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«Unité 9» vue de l'intérieur: un webdocumentaire sur la vie des femmes en prison

«Unité 9» vue de l'intérieur
Capture d'écran

Les nombreux fidèles d’Unité 9 – plus de deux millions de téléspectateurs suivent toujours religieusement chaque semaine les tumultes qui secouent les murs de Lietteville, trois ans après les débuts de la série – n’auront pas que de nouveaux épisodes mettant en vedette Marie (Guylaine Tremblay), Jeanne (Ève Landry), Shandy (Catherine-Anne Toupin) et les autres à se mettre sous la dent cet hiver.

Dès mardi, alors que l’émission sera de retour à Radio-Canada après la pause des Fêtes, Unité 9 – le webdocumentaire sera mis en ligne sur le site Internet déjà très populaire de la fiction signée Danielle Trottier, produite par Fabienne Larouche.

En guise de complément à l’univers dépeint au petit écran, dans des capsules de quatre à six minutes, conçues par la réalisatrice Hélène Choquette, 13 femmes âgées entre 30 et 68 ans, qui ont toutes connu la vie en prison ou y sont actuellement, se confient à visage découvert sur l’impact que leurs gestes, puis leur incarcération, a eu, non seulement sur leur vie à elles, mais aussi sur celle de leurs proches. Seulement deux d’entre elles parlent sous le couvert de l’anonymat.

Comment peut-on être une mère et une amoureuse lorsqu’on a écopé d’une peine de prison à vie? Comment explique-t-on à de jeunes enfants que leur tante ne vit pas en liberté comme le reste du monde? Quelles sont les blessures émotives qui mènent à un tel destin? En racontant des parcelles de leur existence, les femmes s’ouvrent et partagent un pan de leur intimité pour qu’on comprenne mieux leur réalité, loin d’être rose.

Les visages d’Unité 9 – le webdocumentaire ont été recrutés par le biais d’organismes venant en aide aux femmes judiciarisées et du Service correctionnel du Canada. Parmi eux, deux sont en détention à l’Établissement Joliette pour femmes, une l’est à Orsainville, tandis que quatre complètent leur sentence à vie dans la communauté. Les autres ont obtenu leur libération conditionnelle. Il a fallu plusieurs mois à Hélène Choquette et la boîte Aetios pour avoir accès aux femmes, les normes de sécurité étant très strictes.

Les tournages des vidéos ont eu lieu à Joliette, entre juin et décembre dernier, et un montage sera diffusé à la télévision à la fin de la saison, en guise de «25e épisode» d’Unité 9 de 2014-2015.

Les témoignages livrés à la caméra sont authentiques, poignants, bouleversants. Une détenue a été emprisonnée 46 fois à la Maison Tanguay et, à travers les rechutes et les allers retours au pénitencier, a mis au monde une fille handicapée et est parvenue à «devenir une mère». Une autre, d’abord dépendante à héroïne lorsque son père l’a abandonnée sur le bord d’un chemin de fer d’Hochelaga-Maisonneuve, s’est ensuite accrochée à la morphine. Complètement seule, elle n’a jamais reçu de visite pendant son séjour en prison. Aujourd’hui, cette «petite bête sauvage», comme elle se définit elle-même, peut compter sur un amoureux et un dernier client restant de sa vie passée d’escorte, un poète. Une autre avoue sans amertume que sa sentence à vie fait en sorte qu’elle «appartient au gouvernement», et qu’il en sera ainsi jusqu’à ce qu’on prélève ses empreintes à la morgue.

Non identifiées

Par contre, si vous entendrez des bribes de leur expérience, vous ne saurez ni le nom de ces femmes, ni la nature du crime qu’elles ont commis pour se retrouver derrière les barreaux. Ce n’était pas là l’angle que l’équipe de production souhaitait accoler au projet.

«On ne voulait pas parler de leur délit, précise Hélène Choquette. Il y a déjà tellement d’émissions qui nous parlent de crimes et racontent comment ça s’est passé, comme Un tueur si proche. Bien sûr, on est tous curieux de savoir ce qu’elles ont fait, mais nous, on ne voulait pas les entendre comme ça. Dans le webdocumentaire, il y a des meurtrières, mais aussi des femmes qui ont un jour commis un impair de jeunesse, de toxicomanie, d’alcool au volant. Il y a des délits plus petits que d’autres.»

«En contrepartie, il y avait aussi le défi de ne pas en faire des héroïnes, nuance la cinéaste. Ces femmes-là ont quand même commis des crimes et ont fait des victimes. On voulait principalement leur dire : au-delà de vos méfaits, vous êtes des mères, des amies, des femmes ; parlez-nous d’un lien familial, de ce que vous avez vécu avec votre famille, vos amis, pendant que vous étiez en prison.»

«De toute façon, c’est toujours lourd de sens, renchérit Fabienne Larouche. Quand une femme dit qu’elle a eu une sentence de 25 ans, on comprend qu’il y a eu mort d’homme. Mais on avait la volonté d’aller ailleurs. On ne voulait pas que ça devienne des objets de cirque.»

C’est également pour ne pas attiser la curiosité malsaine qu’on a choisi de ne pas identifier les interviewées, pour ne pas alimenter les recherches à leur sujet sur Google et les commentaires méprisants à leur endroit sur les réseaux sociaux et dans les forums de discussion.

«Ces femmes-là existent et on ne voulait pas leur nuire, souligne Hélène Choquette. Quand on a mis les publicités sur le site web d’Unité 9, on a atteint 65 000 vues ; c’est fascinant. En documentaire, sur le web, c’est sans précédent. Beaucoup, beaucoup de gens vont voir ces capsules, et on n’avait pas envie que les gens fassent le procès de ces femmes-là. Elles ont purgé leur peine, ont vécu leur procès, ont souvent payé lourd ce qu’elles ont fait.»

Sans répit

Par ailleurs, que doit-on attendre d’Unité 9 d’ici à ce que le printemps se pointe le bout du nez? Danielle Trottier, à qui on doit toutes les intrigues, était à l’extérieur du pays lors du visionnement de presse où étaient projetées quatre capsules du webdocumentaire ainsi que l’épisode de mardi, mais Fabienne Larouche se retenait pour ne pas trop parler devant les journalistes, visiblement excitée par ce qui s’en vient. «Intense et dense», sont les mots utilisés par la productrice pour décrire les scènes qui s’enchaîneront au fil des semaines. «C’est une série qui ne relâche pas, indique-t-elle. Danielle est inspirée, et Jean-Philippe Duval (réalisateur d’Unité 9), a fait un travail incroyable!»

On n’aura pas à attendre trop longtemps pour renouer avec le feu de l’action. Demain, une intrigante nouvelle infirmière au décolleté plongeant, Gwendoline Bachand (Patricia Larivière), fera une entrée remarquée, pendant que Georges (Paul Doucet) exprimera de façon très claire à Marie sa blessure évidente devant son mariage avec Benoît (Patrice L’Écuyer). Le reste de l’heure tournera autour de Jeanne, Agathe (Mariloup Wolfe), Mélissa (Mélanie Pilon) et d’une Caroline (Salomé Corbo) plus agressive que jamais. Il y aura du chantage, de la manipulation et de la tricherie grave mais, hélas, on ne peut vous en dire plus. Consolation pour les irréductibles : on peut déjà confirmer qu’Unité 9 reviendra pour une quatrième saison à Radio-Canada l’automne prochain.

Unité 9, mardi, à 20h, à Radio-Canada, dès le 13 janvier. Unité 9 – le webdocumentaire sera en ligne mardi.

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