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Procès Luka Rocco Magnotta: le jury a entendu toute la preuve

Les témoignages sont terminés au procès Magnotta
CP

MONTRÉAL - Après dix semaines d'audiences, les jurés ont entendu jeudi les derniers témoins au procès de Luka Rocco Magnotta, accusé du meurtre prémédité de l'étudiant chinois Jun Lin en mai 2012 dans un immeuble d'appartements du quartier Côte-des-Neiges, à Montréal.

À l'issue des derniers témoignages, jeudi, le procès a été reporté à mercredi prochain, alors que la défense puis la Couronne devraient présenter leurs plaidoiries finales. Le juge Guy Cournoyer, de la Cour supérieure, livrera ensuite ses dernières directives aux jurés, qui pourront alors délibérer sur les verdicts à rendre relativement aux cinq chefs d'accusation retenus contre Magnotta.

Le juge Cournoyer a prévenu les jurés, jeudi matin, qu'ils seraient vraisemblablement isolés à compter du vendredi 12 décembre, en après-midi. Même si 14 jurés ont assisté aux procédures depuis le 29 septembre, seuls 12 d'entre eux participeront aux délibérations — les deux autres étaient des substituts.

Magnotta, âgé de 32 ans, a plaidé non coupable aux accusations de meurtre prémédité, d'outrage à un cadavre, de production et distribution de matériel obscène, d'utilisation de la poste pour envoyer du matériel obscène, et de harcèlement criminel contre le premier ministre Stephen Harper et d'autres députés fédéraux.

L'accusé a admis avoir commis les gestes qui lui sont reprochés mais il a plaidé non coupable, et son avocat défend la thèse de la non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux. La Couronne, elle, conteste le diagnostic de schizophrénie établi par certains psychiatres, et soutient que les crimes de Magnotta étaient planifiés et délibérés.

Le tribunal aura siégé en tout 40 jours et entendu 66 témoins, certains appelés plus d'une fois à la barre.

La schizophrénie en question

Pour clore sa preuve, jeudi, la défense a rappelé ses psychiatres experts Joel Watts et Marie-Frédérique Allard afin de répliquer au témoignage de l'expert de la Couronne Gilles Chamberland sur l'état mental de l'accusé. Le juge Cournoyer a expliqué aux jurés qu'un accusé qui plaide l'aliénation mentale peut ainsi revenir sur le témoignage des experts de la Couronne.

Les deux psychiatres de la défense soutiennent que Magnotta n'était pas responsable de ses actes lorsqu'il a tué l'étudiant de 33 ans, parce qu'il souffrait de psychose, qu'il n'était plus soigné depuis au moins deux ans pour une schizophrénie diagnostiquée depuis longtemps, et qu'il ne pouvait donc distinguer le bien du mal.

Le docteur Chamberland, lui, avait abondamment expliqué aux jurés qu'il entretient des doutes quant au diagnostic de schizophrénie d'abord prononcé en 2001 par un psychiatre. Et même si ce diagnostic était juste, rien n'indique, selon lui, que Magnotta aurait perdu tout contact avec la réalité au moment de tuer Jun Lin.

Le psychiatre estime plutôt que Magnotta souffre de divers troubles de la personnalité, et que le diagnostic erroné de schizophrénie l'a simplement suivi dans tous ses dossiers médicaux après 2001. Selon le docteur Chamberland, il est d'ailleurs difficile de faire disparaître des dossiers médicaux un diagnostic de schizophrénie.

En contre-preuve de la défense, jeudi, le docteur Watts a répliqué que ce diagnostic a beaucoup de poids puisqu'une vaste majorité de psychiatres ont conclu à la schizophrénie au fil des ans. Et il est faux de croire qu'un psychiatre n'oserait pas modifier un diagnostic prononcé par un confrère, a soutenu le docteur Watts. «Un psychiatre ne se contenterait pas d'approuver simplement le diagnostic déjà posé par des collègues», a-t-il dit. «Il arrive même régulièrement qu'un psychiatre diverge d'avis avec ses collègues.»

Par ailleurs, le docteur Chamberland avait indiqué pendant son témoignage que Magnotta était peut-être un sadique sexuel — quelqu'un qui est sexuellement excité par la douleur qu'il inflige à sa victime. Dans des entrevues accordées à des médias en 2012, il avait aussi qualifié Magnotta de psychopathe — quoiqu'il n'ait jamais utilisé ce terme au procès.

Pour les psychiatres Watts et Allard, cependant, rien n'indique que l'accusé est un sadique sexuel — encore moins un psychopathe, car ce trouble de la personnalité se définit notamment par un caractère antisocial prononcé, ce qui ne correspond pas à Magnotta, selon les deux experts.

«Si vous n'êtes pas antisocial, vous ne pouvez être psychopathe non plus», a soutenu le docteur Watts.

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