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Matisyahu au Théâtre Corona de Montréal: étrange surprise (VIDÉO)

Matisyahu au Théâtre Corona de Montréal: étrange surprise (VIDÉO)

Anciennement connu sous le nom de Matthew Paul Miller, le trentenaire américain Matisyahu était de passage, lundi soir, au Théâtre Corona, afin de partager sa musique reggae teintée de hip-hop, bien sûr, mais également de pop-rock et de…métal. Au final, étrange surprise.

Après toutes ces années à promouvoir et partager son travail aux quatre coins du monde, l’homme de 35 ans converti il y a longtemps aux croyances de la communauté juive hassidique est toujours considéré comme l’un des plus originaux chanteurs de son genre. En fait, Matisyahu est une sorte de porte-étendard d’un style rarissime, à savoir un jeune juif blanc américain (jusque là, tout est normal) qui fait dans le reggae, le beat-boxing et les paroles « bibliques ».

En effet, on ne peut qu’admettre que le judaïsme hassidique n’est pas fréquent dans la culture populaire! L’artiste, qui a connu énormément de succès dans la première décennie du XXIe siècle. a réussi a conserver un impressionnant bassin d’amateurs un peu partout sur le globe, dont Montréal.

Hormis le balcon qui était fermé à l’étage, l’endroit était pratiquement plein: quelques rastas, quelques fumeurs d’herbe, quelques danseurs aguerris, puis beaucoup de jeunes entre 20 et 40 ans.

L’autre part de Matisyahu

Les chansons (comme Broken Car et Champion) de son dernier album paru en juin, Akeda, ont meublé la majorité de ce spectacle présenté devant plusieurs centaines de personnes. Bien entendu, il a néanmoins partagé quelques pièces issues de ses albums précédents (Fire Of Heaven et Youth). Toujours empreintes de spiritualité et d’humanisme (un peu trop messiaques), les pièces de cette tournée sont livrées dans un mélange tantôt réussi, tantôt gâché par un trop-plein de genres musicaux qui se marient difficilement entre eux: reggae, roots, dancehall, hip-hop, pop rock, voire métal (certains passages sont ahurissants) !

En raison de son talent, plus de la moitié des morceaux proposés au Corona ont tenu la route. De bonnes lignes de basse, bonifiées par de belles performances à la batterie (ces caisses qui résonnent sèchement et qui créent un rythme prenant) ont créé d’efficaces atmosphères reggae. Quant aux guitares électriques, elles étaient définitivement à leur meilleur dans les ambiances dansantes et décontractées qui rappellent évidemment cette couleur des Caraïbes (Star On A Rise, Black Heart ou encore le reggae psychédélique de King Without A Crown) si fièrement représentés par l’une des idoles de Matthew Paul Miller, Bob Marley.

Pour le reste, on a eu droit à certaines envolées vocales très pop et un brin trop sucrées (Built To Survive) et des arrangements hard-rock (à la Black Sabbath) gorgés de guitares larmoyantes ou grinçantes (mentionnons l’étrange finale de Miracle présentée dans un bizarre de bazar metal-rock année ’80-‘90). Sans oublier les effets sonores (réverbération, entre autres) dans la voix du chanteur qui ont agacé ça et là au cours du spectacle.

Manque de chien

Au fond, on ne peut que souhaiter que l’artiste se ressaisisse pour la prochaine tournée. Définitivement, c’est trop éparpillé comme résultat et le concert s’en ressent. De ce fait, l’émotion ne passe pas pendant plusieurs chansons (Jerusalem ou encore Surrender). Pas de frisson, ni d'étincelle. En fait, l’artiste manquait carrément de panache, lundi soir. Il devrait démontrer davantage de passion pour les musiques reggae puis hip-hop et abandonner l’envie de patauger (pas lui, mais ses musiciens) dans les solos de guitares à la Ozzy Osborne.

Bref, quelques mélomanes, tout comme certains amateurs de l’artiste, semblaient désappointés dans la salle: la musique de cette tournée est plus pop (certains diront commerciale dans le sens péjoratif du terme) que celle proposée sur les précédents disques. Mais surtout, elle porte trop de courants musicaux distincts.

Rappelons que Matisyahu – modèle d’un courant orthodoxe possiblement lourd à assumer publiquement à la longue - a affirmé (2011-2012) qu’il en avait assez de son aura religieuse et surtout des symboles qui appuyaient de manière évidente son affection pour le judaïsme hassidique, dont la barbe et la kippa, pour revêtir une apparence beaucoup plus « mainstream »: veston noir, jeans ajusté, cheveux en batailles mais soignés, le look d’une star populaire classique quoi !

Soit, mais cette tournure plus accessible semble avoir un peu dénaturé la musique de l’Américain, qui puisait auparavant son originalité dans l’amalgame judaïsme- reggae-hip-hop. Sur scène, l’homme a bien offert trois morceaux au rappel (dont One Day), mais on sentait que quelque chose dans la proposition générale avait manqué de chien ou de conviction.

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