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Les CPE disent non à la modulation des tarifs

Les CPE disent non à la modulation des tarifs
Marina Raith via Getty Images

Mobilisation, tel est le mot qui résume l'action des Centres à la petite enfance (CPE) du Québec ces jours-ci, en opposition aux changements à la tarification envisagés par le gouvernement Couillard.

En conférence de presse, vendredi, différents acteurs du réseau des CPE ont protesté contre ce que le psychologue Camil Bouchard a qualifié de « déconstruction tranquille de l'environnement de nos tout-petits ».

« Je veux partager l'espoir que le gouvernement va renoncer à tripatouiller un système de services de garde éducatif qui fonctionne déjà très bien pour le transformer en machine à sous. Ça n'a jamais été l'intention au point de départ et ça ne devrait jamais l'être. »

— Camil Bouchard, psychologue communautaire et auteur du rapport « Un Québec fou de ses enfants », publié par le ministère de la Santé et des Services sociaux en 1991

L'Association québécoise des centres à la petite enfance (AQCPE) organise dimanche une manifestation à Montréal de même qu'à Québec, Trois-Rivières, Sherbrooke, Rimouski, Chicoutimi, Gatineau, Sept-Îles et Rouyn-Noranda. Une pétition est aussi en circulation pour la « sauvegarde de la politique familiale du Québec ».

Les membres de l'AQCPE s'effraient à la perspective que le gouvernement libéral aille de l'avant avec un scénario qui abolirait le tarif unique actuellement en vigueur et par lequel les parents utilisateurs des CPE paient 7,30 $ par jour.

La modulation des tarifs de garderie dans les centres de la petite enfance (CPE), en fonction du revenu des parents, est à l'étude par le gouvernement de Philippe Couillard.

« On veut que le régime soit préservé, on veut qu'il soit équitable et qu'il reflète la structure de revenus du Québec »

— Philippe Couillard à l'Assemblée nationale le 5 novembre 2014

Ce scénario, dénoncé par l'Association québécoise des centres de la petite enfance, est qualifié de « pure spéculation » par la ministre de la Famille, Francine Charbonneau. Spéculation ou pas, le milieu des CPE s'est mis en état d'alerte : « Ce qui s'en vient risque de faire très mal à un réseau extraordinaire pour le développement des enfants », dénonce Louis Sénecal, PDG de l'AQCPE.

Ébranler les piliers du temple

M. Sénecal affirme que ce sont les fondements mêmes du réseau qui sont mis en cause par la stratégie que semble vouloir adopter le gouvernement de la province : l'universalité, l'accessibilité, la qualité, et le développement.

Outre les rumeurs qui circulent au sujet de la tarification, Louis Sénecal rappelle que des décisions prises récemment ont confirmé à l'AQCPE que le gouvernement s'apprêtait à « ébranler les piliers du temple », comme l'avait reconnu elle-même la ministre de la Famille, Francine Charbonneau, lors d'une rencontre avec l'AQCPE.

« Le parti libéral a pris la décision de reporter en 2021 des projets qui avaient déjà été annoncés et par lesquels les parents avaient l'espoir d'avoir une place [en CPE], explique Louis Sénecal qui rappelle par ailleurs que, dans le premier budget du parti libéral, il y avait eu des compressions de 70 millions de dollars dans le budget des services de garde.

Depuis dix ans, les coupes dans le financement des services de garde ont totalisé un quart de milliard de dollars, évalue l'AQCPE.

« On dit aux femmes qui sont enceintes : on ne le sait pas ce qui va arriver, tout est sur la table. Mais continuez à faire des enfants il n'y a pas de problèmes! »

— Louis Sénecal, PDG de l'AQCPE

La classe moyenne va payer

Pour la députée de Gouin de Québec Solidaire, Françoise David, la modulation des tarifs vers laquelle lorgne le gouvernement Couillard sera défavorable à la classe moyenne, à moyen terme.

« Quand on commence à moduler des tarifs, on regarde les montants et on se dit ¨bon, en bas de 75 000$ [ de revenu], il n'y aura pas une trop grosse augmentation¨, explique en substance Mme David. Or, ça ne restera pas longtemps à 75 000$. Progressivement, ce seront encore les familles de la classe moyenne qui finiront par payer plus, proportionnellement à leur revenu », prévient-elle.

Pour sa part, André Marcotte président du Regroupement des CPE de l'Île de Montréal (RCPEIM) met en lumière le fait qu'à Montréal, 30 % des enfants de 0 à 5 ans vivent dans des familles à faible revenu. « Voilà pourquoi je dénonce vivement les compressions dans les subventions en milieu défavorisé », dit-il.

Une vraie économie?

Selon M. Marcotte, à Montréal, les garderies commerciales prolifèrent dans les petits centres commerciaux pendant que le développement des CPE est retardé de quelques années, dans certains cas. Or, fait-il valoir, les places en garderie privées, qui coûtent 45$ par jour aux parents, coûtent aussi une fortune à l'État en déductions d'impôt consenties aux utilisateurs. « Il est donc faux de prétendre que de stopper le développement des CPE représente une vraie économie », affirme André Marcotte.

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