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Notre top 10 des meilleurs films de l'année 2014 (PHOTOS)

Notre top 10 des meilleurs films de l'année 2014 (PHOTOS)
Courtoisie

Poétiques, impressionnants, touchants, tapageurs, voici les œuvres qui ont marqué l’année 2014. Notre journaliste cinéma nous dévoile ses dix coups de cœurs de l’année.

1. NYMPH()MANIAC – VOLUME 1 et 2

Notre top 10 des meilleurs films de l’année 2014

1 – NYMPH()MANIAC – VOLUME 1 et 2

Attention, films-chocs. Le très provocant (et incompris?) Lars von Trier livre avec Nymph()maniac, deux longs métrages sulfureux racontant sous la forme d’une véritable chronique, les exploits orgiaques d’une nymphomane dépravée, mais surtout très triste.

Le cinéaste danois persona non grata depuis qu’il a fait scandale au Festival de Cannes de 2013 après des propos interprétés comme pro-nazis, récidive dans l’esclandre avec ce diptyque porno guidée par la frustration d’une femme (excellente Charlotte Gainsbourg) en perpétuelle insatisfaction sexuelle.

Mais derrière ce décor lubrique et froid dans lequel se dissimulent les mystères de l’orgasme féminin, l’auteur de Melancholia enfante au forceps une œuvre puissante où le malaise côtoie le grandissime. Un chef-d'œuvre.

2 – LA VÉNUS À LA FOURRURE

Adapté d'une pièce de l’Américain David Ives, lui-même s’étant inspiré du fameux roman érotique de Sacher-Masoch (1880), le 21e film du grand Roman Polanski met en scène un duo d’acteurs exceptionnels, Emmanuelle Seigner et Mathieu Amalric, dans un huis clos à la fois sophistiqué, cauchemardesque et burlesque.

Tout commence pourtant assez candidement, jusqu’au moment où par un judicieux jeu de pouvoir, les rôles ambigus entre un metteur en scène et sa mystérieuse comédienne s’inversent pour mieux se brouiller. Pervers et diabolique, La Vénus à la fourrure est un film purement jouissif.

3 – PRIDE

Direction l’Angleterre sous les années de plomb imposée par l’insensible Margaret Thatcher. En 1984, un groupe de militants homos de Londres décide de récolter de l’argent pour venir en aide aux familles des mineurs du Pays de Galles, alors en grève.

La mobilisation n’est d’abord pas si évidente, puisque les deux communautés ne vivent pas les mêmes réalités. Toutefois, elles subissent l’ostracisme d’un pouvoir en place qui ne cesse de les humilier. Ainsi, s’uniront-elles pour défendre leur cause.

Homme de théâtre, converti au cinéma, Matthew Warchus réalise ici une chaleureuse comédie sociale à l’anglaise portée par une distribution hors pair. Présenté à Cannes dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs, Pride retrace l’histoire vraie et méconnue entre des individus que tout sépare, mais liés par la solidarité humaine. C’est plein de bonne humeur contagieuse, de charme et c’est surtout une superbe leçon de tolérance.

4 – UNDER THE SKIN

Glaçant et tout simplement inoubliable, ce superbe film de science-fiction signé Jonathan Glazer est un véritable ovni cinématographique. Au fil d’un récit crève-cœur pour toutes ces victimes anonymes, des hommes seuls perdus dans la nuit de Glasgow, on découvre les virées nocturnes d’une étrange femme (admirable Scarlett Johansson) au volant d’une camionnette à la recherche de ses proies. On comprend d’ailleurs assez vite qu’elle n’est pas humaine.

Alors, qui donc se cache derrière cette créature placide dont les missions meurtrières semblent être la commande d’une force supérieure? Tout dans ce long métrage audacieux et mystérieux subjugue. Film expérimental qui dénonce la solitude des villes, la pauvreté des sentiments et surtout le mensonge des apparences, Under the Skin est un film-expérience. Superbe!

5 – THE GRAND BUDAPEST HOTEL

L’inimitable Wes Anderson (La Famille Tenenbaum, À bord du Darjeeling Limited) n’a jamais manqué d’ambition. La preuve encore avec le nostalgique The Grand Budapest Hotel, grand prix du jury au festival de Berlin. Situé dans une vieille Europe au bord de la destruction fasciste, ce chef-d’œuvre d’une admirable élégance fourmille en personnages singuliers joués par un casting cinq étoiles.

