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Les États-Unis après les élections de mi-mandat : l'heure des postures politiques avant 2016

Les États-Unis après les élections de mi-mandat : l'heure des postures politiques avant 2016
Reuters

Il serait bon de penser qu’après des années marquées par une amertume profonde, ainsi que par la division et la paralysie, le gouvernement américain finirait par s’unir, ne serait-ce que par épuisement.

Il serait bon de penser qu’un Barack Obama humilié et ses adversaires Républicains ragaillardis joindraient leurs efforts pour régler nos problèmes publics les plus évidents: politique d’immigration, dette, politique étrangère, éducation, infrastructures.

Il serait bon d’y penser, mais on aurait tort.

Le programme pour les deux prochaines années prévoit peu de progrès substantiels, mais un véritable positionnement politique en vue, oui, des prochaines élections.

Si les États-Unis étaient une démocratie parlementaire, les élections de mardi auraient dû provoquer la chute du gouvernement. Mais en Amérique, avec sa mécanique newtonienne consistant en une autorité dispersée, vainqueurs et perdants sont censés travailler de concert et avec sincérité sur un agenda gouvernemental.

C’est rarement le cas.

En vertu de la tradition, le président et le nouveau leader de l’opposition, le sénateur du Kentucky Mitch McConnell, ont prôné une ouverture d’esprit et de cœur ainsi que la volonté de coopérer.

Et en réalité, de nouvelles lois portant sur le commerce international, l’énergie, la taxation d’entreprises, entre autres domaines, pourraient voir le jour. Les Républicains et Barack Obama pourraient être en mesure de mettre sur pied une alliance majoritairement républicaine constituée de membres du Congrès défendant la liberté d’entreprise.

Mais sur les sujets émotionnels d’importance -sécurité sociale, politique d’immigration, la "guerre contre le terrorisme" qui semble ne devoir jamais prendre fin, et même l’éducation- le monde ne devrait pas en attendre trop. Le fossé culturel est trop profond.

Barack Obama a sans aucun doute été refroidi, voire humilié, lors de ces élections de mi-mandat. Cela s’explique en partie par les flux et reflux de la politique américaine. Le parti du président perd presque toujours des sièges à la sixième année d’une gouvernance de huit ans.

Mais ce fut quand même une raclée sur tous les fronts.

Le Parti démocrate (libéral) de Barack Obama a perdu le contrôle du Sénat à la faveur des Républicains (conservateurs) pour la première fois en presque une décennie. Les Républicains ont renforcé leur main-mise déjà certaine sur la Chambre des représentants. Ils ont remporté la gouvernance de plusieurs États-clés, dont l’Illinois de Barack Obama. Et ils ont remporté plus de législatures d’État qui, entre autres, définissent les lignes directrices pour les élections parlementaires locales.

Certains facteurs vont bien dans le sens d’un effort de coopération.

Principal facteur: le dégoût collectif des Américains face au fonctionnement des élections et le non-fonctionnement en vigueur à Washington. Les électeurs sont trop intelligents pour accepter la manière étrange dont nous gérons les élections, et ils abhorrent le système bâclé et cynique avec lequel ils vivent.

Après tout, les Américains viennent de connaître une saison électorale pour laquelle 4 milliards de dollars -oui, 4 milliards- ont été dépensés en publicités télé, dans lesquelles les Républicains n’ont eu de cesse de traiter Barack Obama de mauviette et de socialiste (étrange combinaison) et les Démocrates ont dépeint les Républicains en prédateurs misogynes prêts à arracher les tubes intraveineux des bras de Grand-mère.

Les Républicains ont prospéré dans les années Obama en tentant de bloquer toute initiative qu’il pouvait proposer, puis en lui faisant porter la responsabilité du blocage politique. Voilà qui participe du mythe américain d’un président aux pouvoirs restreints par l’opinion mondiale, et qui a eu pour effet de donner à Barack Obama l’image d’un faible.

Mais ils ont aujourd’hui tout intérêt à montrer qu’ils peuvent se comporter en adultes, alors qu’ils préparent le terrain pour leur candidat aux élections présidentielles de 2016, quel qu’il soit. Les campagnes présidentielles à succès ne se gagnent par sur la colère, mais sur des idées d’espoir.

Mitch McConnell, qui sera bientôt le leader républicain au Sénat à l’âge de 72 ans, doit vouloir laisser un héritage porté sur l’action constructive.

Il y a donc des raisons de penser que des efforts seront entrepris. Mais il y a un revers de bâton.

Si les Républicains sont arrivés là où ils sont lors des dernières années, c’est en s’opposant systématiquement au président. Pourquoi arrêteraient-ils maintenant?

Le noyau activiste de leur parti garde un antagonisme véhément contre Obama, et les leaders républicains l’ignorent à leur propre péril. Le président lui-même n’est pas le genre de politicien à apprécier le sale échange de faveurs qui est au cœur de la politique. Sa démarche étant basée sur l’intellect, il n’apprécie pas le jeu pour le jeu.

La politique américaine telle qu’on la voit aujourd’hui est motivée par l’argent et basée sur les profits de la discorde. Les conseillers de campagne gagnent des millions; les chaînes TV gagnent des centaines de millions; les milliardaires peuvent utiliser de leur influence à loisir comme des oligarches russes. Les partis jouent sur leurs propres extrêmes pour alimenter l’émotion et engranger les contributions.

C’est comme si les sièges à la Chambre des communes étaient retournés. Au lieu de se trouver face à face, les partis regardent vers l’extérieur en direction de leurs supporteurs les inconditionnels en-dehors de l’édifice.

Il serait bon de croire que tout ça va changer, mais ce ne sera pas le cas.

Cet article a été initialement publié sur Le Huffington Post États-Unis a été traduit de l'anglais.

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