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«Les Réal Béland» à Canal D : au nom du père (PHOTOS)

«Les Réal Béland» à Canal D : au nom du père (PHOTOS)
Courtoisie Canal D

Les Réal Béland, ce dimanche, 21 décembre, à 19h, à Canal D. En rediffusion le vendredi 26 décembre, à 10h.

Quand Cher Olivier, la série hommage à Olivier Guimond, a été diffusée, en 1997, Réal Béland se croisait les doigts pour que son papa, Réal Béland père, y soit évoqué. Qu’un comédien lui prête vie, que son nom soit mentionné.

Car c’est à l’époque des Olivier, Manda Parent, Jean Grimaldi et compagnie que l’interprète de Ti-Gus, du duo Ti-Gus et Ti-Mousse, a connu ses années de gloire. On aurait aussi pu parler de lui dans Alys Robi ou Willie, les biographies d’Alys Robi et Willie Lamothe. Encore là, Réal Béland espérait. L’idée de faire un film portant uniquement sur lui n’a jamais été soulevée non plus.

Malheureusement, l’œuvre colossale de cet artiste aux talents multiples, qui a pourtant donné plus de 4000 représentations à travers la province en carrière, a été un peu oubliée à travers les années, entre deux coups de chapeaux aux autres grands du vaudeville et du burlesque. Les moins de 40 ans ignorent peut-être que le créateur du «King des ados» avait un géniteur tout aussi célèbre que lui, qui lui a pavé la voie, sans toutefois même savoir que son fiston suivrait ses traces.

«Il n’y avait peut-être pas d’intérêt financier pour personne à faire un hommage à mon père, reconnaît sans détour Réal Béland. C’est plate comme ça, mais il ne faut jamais oublier que notre métier s’appelle le show-business, et la business est la motivation de 90% des gens dans notre industrie. On oublie souvent les racines, les gens qui sont vraiment des comiques, qui ne sont pas construits par des producteurs et une grosse machine, avec beaucoup de visibilité. Personnellement, ça m’achale un peu, parce qu’on est quand même des artistes, et c’est le plus important, selon moi.»

Par chance, le fils veille à faire briller l’étoile de son père à nouveau. Pour témoigner de l’apport important du «premier» Réal Béland à la culture québécoise, le «second» du nom nous offre le documentaire Les Réal Béland, un magnifique survol du parcours de l’acteur et humoriste qui faisait rire les gens «avec le ventre», et non «avec la tête», aux dires de son garçon.

L’émouvante rétrospective sera à l’antenne de Canal D ce soir, à 19h. Jamais larmoyant, mais très touchant, Les Réal Béland est un cadeau sincère que Réal Béland s’offre à lui-même, à ses proches, mais aussi aux téléspectateurs, qui découvriront une figure importante de la scène québécoise, jusque-là trop méconnue.

Transmettre un héritage

À 43 ans, Réal Béland juge le moment approprié pour mettre sa pudeur de côté et ouvrir l’album-souvenir des siens, en traçant un portrait intime de l’auteur de ses jours. Il y a trois ou quatre ans, la crise de la quarantaine l’a frappé de plein fouet et l’a ramené à son enfance, lui qui est devenu orphelin de père à 12 ans, en 1983. L’urgence de transmettre à sa progéniture l’héritage émotif qui lui a été légué s’est alors fait sentir avec ardeur.

En explorant les archives radio-canadiennes déjà déterrées pour les besoins d’un numéro au Grand Rire de Québec, il y a une dizaine d’années, en allant rencontrer Denyse Émond, alias Ti-Mousse, Réal Béland a trouvé ce qu’il souhaitait dire à propos de cet être qu’il a tant aimé et qui a été un si bon guide pour lui.

À la réalisation, son ami Nicolas Houde-Sauvé lui a suggéré d’impliquer sa femme, Sophie Quérillon, et ses quatre enfants dans le document pour davantage d’authenticité et mieux tracer le pont entre les générations. On suit donc le clan Béland en voiture, alors que Réal est en route vers un spectacle à Saint-Hyacinthe. On assiste à des visionnements familiaux d’archives mettant en vedette Réal Béland père. Et les filles de Réal expriment dans leurs mots ce qu’elles savent de leur grand-père, ce qui confère une grande vérité à Les Réal Béland.

«Je l’ai fait parce que je trouve important que les gens ne l’oublient pas, mais aussi et surtout pour mes filles. Oui, ça me fait quelque chose que mon père soit oublié, mais moi, je ne l’oublierai pas, et ses proches non plus. C’est ce qui compte.»

