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Sous Paris: du gaz naturel, une réserve d'eau et d'anciens volcans fossilisés sont tapis dans le sous-sol du Bassin parisien

Sous Paris: du gaz naturel, une réserve d'eau et d'anciens volcans fossilisés sont tapis dans le sous-sol du Bassin parisien
www.saint-tropez-photo.com via Getty Images

Le Bassin parisien, le plus grand bassin sédimentaire français, qui s'étend des Vosges à la Normandie, s'est offert une nouvelle coupe géologique, révélant des réserves potentielles importantes en gaz naturel et en eau, mais aussi de très anciens volcans. Elle a été présentée ce mercredi 5 novembre par l’Association des géologues du bassin de Paris (AGBP).

Le Bassin parisien, tel que défini en géologie, s'étire à l'ouest et à l'est de Paris, traversant la Normandie, l'Ile-de-France, la Champagne et la Lorraine, jusqu'aux Vosges. "C'est une sorte de cuvette dans laquelle se sont déposés des sédiments depuis 250 millions d'années", a expliqué à l'AFP Didier Bonijoly, président de l'AGBP.

Cette nouvelle coupe géologique du Bassin parisien tient compte des dernières découvertes réalisées grâce aux techniques modernes d'imagerie, comme la sismique par réflexion, sorte d'échographie du sous-sol. La dernière coupe, publiée en 1980, remontait à plus de 30 ans.

La représentation classique de la coupe géologique du Bassin parisien "en pile d'assiettes emboîtées, telle qu'elle était présentée à des générations d'écoliers et d'étudiants en Sciences naturelles, n'est pas remise en cause", souligne l'AGBP. Mais la précision de la nouvelle coupe est "assez stupéfiante", relève Didier Bonijoly.

Est ainsi représenté dans la partie Est "un gigantesque bassin d'âge carbonifère" (entre 295 et 215 millions d'années), de plus de 5.000 mètres d'épaisseur.

Ce bassin n'est certes pas une surprise, puisqu'il a donné lieu à l'exploitation de charbon en Lorraine à la fin du XIXe siècle et au début du siècle dernier.

Anciens volcans fossilisés

"On connaissait le bassin houiller aux affleurements, là où il a été exploité, jusqu'à 1.000 m de profondeur, mais on ne savait pas trop comment il se prolongeait sous le Bassin parisien, plus en profondeur", explique Didier Bonijoly.

Les géologues estiment qu'il pourrait contenir d'importantes réserves en gaz de houille. "Le potentiel est en Lorraine", précise Didier Bonijoly. En revanche, plus à l'ouest, "dans les zones du Barrois, du Toulois, et jusqu'à la Champagne humide, ce sera probablement beaucoup trop profond pour être exploitable", estime-t-il.

Sous le plateau lorrain également, la coupe fait apparaître de très anciens volcans fossilisés, âgés de 250 millions d'années. Les masses de lave découvertes grâce à la sismique par réflexion sont telles que les géologues pensent que ces volcans étaient aussi importants que les volcans d'Auvergne que l'on connaît aujourd'hui.

Énorme réserve d'eau potable

Bonne nouvelle pour les générations futures, le Bassin parisien recèle par ailleurs dans son cœur un potentielle réserve stratégique d'eau potable "de très bonne qualité".

"S'il y avait un gros problème d'alimentation en eau pour la ville de Paris, par exemple une grosse pollution sur les eaux de la Seine, on aurait cette énorme réserve d'eau potable", indique Didier Bonijoly. "Sous Paris, elle est à 500 mètres. C'est facilement accessible et ça présente le gros intérêt d'être une ressource protégée", poursuit-il.

Dans l'est de la France, les entrailles du sous-sol pourraient aussi se révéler intéressantes pour l'énergie géothermique, à la condition cependant d'avoir "une demande locale forte", relève le géologue.

Le potentiel géothermique est un des arguments invoqués par les opposants au projet de stockage géologique des déchets radioactifs (Cigéo) de Bure, à la limite de la Meuse et de la Haute-Marne.

"Effectivement, on pourrait trouver des ressources géothermiques. Seraient-elles exploitables? Probablement. Mais est-ce qu'il y aura un besoin? On peut en douter", résume Didier Bonijoly.

Le géologue souligne que le Bassin parisien est étudié depuis le XIXe siècle. "C'est passionnant de voir comment en deux siècles, on a eu une vision incroyablement plus précise", souligne-t-il. "L'explosion de l'informatique, des capacités de calcul, a complètement révolutionné la vision qu'on a du sous-sol".

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