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Greenpeace accuse Résolu de pratiques déloyales pour nuire à ses opposants

Greenpeace accuse Résolu de pratiques déloyales
Produits forestiers Résolu

QUÉBEC - Après TransCanada, Greenpeace accuse Produits Forestiers Résolu d'utiliser des pratiques douteuses pour nuire à ses opposants. L'entreprise tente de bloquer l'adoption d'une loi contre les poursuites-bâillon en Ontario, où elle poursuit Greenpeace Canada en diffamation pour 7 millions$.

Attaques pour faire taire ses critiques, utilisation de tierces parties et recrutement de personnalités proches des gouvernements: Résolu applique des tactiques similaires à celles proposées à TransCanada par Edelman, affirme Greenpeace. La firme de relations publiques listait d'ailleurs Résolu parmi ses clients l'an dernier. Edelman est également inscrite au registre des lobbyistes de l'Ontario pour représenter l'entreprise.

Le groupe écologiste a dévoilé cette semaine un plan stratégique proposé par Edelman à TransCanada afin de faire accepter son projet d'oléoduc Énergie Est à la population canadienne.

Les diverses tactiques comprenaient le recrutement de 35 000 partisans pour propager le message de la compagnie sur les médias sociaux et à travers des lettres ouvertes dans les journaux. Edelman envisageait même de les rémunérer. La firme de relations publiques proposait également de récolter de l'information susceptible de nuire à ses opposants, de s'allier les scientifiques en finançant la recherche et de courtiser les personnalités influentes en les invitant à des événements mondains.

TransCanada s'est défendue en affirmant qu'elle n'avait pas appliqué toutes les idées proposées par sa firme de relations publiques.

Opposition à la loi anti-SLAPP

Six lobbyistes embauchés par Résolu, dont trois d'Edelman, sont inscrits au registre des lobbyistes de l'Ontario pour s'opposer au projet de loi contre les poursuites-bâillon (projet de loi 83) proposé par le gouvernement provincial. Connues sous l'acronyme anglophone SLAPP, les «poursuites stratégiques contre la mobilisation publique» sont des actions judiciaires visant à faire taire les opposants à un projet.

Greenpeace estime que Produits Forestiers Résolu a utilisé une telle tactique en Ontario en poursuivant le groupe écologiste pour un montant de 7 millions$ après la publication d'un rapport dénonçant les pratiques de l'entreprise.

«Résolu affirme que la poursuite contre Greenpeace n'est pas une SLAPP, dit Nicolas Mainville, directeur de Greenpeace au Québec. Alors, comment justifier autant d'efforts pour se battre contre une loi anti-SLAPP?»

L'ONG affirme que la poursuite a été déposée en Ontario en raison de la présence d'une loi contre les poursuites-bâillon au Québec depuis 2009. «Ils ont fait du 'forum shopping' pour trouver une législation favorable à leur cause, dit Nicolas Mainville. C'est le genre de poursuites qui n'auraient pas passé au Québec.»

Il craint maintenant que Résolu bloque l'adoption d'une telle provision en Ontario. «Edelman est engagée par Résolu pour bloquer la législation anti-SLAPP en Ontario, dit-il. C'est la seule compagnie en Ontario qui fait des pressions en ce sens.»

Mobilisation citoyenne

Sur son site Web, Devon Group, rachetée par Edelman, fournit également aux opposants du projet de loi 83 une lettre type à envoyer au président du Comité permanent de la politique sociale. Le projet de loi fera de l'Ontario une «destination économique inintéressante pour les investisseurs», en plus de faire augmenter le coût des maisons et du transport, peut-on lire dans la missive rédigée en anglais.

La lettre n'a pas été mise à jour depuis l'achat de Devon Group par Edelman en juillet dernier. La missive est adressée à Ernie Hardeman, qui a quitté ses fonctions au mois de mai dernier. Toutefois, le site Web est toujours actif et les documents demeurent disponibles.

Dans les instructions qui précèdent la lettre, on invite l'expéditeur à la signer et à apposer le logo de son organisme dans l'en-tête. «Supprimez cette page si vous envoyez la lettre en pièce jointe», précise-t-on au sujet des instructions.

Un autre document présente quelques arguments contre le projet de loi 83. «Les opposants au développement vont être enhardis à diffamer les compagnies de l'Ontario parce qu'ils seront immunisés contre les coûts judiciaires», lit-on notamment en anglais.

Un formulaire est également mis à la disposition des opposants qui souhaitent participer au comité législatif qui doit étudier le projet de loi.

«Ça ressemble beaucoup à la stratégie d'Edelman qui est proposée à TransCanada d'utiliser des tierces parties pour amplifier l'appui à Résolu», dit Nicolas Mainville.

Recrutement de personnalités politiques

Finalement, Greenpeace souligne l'embauche de plusieurs personnalités liées au monde politique. Un avocat associé de près au Parti conservateur, Arthur Hamilton, est enregistré comme lobbyiste de Résolu auprès du gouvernement ontarien, en plus de représenter la compagnie dans sa poursuite contre Greepeace.

Arthur Hamilton a également été impliqué dans le scandale entourant le sénateur Mike Duffy.

Au Québec, l'ancien directeur général du PLQ, Karl Blackburn, est devenu directeur principal responsable des relations gouvernementales. Il était également inscrit au registre des lobbyistes pour des représentations auprès du gouvernement québécois, mais son nom a depuis été retiré de la liste.

Pour Nicolas Mainville ce n'est «pas un hasard» si l'ex-directeur général du PLQ se retrouve chez Résolu: «Il est bien outillé pour faire avancer l'agenda de la compagnie auprès du gouvernement libéral».

L'embauche de gens près du pouvoir vise à «redorer» l'image de la compagnie auprès des gouvernements, juge Nicolas Mainville.

Produits Forestiers Résolu et Edelman n'avaient pas retourné nos appels au moment de publier vendredi.

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