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Des milliers de citoyens et personnalités rendent hommage à Jean Béliveau (PHOTOS/VIDÉO)

Des milliers de citoyens et personnalités rendent hommage à Jean Béliveau (PHOTOS/VIDÉO)

MONTRÉAL - Lorsque des milliers de citoyens se donnent rendez-vous au Centre Bell, peu d'amphithéâtres en Amérique du Nord génèrent plus de décibels. C'est le cas lorsque le Canadien de Montréal y évolue et aussi lorsque les plus grands musiciens de la planète y font escale en plein cur d'une tournée internationale. Mais dimanche, on y aurait entendu une mouche voler.

Et pourtant, ils s'y sont rendus par milliers, pour rendre hommage à un joueur légendaire, un homme que certains de ces visiteurs ont vu, patins aux pieds, mener une équipe de hockey vers les plus grands sommets pas moins de dix fois en 20 ans, entre 1952 et 1971.

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Jean Béliveau exposé

Un homme de qui certains, au hasard d'une rencontre dans la rue ou lors d'une activité planifiée, avaient reçu une chaleureuse poignée de mains accompagnée d'un sourire sincère. Un homme avec lequel ils avaient eu le privilège d'échanger quelques mots, ne serait-ce que pendant une minute. Une minute qu'ils n'ont jamais oubliée.

D'autres ne l'avaient même jamais croisé en personne, l'ayant vu seulement à la télévision. Mais ils étaient quand même là, dimanche, attendant d'abord patiemment à l'extérieur du Centre Bell, avant de pouvoir partager le même espace physique.

Pour la troisième fois de son histoire, le Canadien a transformé ce qui est normalement un édifice axé vers le divertissement en temple de recueillement.

Après le Forum pour Howie Morenz en 1937 et le Centre Molson pour Maurice Richard en 2000, le Centre Bell s'est fait presque silencieux, dimanche, pour Jean Béliveau, le plus grand capitaine de l'histoire du Tricolore, et peut-être même de la Ligue nationale de hockey.

Il y avait bien sûr une musique d'ambiance, mais c'est tout. Et bien que sobre, le décor était à couper le souffle dans l'enceinte. Sur le plancher, sous une lumière douce et tamisée, reposait le cercueil fermé de M. Béliveau, décoré d'une imposante gerbe de fleurs. Derrière le cercueil se trouvaient des répliques des trophées Art-Ross, Connie-Smythe et, bien sûr la coupe Stanley, sur laquelle son nom apparaît 17 fois, rien de moins, et une immense statue de bronze.

Du plafond descendaient deux banderoles géantes, une de M. Béliveau remontant à quelques années seulement, levant un flambeau, et une autre où on le voit soulever la coupe Stanley, dans les années 1960. Entre les deux, avait été installée la bannière immortalisant son numéro "4", habituellement dans les hauteurs du Centre Bell.

Les responsables de la direction du Canadien avaient même pensé à décorer de son fameux numéro le siège qu'il avait l'habitude d'occuper pendant les matchs du Canadien. Et au lieu de multiplier les images presque aveuglantes, les deux anneaux qui ceinturent la patinoire n'affichaient, à répétition, que l'impeccable signature de M. Béliveau.

L'amphithéâtre avait ouvert ses portes à des citoyens de toutes les couches de la société. À commencer par le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, qui a été parmi les premiers à se recueillir auprès du cercueil de l'ancien grand joueur de centre et ambassadeur du Canadien.

"Comme je le disais il y a quelques jours, M. Béliveau a été un grand joueur de hockey, oui, un grand athlète, mais un grand Québécois qui nous renvoie une image de nous-mêmes tels que nous voulons être. Une image de confiance, d'élégance, de maîtrise de la langue française, et pour ça nous lui en sommes tous immensément reconnaissants", a déclaré M. Couillard, qui a décrété des funérailles nationales.

Le monde politique était aussi représenté par le maire de Montréal, Denis Coderre, et le ministre fédéral Denis Lebel, entre autres.

"C'est gros. Ça vient nous chercher, a confié M. Coderre après sa visite sur le parterre. Cet homme était l'incarnation du don de soi, du respect, de l'humilité. C'est fait tout simplement mais ça parle tellement. Tout est fait sobrement, comme était Jean Béliveau."