«Ce que je ne voulais surtout pas, c’était que les gens pensent que je profitais de ça pour me faire du capital, insiste Réal Béland. Je voulais attendre de sentir que j’avais fait mes affaires à moi, que j’avais fait le tour du jardin. Je n’ai pas beaucoup parlé de mon père depuis le début de ma carrière, je n’avais pas envie qu’on me compare à lui. Puisqu’on a un gros écart d’âge, ce n’est pas arrivé. La seule personne avec qui j’ai travaillé qui a côtoyé mon père de près, c’est le producteur Jean Bissonnette. Je collaborais avec lui à l’époque de Piment Fort. Denise Filiatrault l’a aussi croisé, mais la plupart de ceux qui l’entouraient dans le métier sont maintenant décédés.»

De grand-père en filles

La porte qu’entrouvre Réal Béland sur sa vie de famille, en présentant son épouse et sa marmaille à la caméra, lui qui est habituellement si discret, est certainement l’aspect le plus bouleversant de Les Réal Béland. On y découvre un Réal profondément attaché aux femmes de son existence, qui refuse de laisser filer la moindre seconde en leur compagnie, qui revient toujours à la maison après ses prestations, même lorsqu’il est en tournée, pour être présent au réveil des demoiselles.

Âgées de 19, 13, 8 et 7 ans, Charlotte, Juliette, Emma et Béatrice sont de plus en plus conscientes de la notoriété de leur grand-papa, qu’elles n’ont pas connu.

«Pour les deux plus petites, c’est encore un peu abstrait, mais elles savent qu’elles ont eu un grand-père vraiment le fun, explique Réal. Mes filles ressemblent beaucoup à mon père. Elles sont timides, réservées, sauvages, et elles ont le sens artistique au maximum. Toutes des caractéristiques que mon père avait.»

«Mais ça ne veut pas dire qu’elles ne monteront jamais sur scène. Moi, quand j’étais petit, personne n’aurait cru que je pouvais faire ça. Unanimement, tout le monde disait que je ne serais jamais humoriste, même Denyse Émond. Mon père se disait probablement que je serais musicien, parce que j’ai commencé à jouer du piano à l’âge de quatre ans. Jeune, je jouais de plein d’instruments. Et mes filles me ressemblent. Celle de 13 ans est hyper timide dans la vie mais, quand elle fait des exposés oraux, ses profs sont épatés…»

Quelles qualités de son père Réal Béland retrouve-t-il en lui-même?

«De faire passer la famille avant le métier. Quand mon père est décédé, j’avais 12 ans, et mon parrain, qui était mon voisin, est lui aussi décédé six mois après. Ça m’a donné un gros coup, une envie de vivre toutes sortes d’affaires, mais ça m’a aussi enlevé une confiance. Je sais que tout peut arriver n’importe quand, que tout peut changer rapidement. C’a été un choc, et ça m’a fait voir la vie d’une autre façon…»

Et que penserait Réal Béland père de l’humour, à l’aube de 2015 ? Son descendant croit qu’il aurait su s’adapter aux changements de mœurs et de courants. Il aime d’ailleurs rappeler à quel point son papa était un «naturel» de la blague.

«L’humour évolue en même temps que la société. Mais, pour moi, il y a une grande différence entre les humoristes et les comiques. Les comiques ne font pas exprès d’être comiques. Leur instinct prend le dessus sur leur cerveau. C’est une combinaison d’adrénaline, de maladresse, de répartie. Un humoriste, sans texte, n’existe pas ; un comique, sans texte, va faire rire pareil. Si, en plus, il a de bons textes, c’est Yvon Deschamps…»

Les Réal Béland, ce dimanche, 21 décembre, à 19h, à Canal D. En rediffusion le vendredi 26 décembre, à 10h.

Monsieur Latreille de retour

Réal Béland poursuit sa tournée Une autre planète et vient de lancer Monsieur Latreille en rappel, un album enregistré en spectacle et rassemblant quelques-uns des meilleurs tours téléphoniques de ce personnage mythique de Réal, inspiré par un voisin chez qui il tondait le gazon alors qu’il était gamin. Les rires des spectateurs ajoutent énormément de substance aux échanges de Monsieur Latreille avec ses «victimes» et donne l’impression à l’auditeur d’être sur place, de «vivre» réellement le moment. L’opus est présentement en vente.

«J’aime écouter des albums d’humour, je m’ennuie de ça, plaide Réal Béland. Je trouve ça dommage qu’il n’y en ait presque plus, mis à part François Pérusse. Le son d’une salle qui rit, je trouve ça merveilleux. On a l’impression d’être dans le show. C’est un album de show

Les Réal Béland

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