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Des documents précieux de l'EI entre les mains de la coalition

Des documents précieux de l'État islamique entre les mains de la coalition
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La coalition contre le groupe armé État islamique (EI) dispose d'une nouvelle arme dans sa lutte contre le groupe en Irak : elle a mis la main sur des documents très révélateurs concernant l'organisation interne du mouvement. CBC/Radio-Canada en a obtenu des copies.

Il s'agit de documents papier, de vidéos et de clés USB appartenant à l'EI et qui ont été trouvés à l'issue de la traque et de la mort d'un haut commandant du groupe djihadiste, Abu Abdhul-Rahman al-Bilawi, au début de juin. CBC/Radio-Canada a obtenu des copies d'un échantillon de documents auprès des chaînes allemandes WDR et NDR et du journal Süddeutsche Zeitung. Ces médias ont eux-mêmes dû négocier l'obtention de leur échantillon auprès de la coalition pendant plusieurs mois.

Préparés par les comptables du groupe extrémiste à l'intention de la direction de l'EI, les dossiers font notamment état des comptes et dépenses mensuelles du groupe.

Les feuilles de calcul donnent des informations sur plusieurs acquisitions faites par l'EI, comme le nombre de kalachnikovs, de lunettes de vision nocturne, de fusils russes et américains munis de viseurs et de véhicules quatre roues motrices de marque Toyota achetés par le groupe.

Le prix par unité et les coûts totaux sont spécifiés. Dans une colonne de commentaires, des informations détaillées révèlent aussi qui doit recevoir ces acquisitions.

Le coût total des achats d'armes pour le mois de février 2014 pour une région était de près de 2,5 millions $US.

Mais ce n'est pas tout. Les documents obtenus comprennent aussi des rapports concernant des attentats-suicide menés par l'EI en révélant les noms réels - et non pas les « noms de guerre » - des personnes qui les ont perpétrés, dont des djihadistes étrangers. En plus des noms, on trouve dans ces rapports de l'information sur l'éducation reçue par ces hommes, ainsi que des détails sur leurs familles.

On trouve aussi dans ces documents une liste des numéros de téléphone des dirigeants de l'EI qu'il faut contacter après une mission.

La photo d'un Canadien dans les documents

Parmi les papiers obtenus par CBC/Radio-Canada, on retrouve la photo de Salman Ashrafi, un Canadien de Calgary qui s'est fait exploser en Irak et a tué 46 personnes. Il avait été identifié en juin.

Les spécialistes du terrorisme s'étonnent que, comme le dévoilent les documents, Asharafi ait été envoyé en mission comme kamikaze seulement huit jours après être arrivé sur le sol irakien. Selon les experts, cela montre que le groupe armé ne voyait pas d'autres valeurs stratégiques dans ce jeune homme.

En outre, les rapports montrent que l'EI tient les promesses qu'il fait à ses kamikazes. Peter Neumann, directeur du Centre international pour l'étude de la radicalisation à Londres, considère qu'ils révèlent beaucoup de choses sur le genre de système de protection sociale que l'État islamique a mis en place pour les familles de ses combattants.

« Un grand nombre de martyrs ne serait pas parti en mission suicide s'ils n'avaient pas été convaincus que l'État islamique prendrait soin de leurs familles et leurs proches après leur mort. Il devient très clair avec ces documents que l'État islamique prend cette responsabilité au sérieux. »

— Peter Neumann, directeur du Centre international pour l'étude de la radicalisation à Londres

Par ailleurs, une liste de contributions a été trouvée concernant des cadeaux offerts aux membres d'une unité dans le nord de Bagdad en novembre 2013. Ces contributions importantes ont été données à des « frères dans le besoin », des « frères souhaitant se marier » et dans certains cas, les récompenses sont des maisons offertes à des tireurs d'élite.

Selon Peter Neumann, il est de plus en plus évident que l'État islamique ambitionne de s'imposer comme un État à part entière. « Il veut être pris au sérieux en tant que nouveau califat, il veut être vu comme un nouvel État organisé qui a un avenir - ce qui le distingue énormément d'Al-Qaïda, une organisation nomade présente sur divers champs de bataille ».

L'EI, lui, veut rester sur le territoire qu'il a conquis, il veut le conserver et potentiellement s'étendre, note l'expert.

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