ZURICH - Le secrétaire d'État américain, John Kerry, se rendra au Nigeria pour rencontrer les deux candidats favoris aux prochaines élections présidentielles, un signe que les États-Unis s'inquiètent de possibles violences post-électorales dans le pays déjà ravagé par une vague d'attaques liées à Al-Qaïda.
Aucun haut diplomate américain n'a visité le pays depuis 2012. L'arrêt de quelques heures de M. Kerry à Lagos prévu dimanche fait d'ailleurs entorse à la règle selon laquelle les hauts responsables américains ne doivent pas se trouver dans un pays sur le point de tenir des élections, pour éviter les perceptions de parti pris pour un candidat.
M. Kerry rencontrera séparément le président sortant, Goodluck Jonathan, et son rival, l'ancien général Muhammadu Buharim. Le secrétaire d'État a déjà effectué des visites pré-électorales dans des pays en situation d'instabilité, notamment au Liban en 2009 et en Irak en 2005.
Selon des responsables du département d'État, M. Kerry priera les deux candidats d'accepter les résultats des élections du 14 février et d'encourager leurs supporters à ne pas succomber à la violence. En 2011, la victoire contestée de M. Jonathan a déclenché des émeutes dans le nord du pays qui ont fait environ 800 morts.
Les élections surviennent alors qu'une vague de violentes attaques sont perpétrées par le groupe extrémiste Boko Haram, une filiale d'Al-Qaïda, le même groupe qui, en avril 2014, a enlevé 270 jeunes filles dans une école de Chibok. La plupart d'entre elles sont toujours portées disparues.
La semaine dernière, Boko Haram a revendiqué la responsabilité du massacre de centaines de personnes à Baga, sur les rives du lac Tchad, dans le nord-est du Nigeria.
«Ce conflit est empiré par le chômage important qui rend les jeunes vulnérables au recrutement de Boko Haram, par une population aliénée effrayée qui refuse de coopérer avec les forces de la sécurité, et par une gouvernance érodée qui a permis l'apparition de sanctuaires pour les militants dans le nord-est», détaille un rapport du centre américain des analyses navales.
Le rapport, publié la semaine dernière, désigne la situation de Boko Haram comme une insurrection locale alimentée par un mauvais gouvernement.
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