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Procès Magnotta: coupable de meurtre prémédité (VIDÉO)

Procès Magnotta: coupable de meurtre prémédité (VIDÉO)

Luka Rocco Magnotta a été condamné à la prison à vie pour le meurtre prémédité de l'étudiant Lin Jun, mardi, au palais de justice de Montréal. Il ne pourra être admissible à une libération avant 25 ans.

Au terme de huit jours de délibérations, le verdict auquel est arrivé le jury est sans équivoque : Luka Rocco Magnotta est coupable de meurtre prémédité.

Rappelons que les sordides événements qui ont coûté la vie à Lin Jun se sont produits le 25 mai 2012 dans un immeuble de logements du boulevard Décarie.

Luka Rocco Magnotta était aussi accusé d'outrage à un cadavre, de production et de distribution de matériel obscène, d'utilisation de la poste pour envoyer du matériel obscène et de harcèlement criminel envers le premier ministre Stephen Harper et d'autres membres du Parlement. Il a été reconnu coupable de tous ces chefs d'accusation et a reçu les peines maximales pour chacune d'entre elles.

« Je n'ai jamais vraiment douté de ce verdict [...] Il [l'accusé] n'a jamais témoigné, alors c'était très difficile pour la défense d'en arriver à un verdict de "non criminellement responsable". »

— Me Louis Bouthillier, procureur de la Couronne

À la lecture du verdict, Luka Rocco Magnotta a fermé les yeux sans montrer d'émotion.

Le père de la victime a pour sa part tenu à livrer un témoignage une heure après que le verdict eut été rendu : Lin Diran s'est dit satisfait du verdict mais a déploré devoir repartir en Chine sans avoir reçu de réponses ou d'excuses.

Le moment du verdict

Peu avant 11 heures, mardi, les indices indiquant que le jury en était parvenu à un verdict se sont rapidement accumulés, jusqu'à ce que le juge Cournoyer déclare : « le jury est prêt ».

Dans la salle d'audiences le juré numéro 9 s'est levé et a remis une enveloppe à la greffière qui lui faisait face. C'est cette dernière qui a lu le verdict et, quand le mot « guilty » a été prononcé pour le premier chef d'accusation, tous ont su que le sort de Luka Rocco Magnotta était scellé.

Par la suite, le juge Cournoyer a remercié le jury non sans manifester une certaine émotion. Citant Winston Churchill, le magistrat a rappelé que le travail du jury est « fondamental » et qu'il consistait à « se retirer de la passion pour faire valoir les droits de l'accusé ».

Selon Me Bouthillier, dans ce contexte, les chances étaient plutôt minces qu'on en vienne à un verdict de non responsabilité pour cause de troubles mentaux.

« Personne ne pouvait témoigner de l'état de l'accusé au moment de l'infraction. Le jury disposait de peu d'éléments. C'est toujours l'ensemble de la preuve qui doit être soupesée par le jury. »

— Me Louis Bouthillier, avocat de la Couronne

Il faut rappeler que l'Ontarien de 32 ans avait reconnu les faits dès l'ouverture du procès, le 29 septembre dernier. Il avait plaidé non coupable.

Son avocat, Luc Leclair, avait soutenu que Luka Rocco Magnotta devait être déclaré non criminellement responsable pour cause de troubles mentaux. Me Leclair a refusé de s'adresser aux journalistes après le rendu du verdict.

Un appel est à prévoir

Selon le procureur de la Couronne, Louis Bouthillier, il est probable que la défense porte le verdict en appel, puisque c'est ainsi que les choses se passent généralement lorsque l'accusé est déclaré coupable de meurtre prémédité.

« On avait un écrit qui datait de 6 mois avant le meurtre qui était on ne peut plus clair. Et [...] Luka Rocco Magnotta s'était pour ainsi dire pratiqué sur une autre victime, une semaine avant. »

— Me Louis Bouthillier, avocat de la Couronne

Les jurés n'avaient d'autre choix que de rendre un verdict unanime. Selon Me Bouthillier, le fait que le jury ait eu besoin de huit jours de délibérations est « tout à fait dans les normes. Ce n'est pas particulièrement long », a-t-il commenté.

Diran Lin accompagné de son avocat Daniel Urbas et de son interprète

Magnotta coupable de meurtre (23 décembre)

Luka Rocco Magnotta a été arrêté le 4 juin 2012 dans un cybercafé de Berlin. Il avait auparavant résidé à Paris où il était arrivé le 26 mai 2012, en provenance de Montréal.

Lin Jun était un ressortissant chinois originaire de la ville de Wuhan, dans la province du Hubei (centre de la Chine), qui étudiait à l'Université Concordia et se trouvait au Québec depuis juillet 2011.

La petite histoire d'un procès très médiatisé

Pendant 40 jours d'audience, le jury, composé de quatorze personnes, a entendu 62 témoins. Puis, le 16 décembre, il a commencé ses délibérations. À ce moment, deux jurés ont été retranchés parce que la loi prévoit que les délibérations ne peuvent se dérouler qu'à douze.

Le procureur de la Couronne, Louis Bouthillier, avait plaidé que Luka Rocco Magnotta avait planifié six mois à l'avance les crimes pour lesquels il était accusé. Me Bouthillier appuyait son raisonnement sur un courriel que Magnotta avait envoyé au quotidien The Sun, de Londres, le 10 décembre 2011 et dans lequel il annonçait la production prochaine d'une vidéo dans laquelle un être humain serait tué.

Dans son témoignage pour le compte de la Couronne, le Dr Gilles Chamberland, psychiatre, avait remis en doute le diagnostic de schizophrénie reçu par Magnotta au début des années 2000, alors que ce dernier vivait en Ontario. Pour cet expert de la poursuite, Magnotta savait ce qu'il faisait et les crimes dont il est accusé s'expliquent plutôt par des troubles de la personnalité, qui n'impliquent pas de perte de contact avec la réalité.

Or, selon les experts de la défense, les psychiatres Marie-Frédérique Allard et Joel Watts, les troubles de la personnalité peuvent entraîner une psychose qui est de nature à empêcher un accusé de comprendre ce qu'il fait. De l'avis de ces experts, au moment des événements qui ont entraîné la mort de Lin Jun, Luka Rocco Magnotta souffrait de schizophrénie paranoïde.

Au jury qui s'était enquis, le 17 décembre dernier, de savoir si les troubles de la personnalité constituaient bel et bien une maladie mentale au sens de la loi, le juge Guy Cournoyer avait répondu que oui. Restait donc au jury à répondre à la question suivante : dans l'éventualité où Luka Rocco Magnotta souffre d'un trouble de la personnalité, est-ce que ce trouble l'a empêché de distinguer le bien du mal au moment des événements?

Arrestation de Luka Rocco Magnotta

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