Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

La popularité de François Hollande rebondit après les attentats, jusqu'à quand?

Jusqu'où la popularité de Hollande peut-elle rebondir?
AFP

L'embellie est trop nette pour ne pas être suspecte. Au lendemain des attentats qui ont endeuillé la France, la popularité de François Hollande reprend des couleurs dans toutes les enquêtes d'opinion. Mais la hausse est particulièrement spectaculaire dans le sondage Ifop pour Paris Match.

C'est en effet un gain de 21 points qu'enregistre le chef de l'Etat, doublant quasiment son score pour atteindre 40% d'opinions favorables. C'est certes moins que Nicolas Sarkozy en janvier 2010 - 2 ans et demi après son élection, il était à 43%- mais ce rebond est historique. "Jamais un président n'avait gagné autant de points", confirme Frédéric Dabi, de l'Ifop.

En ce début d'année, c'est bien la gestion de la crise terroriste par le président de la République qui est unanimement saluée. "Toutes les enquêtes publiées depuis une semaine concordent sur ce point", confirme Yves-Marie Cann, directeur Opinion au CSA. Son institut a d'ailleurs réalisé un sondage pour BFMTV montrant que pour 88% des Français, François Hollande "a bien géré la situation".

"Une forme de réparation entre l'opinion et Hollande"

Yves-Marie Cann note cependant une nuance dans l'ampleur de la progression, selon la question qui est posée aux personnes interrogées. "Le sondage de l'Ifop porte sur la satisfaction de l'action du président alors que d'autres réalisés la semaine passée portaient sur la confiance envers François Hollande. À mon sens, le premier est davantage sensible à l'actualité car le jugement peut porter sur l'action récente alors que la question sur la confiance est plus large et porte sans doute davantage sur l'avenir en englobant les questions économiques et sociales", estime-t-il.

Dans quelle mesure, François Hollande va-t-il pouvoir tirer profit de ce bon résultat? Voilà en effet le véritable enjeu des semaines à venir pour un exécutif qui va jouer une partie importante de son avenir durant l'année 2015. "Il y a une forme de réparation entre l'opinion et François Hollande", a lancé François Kalfon, secrétaire national du PS à l'Emploi et spécialiste des études d'opinion, sur France 3 Ile-de-France.

"Ce n'est pas une surprise", a tenté de minimisé Brice Hortefeux sur iTélé, expliquant qu'en pareille circonstance, "il est logique que l'exécutif soit particulièrement visible". "C'est une bulle spéculative qui, comme toutes les bulles spéculatives, a vocation à éclater quand on reviendra dans une période plus classique. Quand les Français se pencheront sur les questions économiques et sociales, comme le chômage, cette bulle risque d'éclater et l'exécutif pourrait revenir au niveau d'il y a encore quelques jours", a abondé le porte-parole de l'UMP Sébastien Huyghe au cours de son point presse hebdomadaire.

Une embellie débutée dès la fin 2014

Pourtant, en fin d'année 2014 déjà, de premiers frémissements se faisaient sentir dans les sondages d'opinion. Toutes les enquêtes réalisées en décembre faisaient en effet état d'une embellie. Bien que légère, elle n'en était pas moins notable. Après plusieurs mois catastrophiques pour la popularité de François Hollande - il avait ainsi atteint un plancher de 12% de bonnes opinion dans le baromètre YouGov de novembre pour le HuffPost et iTélé - un tel rebond pouvait être jugé mécanique par certains.

"Il y avait déjà des conditions objectives d'un tel rebond, explique cependant Jean-Daniel Lévy, directeur du département politique et opinion d'Harris Interactive. L'image de François Hollande avec commencé à évoluer puisqu'il était jugé plus proche des gens avec notamment des discours plus construits et une parole plus appropriable par l'opinion." "François Hollande redevient François Hollande. C’est-à-dire le personnage politique que les Français connaissent depuis longtemps. Et qui avait disparu. Une personne affable, proche des gens et sympathique", expliquait-il dès la fin d'année sur le site Délits d'opinion.

"Décembre a également coïncidé avec la présentation de la loi Macron. En dépit des débats qu'il peut y avoir sur la question du travail dominical, cette réforme apparaît comme l'une des premières, en matière d'économie, qui ne se traduira pas par de nouveaux efforts réclamés aux Français", ajoute Yves-Marie Cann.

Mais avec les drames de ce début d'année, c'est une autre facette de l'image qui a également changé. Difficile en effet de contester l'idée que François Hollande a définitivement endossé le costume présidentiel. "Il a regagné des points en terme de stature présidentielle en étant capable de prendre décisions nettes et rapides", confirme Jean-Daniel Lévy. "Les Français ne regarderont plus tout à fait ce président de la même manière. Depuis son élection, il y avait un irrespect parfois crûment exprimé à son égard, avec comme dominante l’idée qu’il n’était pas à la hauteur. Même si sa cote redescend, il restera quelque chose de cela. Il sera désormais difficile de lui faire un certain nombre de reproches de manière crédible", confirme au Monde Brice Tinturier d'Ipsos.

Des éléments de réponse dès le mois de février

Rien n'est gagné pour autant pour la relation entre François Hollande et les Français. "D"ici trois ou quatre mois, on sera définitivement fixé mais dès le mois de février, on aura des éléments de réponse, estime Yves-Marie Cann. On peut en effet s'attendre à un correctif à la baisse mais tout dépend de l'ampleur. S'il ne perd qu'un ou deux points, on pourra estimer que le regard de l'opinion a vraiment changé. Si la baisse est plus importante, on devra mettre l'embellie de janvier sur le seul compte des événements tragiques."

"C'est une parenthèse qui va rester provisoire, car l'économie va revenir au galop et c'est au cœur des préoccupations. De plus, on est à une soixantaine de jours des départementales qui vont refabriquer du clivage gauche-droite", affirme Frédéric Dabi.

Il y a en effet un précédent qu'il convient de garder en mémoire. Le premier trimestre 1991 avait été très favorable à la popularité de François Mitterrand. Dans la foulée du déclenchement de la guerre du Golfe, entre janvier et mars, les bonnes opinions à son égard avaient bondi de 19 points. Mais dans le courant de l'été, tout le bénéfice de cette éclaircie avait disparu. "Et les élections législatives de 1993 avaient débouché pour le PS sur la plus forte débâcle de l'histoire de la Ve République", ajoute Jean-Daniel Lévy. Plus que jamais, la prudence est donc de mise.

INOLTRE SU HUFFPOST

La marche républicaine à Paris pour Charlie Hebdo

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.