies organisées mardi à l'intérieur du camp, il est intéressant de revenir sur une autre journée marquante de cette fin de guerre.

Le 18 janvier 1945, alors que les alliés se rapprochent à grands pas, les SS décident à la hâte d'évacuer le camp. C'est alors le début de ce qui sera appelé plus tard la "marche de la mort". 60 000 déportés encore en vie furent contraints à ce départ d'Auschwitz en plusieurs convois vers d'autres camps de concentration plus à l'ouest tel que Buchenwald, distant d'une soixantaine de kilomètres. Si la plupart des déportés effectuaient le chemin à pied, d'autres ont fait tout ou partie du trajet en train dans des wagons ouverts où beaucoup mouraient de froid.

Parmi les quelque 300 survivants français encore en vie, certains ont témoigné, racontant ces marches qui ressemblaient à tout sauf à un retour à la liberté après plusieurs semaines ou mois enfermé derrière les barbelés d'Auschwitz. Ils racontent ainsi le froid de l'hiver polonais, la faim, la soif, les maladies, les nazis qui tuaient en cours de route les plus faibles qui n'arrivaient pas à suivre la cadence...

Simone Veil a fait partie d'un convoi de 2000 personnes, dont seulement la moitié arriva à destination à Gliwice, non loin du camp de Buchenwald. Elle a témoigné en 1995 sur France2:

"Un certain nombre ont été exécutés. D'autres, dès qu'ils tombaient, mouraient de froid. Je crois qu'il y a eu encore beaucoup plus de gens qui sont morts dans les wagons, les wagons ouverts dans lesquels nous avons circulé durant plusieurs jours, sans avoir pour la plupart ni à manger ni à boire sauf la neige, (...) quand les SS d'ailleurs voulaient bien nous donner de la neige dans les gamelles que nous avions".

"Dans cette marche, alors que beaucoup étaient déjà épuisés (...), il y a eu un instinct de survie qui est quelque chose d'absolument extraordinaire tout de même (...)".

Le cortège, ce "gigantesque mollusque"

Deux autres rescapés d'Auschwitz, Sarah Montard et Jacques Altmann, qui avaient à l'époque 16 et 20 ans, prirent part aux marches de la mort. Dans un reportage de France Télévisions (voir la vidéo ci-dessous), la première explique qu'elle a pu survivre grâce à la présence de sa mère encore vivante à ses côtés, alors qu'elles étaient toutes deux malades du typhus; le second raconte qu'en arrivant à Buchenwald, craignant de se voir dirigé vers le crématoire du camp, il a choisi de se cacher sous une montagne de cadavres dans laquelle il est resté pendant deux jours.

D'autres témoignages sur les marches de la mort au départ d'Auschwitz ont été publiés sur Internet. Un déporté juif, Silvain Kahn, aujourd'hui décédé, raconte "les Allemands (qui) nous faisaient avancer à coup de 'gummi', une espèce de bâton flexible qui faisait affreusement mal. Ils tiraient sur les traînards sans hésiter si bien que notre marche forcée était jalonnée de cadavres."

Serge Smulevic, déporté en 1943, a lui livré un témoignage par écrit, comparant le cortège de sa marche à un "gigantesque mollusque". En voici quelques extraits:

"Imagine-toi, vu du ciel, un gigantesque mollusque sortant de Monowitz (Auschwitz III) le 18 janvier 1945, et mesurant environ six mètres de large sur près de mille cinq cents mètres de long.

Il fait très froid et une neige très fine tombe depuis des heures.

Il règne un silence mystérieux et angoissant.

Le mollusque commence à ondoyer le long de la route, au fil des kilomètres et avance de plus en plus lentement.

L’énorme mollusque va de moins en moins vite, et les anneaux se détachent de plus en plus nombreux.

Puis le mollusque arrive enfin à destination, et s’écroule épuisé par sa longue reptation.

Le lendemain, ce qui reste du mollusque est embarqué dans les wagons découverts d’un train qui prend son départ, sous une neige de plus en plus abondante."

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Auschwitz, 70 ans après (via Radio-Canada)

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