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Rues piétonnes à Montréal : comment partager la voie?
Radio-Canada.ca

Le concept de rue piétonne est controversé. Les associations de commerçants craignent que le fait de fermer la rue aux automobilistes fera fuir les consommateurs. D'autres pensent au contraire qu'une voie piétonnière fera mousser le commerce local, attirera les clients dans les restaurants et créera un espace apaisant pour les résidents du quartier. Et si la solution se trouvait entre les deux?

Un texte de Étienne Leblanc

Cinq projets de rue piétonne, proposés par les arrondissements, ont été retenus par l'administration municipale de Montréal.

Certains arrondissements proposent de fermer carrément la rue à la circulation automobile. D'autres penchent plutôt pour des projets d'apaisement de la circulation sans fermeture formelle aux automobiles. Cette dernière alternative est celle qui suscite le moins la controverse, mais elle requiert un aménagement plus complexe.

Les zones de rencontre à l'européenne

Le concept de zones de rencontre, de plus en plus appliqué dans les villes européennes, répond aux nombreuses craintes commerciales que suscite la fermeture totale des rues. L'idée est simple. Les voitures ne sont pas interdites, mais elles doivent rouler à vitesse réduite, au maximum 20 km/h, et laisser le passage aux piétons dans toute la zone, sans discrimination.

« Dans la zone de rencontre, le piéton est roi. C'est lui qui a la priorité dans tout l'espace. Les voitures sont tolérées, mais elles doivent sentir qu'elles ne sont pas dans leur espace naturel »

— Jean-François Bruneau, professeur de géomatique appliquée à l'Université de Sherbrooke et membre de la chaire en mobilité durable de l'École Polytechnique de Montréal

Il n'y a aucun modèle unique de zone de rencontre, mais il y a des principes de base pour garantir le succès d'un tel aménagement :

  • Un grand nombre de piétons fréquentent déjà la zone visée.
  • Les repères visuels des automobilistes (traverse pour piétons au coin des rues, feux de circulation, etc.) n'existent plus.
  • Il n'y a plus vraiment de trottoirs; les piétons peuvent se déplacer dans toute la zone et ils ont priorité.
  • La vitesse est limitée à 20 km/h, même pour les transports en commun.
  • Le stationnement y est en principe interdit.
  • La livraison de marchandise peut être permise.
  • Un panneau indique l'entrée et la sortie de la zone.

Plusieurs projets de zones de rencontre sont sur la table à Montréal. L'arrondissement Rosemont-Petite-Patrie souhaite appliquer le concept de « rue partagée » sur la rue Beaubien dans la zone du métro, entre la rue Saint-Vallier et la rue Boyer. Marie-Soleil Cloutier est une experte de la sécurité routière à l'INRS, elle explique les changements qui pourraient être nécessaires sur la rue Beaubien.

D'autres, comme l'organisme Vivre en ville, suggèrent que la nouvelle rue Sainte-Catherine devienne en partie une zone de rencontre.

« On devrait piétonniser complètement la rue Sainte-Catherine dans la partie du centre-ville, et créer des zones de rencontre aux extrémités, près d'Atwater à l'ouest et Bleury à l'est. Ça répondrait ainsi aux besoins de tout le monde »

— Christian Savard, directeur de Vivre en ville

De fait, la rue Saint-Catherine telle que rénovée dans le Quartier des spectacles s'apparente à une zone de rencontre, pour autant qu'on réduise les limites de vitesse des voitures, ce qui n'est pas le cas actuellement.

Le concept des zones de rencontre n'est pas nécessairement une idée propre aux villes européennes. À Montréal, la rue Shamrock, près du Marché Jean-Talon, est inspirée de ce concept, cher au chercheur Jean-François Bruneau, professeur en géomatique appliquée à l'université de Sherbrooke et membre de la chaire en mobilité durable de l'École Polytechnique de Montréal.

L'exemple de Denver

La ville de Denver, au Colorado, a mis en place plusieurs zones de rencontre au centre-ville, au grand bonheur des piétons et des cyclistes. Certaines zones sont partagées seulement le weekend, ou carrément transformées en cyclovia, des rues réservées aux vélos pendant les jours de congé.

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