Un peu plus tôt en matinée, avant que les portes ne soient ouvertes à la population en général, plusieurs anciens coéquipiers de M. Béliveau se sont rendus sur le parterre pour présenter leurs condoléances à l'épouse de l'ancien capitaine, leur fille et leurs petits-enfants.

L'un d'eux, Yvan Cournoyer, semblait encore ébranlé par le départ de celui qu'il appelle "mon capitaine".

"C'est de toute beauté, a déclaré M. Cournoyer en faisant allusion au décor. J'espère que les gens vont venir voir mon capitaine. Il le mérite. Jean a touché tout le monde et il mérite que tout le monde lui dise un dernier merci pour tout ce qu'il a fait sur la patinoire et à l'extérieur", a ajouté celui qui a longtemps évolué à la droite de M. Béliveau durant les années 60.

Quelques minutes plus tôt, Ronald Corey, dont l'amitié avec Jean Béliveau remontait à plus de 50 ans, a lui aussi été ébloui par le décor, et il n'a pas été surpris de cette géante déclaration d'amour du peuple à l'endroit de l'ancien grand joueur de centre et ambassadeur.

"Ce qui est extraordinaire, c'est qu'on parle de lui comme homme et pas seulement comme d'un ancien joueur de hockey. Les gens de moins de 50 ans ne l'ont pas vu jouer beaucoup. Mais ils l'ont vu agir comme vice-président de l'équipe, et ont vu son implication dans la communauté. Il était partout, Jean. Et il s'est impliqué de lui-même. Il fallait le voir tous les jours. Le courrier qu'il lisait, les lettres qu'il adressait. Ses signatures. Tout était fait de façon impeccable. Jean était d'une très grande générosité et il parlait à tout le monde. C'est magnifique de rendre hommage au joueur, bien sûr mais aussi à l'homme", a déclaré l'ancien président du Canadien.

Une nuit courte

Certains citoyens du peuple se sont levés aux petites heures de la nuit pour s'assurer d'être parmi les premiers à saluer Jean Béliveau une dernière fois. C'est le cas de Mario Martin, un résidant de Saint-Hyacinthe, qui a fait sonner son réveil à 4 h, dimanche matin, et a cueilli au passage Gerry Bibeau, un ami de Sainte-Julie, pour arriver au Centre Bell aussitôt que possible. Ils étaient sur place à 5 h 45.

"Nous sommes des collectionneurs de photos, et j'en compte une quinzaine signées par M. Béliveau. J'ai même une lettre qu'il m'a envoyée et qu'il avait signée. Quand on dit que M. Béliveau répondait à son courrier, je peux vous dire que c'est vrai. J'étais venu lors du décès de Maurice Richard, et je pensais qu'il était aussi important que je vienne aujourd'hui, sinon plus", a raconté M. Martin, quelques instants avant d'entrer à l'intérieur de l'enceinte.

M. Bibeau, de son côté, a fait connaissance avec M. Béliveau dans des circonstances pas nécessairement agréables.

"Je travaille au Montreal General Hospital et je l'ai rencontré pour la première fois lorsqu'il a été victime de son premier AVC. Je suis technicien de laboratoire et j'effectuais ses prélèvements tous les jours. On a commencé à échanger et, parle parle, jase, jase on est devenu amis. Il est comme devenu un grand frère."

À leurs côtés se trouvait un citoyen de Ville LaSalle, Andrew Reason, qui a croisé M. Béliveau en plusieurs occasions, dont une fois alors qu'il était enfant.

"J'ai patiné avec lui au parc Lafontaine quand j'avais 12 ans et j'avais passé deux heures avec lui. Et je l'ai croisé au Montreal General Hospital quand je recevais des traitements. Il avait toujours du temps pour me parler. Et quand il vous parlait, il ne parlait qu'à vous. Il mérite de recevoir un tel hommage."

Cet hommage à M. Béliveau, décédé mardi soir à l'âge de 83 ans, se poursuivait jusqu'à 18 h dimanche, et reprendra lundi entre 10 h et 18 h. Les funérailles nationales de M. Béliveau seront célébrées mercredi prochain en la Cathédrale Marie-Reine-du-Monde.

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Jean Béliveau en images

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