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Projet Goliath : la guerre secrète d'Hollywood contre le piratage... et Google

Projet Goliath: la guerre secrète d'Hollywood contre le piratage... et Google
Montage avec Hendrik Holler via Getty Images

TECHNO - L'énorme piratage de Sony n'en finit pas de provoquer des dégâts collatéraux. Après les films piratés avant leur sortie, les petites phrases sur Angelina Jolie et Barack Obama, voilà que de nouveaux mails dévoilent la lutte intestine qui oppose Hollywood au piratage... et à un ennemi mystérieux qui ressemble fort à Google.

Cette fois, c'est le site spécialisé The Verge qui déballe au grand jour des bouts de conversations entre la MPAA, le lobby américain des plus grands studios hollywoodiens, et les six studios en question. Dont Sony, évidemment. Dans ces dizaines de mails, selon le site, le lobby américain évoque, dès janvier 2014, la mise en place d'un projet "Goliath".

Le but? Développer des outils groupés, juridiques comme techniques, afin de mettre à mal le piratage illégal. On y découvre notamment de nouvelles mesures permettant de bloquer l'accès à des sites illégaux via les fournisseurs d'accès à internet. Par exemple, des experts travailleraient avec l'opérateur américain ComCast (qui possède Universal, un des studios concernés par les mails) afin de développer des "techniques permettant de bloquer ou d'identifier des fichiers illégaux en transit", précise The Verge. Une stratégie qui intervient après l'abandon en 2012 d'un projet de loi américain contre le piratage illégal (jugé liberticide par ses opposants).

Google ou celui dont on ne doit pas prononcer le nom

Quel rapport avec Google? Ce serait justement l'un des grands obstacles et, de facto, un ennemi dont le nom est pourtant tu. Selon The Verge, les mails parlent peu de Google, mais évoquent à de nombreuses reprises un "projet Goliath" ou le fait de devoir "faire tomber Goliath". Dans un des mails évoquant ce personnage biblique, un document intitulé "Discussion à propos du piratage et des moteurs de recherche". Dans d'autres, des exemples de résultats de recherches de Google pointant vers des sites de téléchargement illégal. Des références qui font penser à The Verge que derrière Goliath se cache Google.

La stratégie de la MPAA contre Goliath consiste avant tout à faire pression juridiquement, notamment en convaincant les procureurs d'Etat (des fonctionnaires qui représentent le gouvernement dans chaque Etat américain) d'attaquer Goliath. Le lobby aurait ainsi mis en place un budget annuel de 500.000 dollars pour financer le support juridique nécessaire.

D'autres mails évoquent un projet nommé Keystone (clé de voûte), dont le but serait d'enquêter sur Goliath pour trouver des faisceaux de preuves permettant aux procureurs d'intenter des actions en justice. Un budget de 70.000 dollars serait attribué à Keystone.

Relations diplomatiques interrompues entre Google et Hollywood

Selon The Verge, des dizaines de mails évoquent le projet Goliath depuis le premier envoyé en janvier, mais leur nombre s'est tari depuis mai. Le site n'a trouvé aucune explication à cette baisse. Le projet est-il abandonné? Un mail, cité par le site, affirme que Goliath était fait pour durer: "Pour mener ce projet à son terme et avoir des chances de succès raisonnables, nous devrons probablement continuer pendant deux ans".

Le même jour, le site Torrentfreak affirmait de son côté qu'un incident diplomatique a eu lieu entre Google et Hollywood récemment. Fin octobre, le géant de la recherche annonçait avoir changé son algorithme pour pénaliser les sites proposant des fichiers illégaux. Une mise à jour plutôt efficace, qui détruisit la visibilité de certains sites, notamment ceux proposant du streaming vidéo.

Mais même si Google a cette fois montré patte blanche, cela n'a semble-t-il pas suffi à la MMPA, qui publia un communiqué acerbe:

"Tous les acteurs partagent la responsabilité d'aider à freiner les comportements illégaux en ligne, et nous sommes heureux que Google reconnaisse son rôle dans la facilité d'accès à des contenus volés via des recherches".

Selon les mails (de Sony, toujours) dévoilés par Torrentfreak, les responsables de Google ont été tout simplement furieux:

"Aux plus hauts niveaux, [Google est] extrêmement mécontent de notre communiqué. [...] Google a déclaré avoir l'impression d'être allé au-delà de ce qu'exige la loi, de se mettre en quatre pour nous donner des informations et qu'en retour, nous avons publié une déclaration 'sarcastique' qui ne leur a donné aucun crédit".

Un des cadres de Google aurait alors signifié à la MPAA que le moteur de recherche ne parlerait plus ni ne ferait d'affaires avec le lobby.

De quoi éclairer le derniers mail évoqué par The Verge, provenant de la MPAA à destination des six studios hollywoodiens, le 20 octobre dernier: "Nous pensons que Google a surréagi - et de manière dramatique. Leur réaction semble tactique (ou puérille)."

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