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« Un tramway nommé désir » : envie, violence, sexualité et folie non censurés à l'Espace GO (ENTREVUE)

« Un tramway nommé désir » : envie, violence, sexualité et folie non censurés
Espace Go

Serge Denoncourt affirme qu’aucune production d’Un tramway nommé désir n’est allée aussi loin que celle qui prendra l’affiche à l’Espace GO, avec Céline Bonnier, Magalie Lépine-Blondeau, Éric Robidoux, Dany Boudreault et Jean-Moïse Martin. Selon lui, le spectacle a été classé « 16 ans et plus », non pas en raison de la présence d’acteurs nus sur scène, mais parce que certains passages de violence sexuelle seront présentés sans censure.

À 8 ans, le metteur en scène est entré en contact avec Un tramway nommé désir, en regardant l’adaptation cinématographique d’Elia Kazan à la télévision. « Je ne comprenais pas de quoi ça parlait, parce que tout était suggéré. Mais je l’ai revu à 10, 12, 15 et 17 ans. Plus je vieillissais, plus je comprenais : les murs et les portes cachaient la sexualité des personnages. On voyait qu’une femme, qui venait de se faire battre par son mari, retournait avec lui. De son côté, il couchait avec la sœur de sa femme enceinte. Mais rien n’était montré. Dans la pièce, j’ai décidé qu’on n’allait rien cacher. Par moment, ça peut être agressant, parce qu’on a affaire à une sexualité très malsaine. »

Sa vision ne se résume pas à une simple représentation scénique de la sexualité, mais plutôt à une exploration du désir et du non-dit. « Je voulais montrer le désir qui vient avant la nudité, le besoin, l’envie d’avoir quelque chose qu’on n’a pas. La vie sexuelle que Stanley et Stella n’ont pas, puisque Blanche est chez eux. Mitch qui n’a sûrement jamais couché avec une femme. Blanche, une nymphomane, qui a fait un détournement de mineur à l’école où elle enseignait, et qui essaie de coucher avec le camelot, Stanley, Mitch, etc. »

En périphérie de l’histoire bien connue de ce grand classique, Denoncourt a inséré des extraits du journal intime de Tennessee Williams, qui interviendra lui-même durant la pièce. « Williams a fait de Blanche DuBois son alter ego. Comme elle, il était alcoolique, il prenait des cachets pour sa dépression, il venait d’une famille du sud des États-Unis et il couchait avec tout le monde. »

« Dans son texte, il parle de sa sexualité et de son désir pour les hommes à travers elle. À l’intérieur de notre production, la création de la pièce est comme un exorcisme pour lui : il devient Blanche jusqu’à ce que le personnage soit créé et qu’il puisse se débarrasser de ses démons. »

Selon le créateur, l’aspect homoérotique du texte devait être illustré sans détour. « En 2015, c’est difficile de monter Un Tramway nommé désir en faisant fi de ça. Stanley Kowalski est un fantasme de Tennessee Williams. Il a écrit ce qui l’excite le plus. »

Faire table rase du passé

Le propos de la pièce confronte notre conception de la réalité, mais l’œuvre demeure enveloppée de poésie. « Dans le texte, tout est très écrit. Quand on parle d’un tramway qui glisse sur les rails, le symbole est gros comme le monde. On a affaire à quelque chose de bien plus grand que nous. Dans la scénographie, on a élaboré un lieu sans mur, un espace éclaté, avec une affiche du film un peu vieillie, pour laisser entendre que l’œuvre de base appartient au passé et qu’on se donne le droit de remettre en question ce qui a été fait. »

À ce sujet, Denoncourt souligne que Céline Bonnier est l’une des rares actrices avec qui il pouvait s’approprier la pièce et la faire évoluer. « Contrairement à 70 % des comédiennes qui rêvent de jouer Blanche DuBois et qui ont déjà leur idée sur l’œuvre, Céline n’a jamais eu ce désir. Elle est partie avec une page blanche en essayant de comprendre les motivations du personnage et en acceptant mes propositions.

Celle avec qui le metteur en scène a triomphé il y a trois ans dans Christine, la Reine-garçon, compose une Blanche à la fois féminine, hypersexuée et fragile. « Blanche est constamment dans la séduction et dans la panique de se faire prendre. Elle est en cavale, après avoir détourné le jeune garçon. Elle a perdu la maison familiale. Elle a envie de fourrer avec des gars dans la ruelle. Elle a peur d’être prise en train de draguer le mari de sa sœur. Elle est sans cesse traquée et elle n’arrive pas à vivre avec ce stress. Si bien qu’elle pète les plombs et elle finit par traverser le miroir vers la folie. »

« Un tramway nommé désir » sera présenté à l’Espace GO du 20 janvier au 14 février 2015. Cliquez ici pour plus de détails.

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