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2015: la FTQ se mobilise et exige que l'on repousse l'équilibre budgétaire

2015: la FTQ exige que l'on repousse l'équilibre budgétaire
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MONTRÉAL - Une autre centrale syndicale monte aux barricades pour demander au gouvernement québécois de reporter d'un an ou deux le retour à l'équilibre budgétaire.

Dressant le bilan de l'année 2014 et abordant les enjeux pour 2015, le président de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), Daniel Boyer, a estimé dimanche qu'un report «raisonnable» du déficit zéro serait souhaitable, alors que certains économistes évoquent la possibilité que le Québec se dirige vers une récession en raison, notamment, des coupes «à la vitesse grand V», dit-il, dans les services publics.

Une telle suggestion avait aussi été avancée vendredi par la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), première grande centrale syndicale à faire l'exercice des bilans et perspectives.

Interrogé sur le fait qu'un tel report signifie automatiquement un accroissement de la dette que devra assumer la prochaine génération, M. Boyer avait une réponse toute prête.

«Au contraire, a soutenu le chef syndical, on doit laisser à la prochaine génération les services que l'on a et que le gouvernement est en train de charcuter à grands coups dans le secteur public», a-t-il martelé.

Il a cité des «fleurons» comme les Centres de la petite enfance (CPE). «Ils font l'envie de parents au Canada anglais et même de parents américains. Nos enfants paieront beaucoup plus pour ce service», a déploré Daniel Boyer.

Alors que le gouvernement du Québec dévoilera son budget dans environ deux mois, la FTQ a plaidé pour une large négociation avec tous les grands acteurs de la société pour examiner des options budgétaires différentes.

La centrale syndicale souligne l'importance de réviser la fiscalité des grandes entreprises et d'implanter au plus tôt des mesures de stimulation de l'économie.

L'année de tous les dangers

La FTQ et ses syndicats affiliés sont aux aguets alors que débuteront bientôt les véritables négociations en vue du renouvellement du contrat de travail des 550 000 employés de l'État, contrat qui vient à échéance à la fin de mars 2015.

M. Boyer a qualifié l'offre de Québec de «méprisante». Déposée à la mi-décembre, elle comporte un gel des salaires pour les deux premières années et une hausse d'un pour cent pour chacune des trois autres années du contrat proposé de cinq ans.

Québec demande aussi des modifications concernant les tâches des employés, dont les enseignants.

«C'est bien beau d'ajouter deux élèves par classe, mais déjà, l'enseignant a de la difficulté à faire face à la musique. On fait le pari que de plus en plus de Québécois diront qu'ils n'ont jamais voté pour ça», a affirmé M. Boyer, une allusion au populaire slogan contre le projet de «réingénierie» de l'État du gouvernement Charest, lancé il y a plus de dix ans mais finalement renvoyé aux calendes grecques.

«Les employés de l'État ont déjà un retard de 7,6 pour cent, en termes de rémunération globale (salaires et avantages sociaux compris), avec les autres travailleurs. Avec la proposition de Québec, le retard doublerait après cinq ans. Imaginez les problèmes de rétention du personnel. Les gens seront de moins en moins intéressés à travailler dans le secteur public», a averti le chef de la FTQ.

Bataille musclée

Daniel Boyer prévient le gouvernement que ses membres sont prêts à la mobilisation. Il a fait savoir qu'en certains endroits, lors d'une tournée des régions, des syndiqués se sont dit prêts à aller «très loin».

«Certains sont prêts à défier une loi spéciale et des décrets. Dans trois ou quatre régions, des membres m'ont même demandé si j'étais prêt à aller jusqu'en prison pour défier les décisions que prendraient le gouvernement Couillard», a confié le leader syndical.

Des batailles musclées entre des syndicats et l'État québécois, surtout dans les années 1970 et 1980, avaient en bout de piste débouché sur des amendes salées pour des organisations syndicales et même des séjours en prison pour des chefs syndicaux.

Un ex-président de la FTQ, Louis Laberge, avait dû prendre le chemin des cellules de la prison d'Orsainville (maintenant le Centre de détention de Québec) en 1972 pour cause de «désobéissance civile» à la suite d'une bataille difficile avec le gouvernement Bourassa de l'époque, en faveur du 100 $ minimum par semaine pour chaque employé de l'État. Marcel Pepin, alors président de de la CSN, et Yvon Charbonneau, leader de la CEQ, avaient eux aussi goûté à la même médecine.

Mais même si la FTQ ne se fait guère d'illusions, elle invite d'emblée le gouvernement à entreprendre un dialogue.

«On veut qu'il négocie de bonne foi, a plaidé Daniel Boyer. Et il y a assez d'espace pour négocier. On est à des années-lumière en termes d'offres et de demandes. On sait qu'on devra exercer des moyens de pression pour faire valoir le bien-fondé de nos revendications», a-t-il martelé.

Mais même si la FTQ (et la CSQ) plaide pour une ouverture de la part du gouvernement, elle prépare la guerre sur le terrain.

Des organisations syndicales ont déjà élaboré un premier jet en terme de mobilisation et ce, jusqu'en juin. Et au cours des deux prochaines semaines, des centrales peaufineront leur stratégie avec d'autres groupes de la société (associations étudiantes, groupes de femmes, écologistes, etc.) dans le cadre de la lutte contre l'austérité, a dit M. Boyer, ce qui laisse présager un semestre pour le moins «houleux».

On a pu apprendre que dans un premier temps, des travailleurs syndiqués (santé, éducation, etc.) iront faire des visites de courtoisie dans les bureaux de députés libéraux.

«On fera poliment des visites à des députés et ministres libéraux pour leur faire comprendre nos inquiétudes, nos demandes. On va les interpeller de façon démocratique», a précisé Daniel Boyer, ne souhaitant surtout pas des coups d'éclat comme le saccage à l'hôtel de ville de Montréal, survenu en août, ayant conduit à des suspensions et au congédiement d'employés municipaux.

La mobilisation se fera aussi au niveau fédéral, la centrale voulant tout faire pour empêcher la réélection du gouvernement Harper en octobre. Dans chaque circonscription, elle devrait ainsi appuyer le candidat ayant le plus de chances de battre le conservateur.

Lundi, ce sera au tour de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) à faire son bilan de l'année qui vient de prendre fin et de formuler ses perspectives pour 2015.

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