Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Ferguson: encore des manifestations et des arrestations (VIDÉO/PHOTOS)

Ferguson: encore des manifestations et des arrestations (VIDÉO/PHOTOS)

Plusieurs personnes ont été arrêtées et au moins une voiture de police a été incendiée au cours de la nuit à Ferguson où 2200 soldats de la Garde nationale avaient été envoyés en renfort pour pallier tout débordement.

« Pas de justice, pas de paix » ont scandé les manifestants rassemblés près du poste de police, au lendemain du non-lieu prononcé dans l'affaire Michael Brown.

Non loin de là, des gardes nationaux en tenue de camouflage et armés de fusils d'assaut patrouillaient autour des commerces, dont certains avaient été pillés la veille après l'annonce de grand jury de ne pas porter d'accusation contre le policier Darren Wilson qui a abattu Michael Brown en août dernier.

Manifestations à Ferguson

Les gardes nationaux et les policiers de Ferguson n'ont pas eu de mal à repousser la centaine de manifestants massés devant le poste de police de Ferguson. La foule s'est alors repliée vers l'hôtel de ville où elle a incendié une autopatrouille. La police a utilisé du gaz lacrymogène pour que la foule se disperse.

À Saint Louis, où la manifestation a été déclarée illégale, une voiture de police a également été incendiée.

Des manifestations se sont déroulées mardi dans plusieurs grandes villes américaines, de Los Angeles à Washington, mais aussi à Montréal, Toronto et Ottawa.

À New York, la police a fait usage de gaz au poivre pour disperser la foule qui tentait de bloquer le Lincoln Tunnel et de marcher sur Times Square.

La nuit précédente une dizaine de bâtiments avaient été incendiés par des émeutiers et une soixantaine d'entre eux arrêtés.

Le président Barack Obama a d'ailleurs dénoncé fermement ces troubles dans une allocution mardi soir, appelant plutôt la population à se mobiliser afin de faire valoir ses droits.

« Je n'ai jamais vu une loi sur les droits civiques, sur la santé ou sur l'immigration devenir réalité parce qu'une voiture avait été brûlée. » — Barack Obama

Loin d'être oubliée, la mort de l'adolescent noir Michael Brown, en août dernier, est plus que jamais dans les mémoires à Ferguson. Cette ville en banlieue de St. Louis est encore ébranlée par ce drame qui a mis en relief les tensions raciales, non seulement dans ce coin de pays, mais dans l'ensemble des États-Unis.

Michael Brown, 18 ans, n'était pas armé lorsqu'il a été atteint par six projectiles tirés par le policier blanc Darren Wilson. Sa mort a été à l'origine d'émeutes et de manifestations qui avaient duré plusieurs jours dans la région de Saint Louis.

Les avocats de la famille critiquent la décision du grand jury

Plus tôt dans la journée, mardi, les avocats de sa famille ont accusé le procureur du comté de St. Louis, Bob McCulloch, de partialité dans la présentation des éléments de preuve qu'il a faite devant le grand jury. Les avocats, Me Benjamin Crump et Me Anthony Gray, estiment que la procédure judiciaire du grand jury est viciée par la proximité entre les procureurs de l'État et les policiers.

Me Crump, qui a également défendu la famille de Trayvon Martin, soutient que le procureur se trouve en conflit d'intérêts puisqu'il travaille quotidiennement en collaboration avec la police. Selon lui, le procureur a nécessairement un parti pris pour le policier.

Pour les avocats de la famille Brown, la cause aurait dû être entendue par un procureur indépendant.

« La décision du grand jury reflète le résultat de la manipulation des éléments de preuve. » — Anthony Gray

Tout en condamnant la violence qui a enflammé la ville, les avocats ont également dénoncé « la violence du mois d'août », en référence à la journée où Michael Brown a été tué par le policier.

Les parents de Michael Brown estiment qu'il est anormal qu'autant de Noirs soient tués par des policiers aux États-Unis. Ils réclament qu'une caméra soit ajoutée à l'uniforme des policiers afin de disposer de preuves vidéo en cas d'incident.

Mardi, dans l'après-midi, des manifestants ont déambulé dans les rues de Ferguson tandis que des travailleurs sont demeurés à la maison et des écoles ont été fermées par mesure préventive.

« C'est un recul pour la justice sociale », a déclaré pour sa part le maire de Saint Louis, Francis Slay, dans un point de presse mardi matin.

« Je condamne ces terribles violences et je sais que la majorité de nos concitoyens font de même. » — Francis Slay

Des versions contradictoires

Le procureur du comté de Saint Louis, Bob McCulloch, qui a annoncé le verdict lundi soir, a rendu publiques mardi des transcriptions des témoignages soumis au grand jury dans le but de calmer les esprits dans la communauté de Ferguson.

Selon la version du policier, l'altercation entre Michael Brown a éclaté à quelques rues de l'endroit où ce dernier venait de voler des cigarillos. L'agent Wilson dit avoir été attaqué par Michael Brown, qu'il venait d'interpeller, alors qu'il était toujours dans sa voiture. M. Wilson soutient avoir été frappé au visage par l'adolescent noir qui aurait tenté d'attraper son arme de service. Sentant sa vie menacée, Darren Wilson a fait feu à deux reprises.

L'altercation s'est ensuite transportée à l'extérieur du véhicule, toujours selon la version de l'agent, où Brown se serait jeté sur lui. L'agent de police a tiré une dizaine de coups de feu pour mettre fin à la menace.

L'individu qui accompagnait Michael Brown, quant à lui, a allégué que le policier avait exécuté le jeune homme alors que ce dernier avait les mains levées en signe de reddition. « [Le policier] a tiré de nouveau, et lorsque mon ami a senti ce coup, il s'est retourné, a mis les mains dans les airs et a commencé à se baisser, avait raconté le jeune homme. Mais le policier a continué d'approcher avec son fusil en joue et a tiré plusieurs autres coups ».

Le grand jury a retenu la thèse de la légitime défense livrée par le policier. Des photos du visage tuméfié de l'agent ont été présentées en preuve alors que des versions contradictoires des témoins ont été écartées par les jurés. Le procureur McCulloch a déclaré que plusieurs témoins avaient fait des déclarations contradictoires, qui étaient incompatibles avec certaines preuves matérielles.

Le grand jury était composé de 12 hommes et femmes, dont 9 personnes blanches et 3 noires alors que la population de Ferguson, une ville de 21 000 habitants, est constituée aux deux tiers de Noirs. Seuls 3 des 53 policiers de la municipalité sont Noirs.

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.