QUÉBEC - Les rivalités commencent à s'afficher publiquement et les couteaux paraissent déjà bien affûtés, en ce début de course au leadership du Parti québécois (PQ).
Parmi les candidats à la succession de Pauline Marois, tous les regards sont tournés vers le député de Saint-Jérôme, Pierre Karl Péladeau, qui n'est toujours pas officiellement candidat, mais qui constitue déjà une référence incontournable, le rival à vaincre.
Mardi, en marge d'une rencontre du caucus péquiste, la députée de Vachon, Martine Ouellet, une des premières à sa lancer dans la course, a dit qu'elle avait plus d'expérience que Pierre Karl Péladeau pour concilier le développement économique et la protection de l'environnement.
M. Péladeau «a moins d'expérience de ce côté-là. Moi, j'ai une expérience de 18 ans chez Hydro-Québec, 10 ans avec l'industrie lourde du Québec où j'ai vraiment mis en place la conciliation du développement économique et de la protection de l'environnement», a soutenu la seule femme intéressée jusqu'à maintenant à briguer la succession de Pauline Marois.
Elle a insisté sur l'importance «de pouvoir avoir des dialogues avec la population» pour assurer un développement harmonieux de l'économie, dans le respect de l'environnement.
De son côté, le député de Rosemont, Jean-François Lisée, a réaffirmé que le PQ devait se positionner à la gauche de l'échiquier politique. Il s'est posé en promoteur de la gauche «efficace», «progressiste», écologiste, et a dit voir le PQ comme un parti proche des gens et des travailleurs.
Allusion à peine voilée au discours pro-syndical tenu récemment par M. Péladeau, il a dit que le PQ ne pouvait être «le parti de tous», à la fois «de centre-gauche et de centre-droit».
«Il faut avoir une identité», a-t-il plaidé.
«Sans vouloir faire de comparaison (avec M. Péladeau), moi, sur la question politique, je suis de ce que j'appelle la gauche efficace», a ajouté M. Lisée, en disant attendre de connaître les idées défendues par le député de Saint-Jérôme.
Le plus jeune des candidats, le député de Lac Saint-Jean, Alexandre Cloutier, a fait valoir qu'il se distinguait de M. Péladeau par la série de propositions qu'il avait déjà présentées pour moderniser le parti et regagner la faveur populaire. «J'aurai plein de propositions qui vont me distinguer», a-t-il indiqué.
Il a prévenu ses rivaux qu'il n'était pas là «pour faire de la figuration», mais bien pour gagner.
Même si c'est un secret de Polichinelle que M. Péladeau sera candidat, il a continué mardi à maintenir le suspense, disant qu'il poursuivait sa réflexion.
Il semble acquis que le magnat de la presse, actionnaire de contrôle de Québecor, déposera son bulletin de candidature d'ici la fin du mois, devenant le sixième candidat, après Martine Ouellet, Jean-François Lisée, Bernard Drainville, Pierre Céré et Alexandre Cloutier.
Il sera sans aucun doute le plus en vue et le plus controversé des aspirants au poste de chef du PQ.
Il pourrait être aussi le plus combatif: M. Péladeau a dit mardi qu'il n'entendait pas se laisser intimider par la FTQ, qui menace de noyauter le PQ pour faire obstacle à son élection comme chef.
Fin novembre, les vice-présidents de la FTQ vont décider s'ils vont de l'avant ou pas avec ce projet.
Visiblement, celui qu'on surnomme PKP n'apprécie guère avoir la réputation d'un patron de presse impitoyable, antisyndical, responsable d'avoir décrété «14 lock-out» dans ses entreprises.
«On mentionne en permanence les 14 lock-out. Je pense que ça requiert une contextualisation. Il y a eu trois conflits (au Journal de Montréal, au Journal de Québec et chez Vidéotron). Au moment opportun, j'aurai l'occasion de m'exprimer», a-t-il commenté lors d'un bref point de presse avant de participer au caucus péquiste.
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