Le dandy texan livre un film complexe que son allure kitsch à souhait n’aura pas réussi à gommer. À travers l’amitié de Gustave H. (Ralph Fiennes à son meilleur) pour son jeune garçon d’étage Zéro Moustafa, le réalisateur américain nous parle de la barbarie des hommes précipitée par la grande et funeste marche militaire de l’entre-deux-guerres. Ce qui avait commencé dans une fantaisie fantasmée se termine par l’horreur la plus abjecte. Difficile de ne pas verser une larme.

6 – NIGHTCRAWLER

Dans un contre-emploi parfait, Jake Gyllenhaal (sérieux candidat à la prochaine cérémonie des Oscars) s’est physiquement métamorphosé. Amaigri, il porte néanmoins le film à petit budget sur ses épaules avec son interprétation hallucinante et hallucinée d’un caméraman prédateur qui n’hésite pas à filmer des scènes de crimes sans se soucier d’éthique professionnelle et les vend à une productrice de télévision, prête à tout pour conserver son boulot (suave et mystérieuse, Renee Russo).

À l'aide d'un scénario béton et d'une mise en scène efficace, Nightcrawler (Le rôdeur en version française) – le premier long métrage du scénariste Dan Gilroy – est un fascinant thriller urbain ancré dans un Los Angeles sordide et vil. Cité des anges le jour, cité des démons la nuit, les citoyens de L.A sont montrés avides du billet vert, jusqu'à se perdre corps et âme. Critique ouverte sur une Amérique charognarde obnubilée par la violence et le voyeurisme.

7 – MR. TURNER

Il aura fallu patienter jusqu’aux dernières semaines de décembre pour découvrir l’un des films les plus remarquables de l’année, fruit du vétéran Mike Leigh. Mr. Turner, aussi rude et classique qu’il puisse paraître, est à couper le souffle.

Fresque vivante et étourdissante sur les vingt-cinq dernières années du génial peintre William Turner, le long métrage historique est filmé comme ses tableaux: il est lumineux, sauvage et incandescent. On en sort bouleversé.

Signalons au passage, la prestation particulièrement sentie de Timothy Spall, lauréat du prix d’interprétation masculine à Cannes dans les habits de l’artiste au physique ingrat.

8 – CITIZENFOUR

Documentaire-choc, Citizenfour – pseudonyme utilisé par Edward Snowden – est en soi un tour de force. Chaque scène filmée par Laura Poitras est le témoignage en direct, quasiment minute par minute, des révélations fracassantes de Snowden au journaliste du Guardian. On croirait presque le surprendre dans une chambre quelconque d’un hôtel de Hong Kong où il s’est caché.

Héros pour les uns, traître pour les autres, Snowden est la personnalité de ce début du siècle pour avoir mis au grand jour l’étendue des programmes d’écoutes et de surveillance de la NSA américaine. Il a conscience que ses révélations le pousseront à l’errance. Il s’est depuis réfugié en Russie.

Le docu d’une précision chirurgicale s’intéresse à la genèse. Il s’attarde sur les quelques jours qui précèdent les révélations. Sous ses apparences d’éternel étudiant, Snowden n’est qu’un citoyen américain parmi d’autres. Inconnu du grand public, il prédit son avenir avec acuité. Il sait que cette grande démocratie qu’est l’Amérique lui fera payer cher son affront. Une œuvre comme un grand coup dans nos certitudes.

9 – LE VENT SE LÈVE

L’opus testamentaire de Hayao Miyazaki – présenté en compétition à la Mostra de Venise – nous projette dans les années 30 au cœur des rêves d’un jeune héros qui ne pense qu’à voler dans le ciel.

Le vent se lève, magnifique titre tiré d'un poème de Paul Valéry, sonne comme un mauvais pressentiment. Les catastrophes ne sont pas loin: la Seconde Guerre mondiale qui frappe à la porte ou le terrible séisme de Kantō.

À 73 ans, le maître du cinéma d’animation s’est éloigné des contes féériques en nous proposant un voyage lyrique, mi-fantasmé, mi-réaliste, dans l’histoire mouvementée de son pays centré sur le destin d’un garçon rêveur qui n’aura jamais cessez d’y croire.

10 – ONLY LOVERS LEFT ALIVE

Chez Jim Jarmusch, l’amour est un voyage campé dans le crépuscule. Ici, la fin d’un monde se vie dans les regards blasés de deux vampires noctambules. Les biens nommés Adam et Eve déversent leur spleen romantique dans les rues de Détroit et de Tanger, bientôt brisé par l’arrivée d’une adolescente assoiffée de sang neuf. Un autre coup du génie Jarmusch.

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